Toi chez moi et vice versa


Toi chez moi et vice versa
2023
Aline Brosh McKenna

Après avoir scénarisé moult comédies romantiques plus ou moins populaires, allant de 27 robes à Le Diable s’habille en Prada, et réalisé quelques épisodes de série par ci par là, voici une première réalisation pour Netflix, avec deux acteurs très bankables dans les 10-15 premières années du troisième millénaire, mais qui n’existent désormais que sur petit écran depuis près de dix ans. Autant dire que le projet ne sentait pas spécialement l’ambition.

On suivra deux personnes, Debbie (Reese Witherspoon) et Peter (Ashton Kutcher), qui ont eu un coup d’un soir il y a 20 ans, mais qui sont restés amis depuis, et même meilleurs amis malgré la distance. Elle a fait sa vie à Los Angeles où elle élève seule son fils de 13 ans, tandis que lui travaille dans le marketing à New-York à l’autre bout du pays. Des vies très loin de leurs aspirations de jeunesse, et pour quelques jours ils vont échanger de place, Debbie devant faire un stage pour obtenir un diplôme à NY alors que lui va se porter volontaire pour garder le fils de cette dernière.

Des gens qui échangent de maisons, c’était le pitch de base de The Holiday, sauf que cette fois pas de plongée dans l’inconnu puisqu’ils sont amis. Rien de très original donc, de même pour le playboy s’occupant d’un garçon, c’était déjà l’histoire de Pour un garçon. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le déroulé fait tout sauf naturel : la lesbienne à LA n’a aucun background, c’est un pur réceptacle à exposition, ne servant qu’à ce que les autres lui expliquent leurs vies. Même constat pour la Minka de NY, arrivant comme par hasard pour là encore servir de confidente providentielle. La romance est expédiée en 15 minutes à la fin, sans autre évolution que bon bah voilà. Un niveau d’écriture abyssal, légèrement sauvé par des acteurs charismatiques et une production correcte, mais ça reste léger. Pas grand chose à sauver.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

The Gray Man


The Gray Man
2022
Joe Russo, Anthony Russo

Après avoir mené le genre super-héroïque à son apogée, les frères Russo ont porté une adaptation de la saga éponyme pour Netflix. Un projet archi ambitieux puisqu’il semblerait que le budget alloué fut démentiel : 200 M$, un score digne des James Bond, ce qui est logique puisque le film est dans le même genre, à savoir du thriller / action d’espionnage où le voyage est de mise.

Le film est centré sur Sierra Six (Ryan Gosling), un mercenaire de la CIA chargé de faire dans l’ombre le sale boulot, en échange de quoi il peut jouir d’une certaine forme de liberté, lui qui devait croupir en prison à la base. Son monde va s’effondrer quand il va avoir pour mission de tuer une nouvelle cible, qui va s’avérer être Sierra Quatre, qui lui confiera des informations sensibles sur Carmichael (René-Jean Page) et son assistante (Jessica Henwick), deux agents corrompus. Pour couvrir leurs arrières, ils vont lancer à la poursuite de Sierra Six, Lloyd (Chris Evans), un psychopathe qui va enlever la fille de Fitroy (Billy Bob Thornton) pour faire pression sur Six puisqu’étant la personne dont il est le plus proche.

Agents corrompus et mercenaire légendaire avec une prime sur la tête : le scénario est archi convenu et est pour ainsi le même que la plupart des derniers John Wick, donc pas foufou. C’est surtout un prétexte pour nous faire voyager un peu partout, à la recherche d’une personne ou d’une autre, et le résultat est chancelant, allant de l’ennuyeux au très bon. Le démarrage est assez poussif, avec quelques temps morts et le passif des personnages est au mieux bidon (surtout le coup du père violent, faiblard), malgré quelques passages corrects comme l’avion. Il faudra attendre Prague pour que le film décolle, dévoilant de bonnes idées de mise en scène, un dynamise efficace et une générosité décomplexée dans la violence et l’action. La seconde moitié se révélera très divertissante avec des décors magnifiques comme le château en Croatie. Le casting prestigieux, incluant également Ana de Armas, est aguicheur, mais pas toujours optimal, Chris Evans peinant à convaincre en méchant. En résulte un film généreux mais pas toujours bien rythmé, et souffrant surtout d’une écriture au mieux paresseuse. Une suite avait été annoncée, et peut-être qu’à l’image de Tyler Rake le potentiel va exploser. A voir.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

The Call


The Call
2020
Chung-Hyun Lee

Imaginez, un téléphone hanté par le passé, où l’objet lui-même est un pont temporel au delà du temps ? C’est le concept fou du film, où une jeune femme, Seo-Yeon (Shin-Hye Park), va recevoir un étrange appel d’une autre jeune femme (Jeon Jong-seo), qui se trouve habiter dans l’exacte même maison, mais à 20 ans d’écart. Après l’incrédulité, elles vont devoir à force admettre l’impensable et que le téléphone relie bien deux points temporels. La première, hantée par certains traumatismes de son passé, va y voir une chance incroyable de peut-être influer voir corriger le cours du temps, tandis que la seconde, cloitrée chez elle à cause d’une belle-mère abusive, va y voir un potentiel échappatoire.

On se retrouve devant une sorte de L’Effet Papillon, mais où il n’existe qu’un seul lien avec le passé, et qu’il avance irrémédiablement, donc toute modification du cours historique sera définitivement modifiée. Le film installe habilement un ton sombre et horrifique, avant de nous endormir sournoisement pour mieux nous rappeler à l’ordre, avant de recommencer de plus belle de façon encore plus vicieuse. C’est une notion classique du cinéma, habilement détournée pour mieux revenir en pleine face : jouer avec le passé n’est jamais ni anodin ni gratuit. On sent parfois se dessiner la logique choquante et violente du récit, mais le film se garde toujours quelques revers cachés pour mieux nous briser psychologiquement. Car oui, le film n’est pas évident à appréhender et est à fortement déconseiller aux plus sensibles, sa radicalité étant loin des standards occidentaux en matière de cinéma, mais pour peu qu’on sache apprécier cette différence, c’est un véritable choc. Constamment sur le fil, jouant avec les codes du genre, le film est un beau renouveau, tant sur son utilisation du lien temporel que sur les codes horrifiques. Assez brillant en somme.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Enola Holmes 2


Enola Holmes 2
2022
Harry Bradbeer

On ne va pas se mentir, le premier Enola Holmes était tout juste regardable d’un œil distrait, et l’idée d’une suite n’avait clairement pas de quoi emballer. Mais sait-on jamais, l’univers d’enquête de sir Conan Doyle est passionnant, l’actrice principale a fait quelques progrès depuis au niveau acting, et le personnage de Sherlock Holmes était si brillamment interprété par Henry Cavill que sa seule présence constitue un argument solide en soi. Et effectivement, le miracle n’était pas loin (sauf que… ).

Pour sa seconde enquête, Enola Holmes (Millie Bobby Brown) va partir à la recherche d’une certaine Sarah, fille travaillant dans une usine d’allumettes, et qui est portée disparue depuis quelques jours, source d’une immense inquiétude pour sa jeune sœur. Entre complot politique, romantique ou économique, Enola devra retrouver sa trace et comprendre pourquoi elle a disparu, volontairement ou non.

En voilà un film qui fait souffler le chaud et le froid, surtout le froid. Le début confirme les craintes sur le ton : on est bien sur de la suite pure et dure, avec toujours ce style enfantin et maladroit qui aime jouer avec le quatrième mur, mais juste comme une gimmick, sans que cela ne soit justifié par quoi que ce soit. Mais d’un autre côté, l’enquête a l’air plus poussée, le discours féministe est moins frontal et stupide, acceptant plus l’aide d’hommes quand ils sont compétents, en se rappelant que l’amour est la source même de la vie, et est donc un facteur primordial. Mieux, le déroulé a quelques fulgurances, montrant une construction assez intelligente par moments, et Sherlock est beaucoup plus présent, rivalisant avec le niveau de classe et de mentalisme de l’ultime diptyque Sherlock Holmes. Donc après un démarrage poussif et en gardant quelques réserves (notamment Helena Bonham Carter et David Thewlis qui en font des caisses), le potentiel est là, on se surprend à passer un bon moment, se grisant des références à Moriarty et rêvant d’un film centré sur le personnage d’Henry Cavill. Puis c’est le drame, coup sur coup. La révélation de qui est Moriarty, historiquement un homme britannique professeur dans une université de Londres, donc vu l’époque il va s’en dire forcément un homme blanc, nous tombe dessus comme un immense coup de hache en pleine tête. Et si cela ne suffisait pas, le tout dernier clou dans le cercueil de cet univers nous ait porté par la dernière scène, dévoilant le fameux iconique collègue de Sherlock : Watson. Comme pour Moriarty, il faut le voir pour le croire, sachant que le film est bien censé se dérouler dans le Londres de la fin XIXème début XXème siècle. Je ne pensais pas y croire, puis j’y ai pas mal cru, avant d’avoir juste envie de mourir et que le carnage s’arrête. L’exemple parfait des ravages du wokisme, le vrai. Paraît-il qu’un troisième opus est prévu pour 2025. Vu le tournant final, pitié non…

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

The Witcher


The Witcher
2019-2023
Lauren Schmidt Hissrich

Grande saga littéraire polonaise de Andrzej Sapkowski, l’histoire du Sorceleur a surtout explosé auprès du grand public à travers les jeux-vidéo, et tout particulièrement le troisième opus, The Witcher 3 : Wild Hunt, puisque sur les 75 millions de jeux vendus, 50 proviennent uniquement du troisième volet (ce qui le place huitième du top 10 des jeux les plus vendus de l’histoire). Un jeu que je n’ai malheureusement jamais fini, ayant voulu avancer trop vite dans l’histoire en négligeant potions et équipement, au point de me retrouver bloqué devant un boss infaisable, même en mode facile (oui, mes compétences en la matière sont globalement risibles). Mais un jour qui sait.

C’est donc tout naturellement qu’un projet d’adaptation fut étudié, et c’est Netflix qui a acheté les droits pour une série, qui a assurément frappé fort, la première saison était tout simplement le programme le plus vu de la plateforme juste derrière Stranger Things en 2019. Et malgré un budget modeste de tout juste 92 M$, le résultat est incroyable : des décors réels, le moins d’effets spéciaux possible, et beaucoup d’animatroniques avec des design aussi inspirés qu’un Labyrinthe de Pan, c’est dire !

On y suit en parallèle trois histoires, de la plus ancienne à la plus récente chronologiquement : celle de Yennefer (Anya Chalotra), une handicapée traitée par ses parents comme du bétail et qui sera vendue à Tissaia (MyAnna Buring), une formatrice en magie voyant en elle le potentiel des plus puissantes sorcières ; on suivra également le fameux Witcher / Sorceleur, Geralt de Riv (Henry Cavill), sorte de guerrier ultime formé à la fois aux arts magiques et au maniement des armes, ayant juré neutralité dans les différents conflits politique, dont la fonction et de venir en aide à qui en a les moyens pour différents problèmes, souvent des monstres à terrasser ; et enfin Ciri (Freya Allan), princesse d’un royaume qui subira l’attaque d’un autre royaume, et qui devra lutter pour sa survie.

La première saison est une masterclasse du genre, posant les bases d’un univers d’héroïque fantaisie d’une richesse folle, avec une identité tranchée et que j’ai trouvé personnellement juste incroyable. Dès l’introduction on voit une réalisation sous transe avec des combats à l’épée à la chorégraphie épique et d’une violence inouï, et un point frappera d’emblée et restera indiscutable tout du long : Henry Cavill est absolument parfait. Il ne colle pas vraiment au personnage du jeu, mais ce qu’il propose est plus viscéral et intéressant, montrant réellement une autre forme de monstruosité, s’éveillant à cette chose contre nature qu’on appelle « sentiments ». C’est prodigieux. Chaque pendant des intrigues est passionnant, que ce soit les missions du Witcher, l’entraînement de Yennefer ou l’effondrement de la vie de Ciri, avec une triple narration d’une rare intelligence qu’on ne comprendra qu’aux deux tiers du récit. Brillant. On notera aussi l’impayable Jaskier (Joey Batey), aussi amusant qu’attachant, et marquant les esprits avec le fameux « Toss a coin to your Witcher ». Style personnifié et réussi, musique incroyable, acteurs parfaits, narration exigeante et brillante, combats épiques et montée en puissance grisante avec un final en apothéose : une première saison à faire saliver d’un niveau de perfection ahurissant.

Saison 1 :


Immense carton que la première saison, donnant confiance à Netflix pour la suite, et donc pratiquement doubler le budget alloué, le passant à 176 M$ pour la seconde salve. En résulte une suite plus grande, plus riche, plus épique, plus généreuse. On continue cette fois encore les conflits politiques et autres jeux de pouvoir en toile de fond, avec comme objectifs principaux pour les personnages clés de retrouver son chaos pour Yennefer, très affaiblie suite à la bataille finale de la première saison, et de former Ciri à devenir une Witcher pour Geralt. Une seconde saison qui décuple le grandiose, donnant plus de place aux créatures et à la magie, augmentant les différents enjeux en teasant déjà l’ultime menace de cet univers : la horde sauvage (the wild hunt). Dès le premier épisode on rentre à fond dedans, avec un quasi huis clos dans un immense manoir abandonné, montrant ce qui est le cœur même de cet univers : une simple balade à priori anodine, quelqu’un qui nous raconte son histoire, et ça finie en légende locale avec une malédiction et une créature à l’imaginaire fou, ou quand le quotidien peut basculer dans une forme de monstruosité ultra violente. C’est encore une fois d’une grande maîtrise, grisant à suivre, mais malheureusement les gens sont cons : beaucoup se sont plaints de la première saison avec sa triple narration à trois timeline différentes évoluant à trois vitesses sensiblement différentes. Bou réfléchir c’est pas agréable… Résultat, la narration est ici plate et rectiligne, enlevant cette originalité folle qui rendant jubilatoire la pleine compréhension des événements. Donc même si pour tout le reste la seconde saison fait à peu près tout mieux, la claque est moins marquante, mais on reste sur un niveau remarquable.

Saison 2 :

Avant de parler à proprement parler de la saison 3, parlons de ce désastre de communication m’ayant fait attendre presque un an avant d’enfin me décider à continuer cette série pourtant portée aux nus. Véritable centre névralgique de la série, Henry Cavill est pour beaucoup dans le succès de cette dernière, car outre le fait d’incarner le personnage principal, il a surtout offert une prestation singulière qui a mis tout le monde d’accord, même ceux qui n’ont pas aimé la série dans son ensemble. Or en octobre 2022, soit dix mois avant la diffusion de la première partie de la troisième saison (on y reviendra d’ailleurs) et seulement quelques jours après la fin du tournage, Henry Cavill a annoncé abandonner son rôle iconique, expliquant ne plus supporter les divergences entre la série et les livres / jeux (que beaucoup ont décrié d’ailleurs). Comme presque en même temps il annonçait aussi reprendre son rôle de Superman (mais ça ne se fera à priori jamais), on pensait à une incompatibilité d’emploi du temps, mais comme son remplacement semble aujourd’hui définitif (le tournage de la saison 4 n’a toujours pas débuté, mais les espoirs sont inexistants), il semble que la divergence créative soit réelle. Toujours est-il que quand l’argument principal et atout majeur d’une série se barre, l’attrait d’une série écrite dès les prémices pour durer six saisons n’est plus le même. Alors à quoi bon continuer ? Beaucoup se sont dit pareil d’ailleurs, on parle d’une chute de plus de 30% des audiences quand la saison 2 avait boosté drastiquement celles déjà colossales de la première saison, et égalant sur le long terme, tandis que le lancement en demi-teinte de la troisième s’est effondré avec moins de la moitié des audiences au final.

Il faut dire aussi que la troisième saison s’embourbe dans un conflit politique pas vraiment passionnant et qui n’avance pas, comme tout le reste. Découpée en deux, la première partie comprend cinq épisodes, continuant l’entrainement de Ciri, plus axé sur la magie cette fois, avec d’un côté le Nord subissant les manigances de la Confrérie, scindée entre ceux cherchant le pouvoir, ceux qui valent s’unir, et ceux qui voient la menace de Nilfgaard comme inéluctable, préférant basculer directement chez l’ennemi. Rien n’avance, surtout pas l’histoire des elfes, et le cinquième épisode est un calvaire. On y suit une fête assez banale sans grands enjeux, mais la série en fait des caisses et se croit maligne en revenant constamment sur chaque bout de chaque conversation, d’abord montrée tronquée, avant de peu à peu tout révéler. C’est laborieux, souvent insipide, et il est épuisant de se taper quatre / cinq fois les mêmes dialogues pour enfin avoir un début de piste sur les conflits à venir, sauf que tout est archi prévisible voir déjà révélé dans les précédents épisodes, et même amorcé dans la précédente saison.

Savoir que le changement d’acteur me fera probablement arrêter en fin de saison impacte quelque peu l’appréciation d’une histoire qui restera inachevée, mais même en prenant ça en compte, le démarrage est archi poussif, et les deux derniers épisodes sont pires encore. Marquer une pause en fin d’épisode 6 aurait eu plus de sens, l’histoire prenant un plus grand tournant à ce moment là, bien qu’on puisse déplorer des morts expéditives pour de nombreux personnages clés qui auraient mérité une fin plus épique. La césure ressemble d’ailleurs à une tentative commerciale surfant sur le succès de la quatrième saison de Stranger Things, sans comprendre que ce n’est pas la césure qui a marché (au contraire, j’ai pour ma part attendu la seconde partie avant de commencer la première), mais le fait que la série est géniale et que sa saison 4 était un renouveau salvateur. Au final aucun arc narratif ne trouve de conclusion, tout est en suspend, avec comme seul pseudo enjeu de retrouver Ciri, alors même que tout le monde est constamment séparé et que des retrouvailles ont littéralement lieu tous les deux épisodes. On a toujours le Nord, pas unifié, la menace Nilfgaard, qui n’a pas bougé, et le teasing encore plus léger sur la horde sauvage qui a presque tendance à s’éloigner. Tout ce qui reste, hormis les personnages, est la qualité de la musique, et surtout les combats, toujours aussi sanglants avec un sens de la mise en scène spectaculaire où les superbes chorégraphies sont parfaitement accompagnées par une caméra qui danse sur le rythme des coups. Le savoir faire est là, sauf dans le cinquième épisode, mais l’histoire patine, tout semble s’embourber, se perdre. La chute est rude, et l’espoir n’est pas de mise vu la tronche du remplaçant, bien plus jeune d’ailleurs, alors l’inverse aurait pu se justifier en cas d’ellipse temporelle, mais le reste du casting ne changeant pas, la transition ne peut qu’être catastrophique. Je jetterais probablement un coup d’œil fin 2025 ou 2026 sur la prochaine saison, déjà résigné à ranger la série aux côtés de Elite dans le genre des bijoux d’efficacité qui s’est totalement perdu en cours de route…

Saison 3 :

Publié dans Critiques, Série | Laisser un commentaire

M3GAN


M3GAN
2022
Gerard Johnstone

Enième gigantesque succes story du cinéma horrifique rapportant presque vingt fois son budget avec quasiment 200 M$ dans le monde, le film fut assez décrié à sa sortie, de quoi laisser présager une campagne marketing plus efficace que le film en lui-même, et donc me refroidir personnellement. Mais le voici fraîchement débarqué sur Netflix, immédiatement propulsé top 1, de quoi se laisser tenter, et tant mieux.

Sujet de réflexion majeur depuis que Asimov a inventé la notion même de robot, avec l’IA qui va avec, le film propose une approche assez nouvelle sur ce thème : le prisme du jouet. Travaillant dans une société de jouets robotiques pour divertir les petits, Gemma (Allison Williams) va vouloir aller plus loin, proposant carrément une amie robotique pleinement autonome, une vraie IA évolutive. Ne sachant comment s’occuper de sa nièce orpheline dont elle a obtenu la garde, elle va tester M3GAN – son prototype – sur elle.

Difficile de tomber de sa chaise quand on mélange genre horrifique et IA évolutive. N’importe qui ayant un minimum de bases en science-fiction sait qu’inéluctablement, la machine trouvera un moyen de dépasser ses prérogatives, ou encore que pour protéger l’humain, il faut avant tout le protéger de lui-même en lui enlevant son libre-arbitre. Un vrai banger sur le papier, et indéniablement oui, le film a eu le nez creux : ça marche fort. On sait que ça va déraper, reste à savoir quand, comment, et dans quelles propensions. Que ce soit dans la mise en scène, l’évolution ou l’écriture des personnages, le film est une vraie réussite, la poupée robotique est à la fois mignonne, réaliste, mais aussi parfois flippante, et toujours dans cette vallée de l’étrange qui nous rappelle sans cesse que quand le fond est troublant, la forme n’est clairement pas humaine. Une narration assez prévisible, quelques effets faciles comme les jump scare, mais l’histoire est prenante, le rythme soutenu et l’efficacité optimale. Une belle surprise, et j’aurais presque hâte de découvrir la suite en 2025.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Tout sauf toi


Tout sauf toi
2024
Will Gluck

Depuis le Covid, et même plus généralement depuis pratiquement une quinzaine d’années, le genre de la comédie romantique n’attire plus vraiment les foules. Pour preuve, seuls deux représentants du genre ont dépassé la barre des 100 M$ dans le monde depuis cinq ans : Ticket to Paradise, et ce film dont il est question. Timide sortie à Noël dernier aux Etats-Unis, le film y a connu un maintient exceptionnel, multipliant son score de premier weekend par 15 (quand la moyenne tourne entre 2.5 et 3, et même plus de 4-5 en période de fête reste énorme) ! Dans le reste du monde ? Rebelote, notamment en France où il a multiplié son score de première semaine par plus de 6, avec là une moyenne tournant à 2-2,5, pour un total mondial de près de 220 M$. Le renouveau du genre ? Du tout…

Quiproquo, coïncidences et gros forçage. Rencontrés par hasard, Ben (Glen Powell) et Bea (Sydney Sweeney) vont se manger une vilaine combinaison de connerie et mauvais timing. Après une nuit ensemble, Bea va partir sans réfléchir, trop excitée à l’idée de raconter à sa sœur sa nouvelle rencontre prometteuse, et alors qu’elle revenait chez lui, comme par hasard la porte sera ouverte, Ben recevant la visite d’un ami, et elle surprendra une conversation où il parlera en mal de sa nouvelle conquête, désabusé de son réveil solitaire. Seulement voilà il se trouve que la sœur de Bea va se marier avec la meilleure amie (Alexandra Shipp) de Ben, obligeant les deux à se revoir alors qu’ils sont persuadés que l’autre le déteste.

C’est affligeant un scénario pareil. Tout repose sur un quiproquo débile, et derrière ils vont faire semblant de s’apprécier pour le bien du mariage. Et bien évidemment, à force de simuler des sentiments, ils finissent par émerger pour de vrai. Tout est archi prévisible à un point stupide, et les situations « comiques » sont une avalanche de mauvais goût, jouant énormément sur la gêne et l’humiliation publique, deux sentiments que je déteste. Et c’est là aussi très personnel, mais je trouve Glen Powell affolant de nullité : un faux charisme bidon, caricature d’homme parfait mais qui en ressort totalement vide. Le blague sur le cardio aurait pu marcher, mais l’acteur est trop mauvais pour qu’on y croit, et l’écriture de son personnage est littéralement anecdotique : l’histoire de sa mère ne sera jamais développée. Une absence totale de background des personnages qui pèse lourd, rendant l’attachement moindre. Si la star d’Euphoria rayonne, même Dermot Mulroney ne sauvera pas les meubles, l’écriture est juste abyssale. La réalisation est assez propre, les décors jolis, mais Ticket to Paradise faisait bien mieux en la matière, donc même en termes de production les arguments sont maigres. Mieux vaut se tourner vers Netflix décidemment, leurs programmes en la matière sont d’un niveau clairement supérieur, même les moins réussis.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

La Demoiselle et le Dragon


La Demoiselle et le Dragon
2024
Juan Carlos Fresnadillo

Le mois de mars est décidément très chargé pour le géant du streaming Netflix, puisque deux semaines avant la gigantesque claque du Problème à 3 corps, qui se pose déjà là comme l’une des œuvres artistiques les plus abouties de la décennie, sortait un blockbuster particulièrement attendu, mettant en scène la fameuse Eleven de Stranger Things, désormais adulte. Que vaut cette version presque horrifique des contes de fée ?

Princesse d’un royaume à l’agonie où le froid a entraîné une spirale de déforestation dévastatrice, Elodie (Millie Bobby Brown) va recevoir une proposition de mariage tombant à pic, venant justement d’une contrée immensément riche (dirigée par Robin Wright), mais abritant un terrible secret. En effet, depuis des siècles, chaque génération doit sacrifier trois princesses en tribu à un dragon, et Elodie sera justement la prochaine.

Après 40 minutes à faire mumuse avec des décors tantôt convaincants, tantôt FX bien criants, on rentre enfin dans le sujet : le sacrifice, et donc Millie Bobby Brown en mode survie, pourchassée par une dragonne vicieuse qui aime jouer avec ses victimes. Un mix entre la poursuite du Basilic dans La Chambre des secrets et du pur horreur / survie à la The Descent. Avis aux claustrophobes cauchemardant de la spéléo, quelques passages seront rudes. Le rythme n’est pas toujours maîtrisé, l’héroïne galérant longuement, alternant entre sursauts de génie et erreurs stupides, et il faudra attendre la quasi toute fin pour qu’elle passe brutalement en mode guerrière, un peu trop sur-sexualisée d’ailleurs, finissant avec très peu de vêtements. Tout ça crée au passage une histoire un peu superficielle, basée sur l’absence de dialogue. Le côté fantastique n’est que peu exploité, mais le peu l’est très bien, que ce soit les chenilles ou surtout le dragon, assez bluffant visuellement. Comme quoi, les artistes VFX de chez Netflix font un travail bien meilleur que les derniers films de super-héros avec le quart du budget. En vrai le concept est plutôt bien tenu, difficile d’en espérer plus, donc autant savourer simplement un divertissement honnête, il serait éreintant d’être confronté à une révolution artistique chaque jour.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Le Problème à 3 corps


Le Problème à 3 corps
2024
David Benioff, D.B. Weiss, Alexander Woo

 

Critique garantie sans spoilers

Si pendant les 6-7 premières saisons de Game of Thrones le duo Weiss / Benioff était porté aux nus, l’amertume d’une ultime saison décevante, trop brusque, incohérente ou incomplète, a rendu le duo détestable pour beaucoup. Mais depuis de l’eau a coulé sous les ponts, et difficile de produire la même qualité sans la puissance de l’œuvre littéraire derrière, qu’ils avaient dépassé depuis deux saisons avant la fin. Cette fois le projet avait de quoi rassurer puisque le duo s’attaque à une trilogie de romans du légendaire Liu Cixin, reconnu comme le plus grand auteur chinois de science-fiction, donc une œuvre déjà finie. Une saga très populaire, avec un plan pour adapter l’ensemble sur trois ou quatre saisons, de quoi être à peu près sûr d’aller au bout, d’implanter plus encore Netflix en Chine, mais surtout proposer une série à l’ambition ahurissante.

Adapté principalement du premier tome, Le Problème à 3 corps, avec quelques éléments de La Forêt sombre et de La Mort immortelle (les tomes 2 et 3), la série va plonger le monde face à une menace au delà de sa compréhension. Partout dans le monde, des scientifiques se suicident par dizaines, les laboratoires et les machines semblent tomber en panne en boucle, plus rien de ce qui sort d’un calculateur n’a de sens. On y suivra d’un côté Da Shi (Benedict Wong) et Wade (Liam Cunningham), menant l’enquête pour savoir pourquoi le monde part en vrille, et de l’autre un groupe de scientifiques (Jin (Jess Hong), Auggie (Eiza Gonzalez), Saul (Jovan Adepo), Jack (John Bradley) et Will (Alex Sharp)) témoins de phénomènes des plus étranges.

Deux choses à dire avant tout : ne vous renseignez à aucun moment sur l’histoire, et foncez. Si la série dévoile ses cartes assez vite, l’essentiel est révélé dès les quatre premiers épisodes sur les huit qui composent cette première saison, les trois premiers épisodes sont une masterclass de mystère et mise en place. Que ce soit Westworld ou la première saison de The Witcher, j’adore être perdu dans la narration, ne sachant ni quand quoi se déroule, ni si l’histoire est linéaire. Il faut donc accepter de plonger dans l’inconnu, faire confiance et se gaver de cette aura mystérieuse. Et on peut dire qu’on a rarement vu une telle maîtrise dans le genre, à l’unique exception des deux modèles du genre évoqué plus haut. Entre phénomènes surnaturels, inexplicables aux premiers abords, du mind fuck absolu défiant les lois de la physique, la remise en question de la réalité elle-même : c’est juste prodigieux. C’est bien simple, que ce soit au niveau de l’ambiance, la mise en scène, absolument tout est d’un niveau de perfection choquant, une claque titanesque sur les trois premiers épisodes, passant d’une théorie à une autre avec coup sur coup une fin qui vous tétanise, que ce soit par l’ampleur du mystère, des révélations ou des possibilités.

Largement mis en avant dans la campagne promotionnelle et faisant parti des points de départ de l’histoire, un des artifices de la série en symbolise toute la réussite : le fameux casque d’immersion. Je n’en dirais absolument rien, d’autant que tous les mystères l’entourant n’ont pas encore été dévoilés à l’issue de la première saison, mais on y voit toute la démesure de l’ambition visuelle, à couper le souffle, et que ce soit les enjeux narratifs ou les mystères qui gravitent autour ou dedans, c’est ahurissant. Un niveau de frisson digne de la première saison de Westworld, c’est dire. Une mise en scène millimétrée, des acteurs vraiment excellents (on retrouvera aussi Jonathan Pryce), mention spéciale à celle qui incarne Jin, stupéfiante, des effets spéciaux dantesques avec une personnalité forte, et puis surtout cette musique de Ramin Djawadi, déjà à l’œuvre sur celles de Westworld et qui signe encore des partitions prodigieuses, sombres, oppressantes et mystérieuses. En résulte une ambiance étouffante, angoissante, complètement viscérale et qui restera nous hantera bien au delà du visionnage de la série. Une emprunte marquante, durable, et qui encore une fois, tutoie les sommets du genre avec un niveau proche de ce qui reste encore aujourd’hui la meilleure saison de toute séries confondues, la toute première de Westworld.

Le seul point sur lequel cette série est moins abouti, c’est que cette perfection n’est pas aussi constante, et il nous manque cette claque finale qui enfonçait le clou de la maîtrise absolue. Trop de mystères pour la première moitié, pas assez de développement de personnages, puis un focus trop prononcé sur l’humain et les sentiments dans la seconde moitié, avec beaucoup de révélations. L’attente sera interminable pour les prochaine saisons tant cette première a déjà eu presque deux ans de post-production, ce qui exclu toute possibilité de saison 2 avant au moins fin 2026, donc peut-être une fin à l’orée 2030 voir 2034 selon la vitesse de production et si l’ensemble sera étalé sur trois ou quatre saisons. Autant dire que les livres vont connaître un sacré regain d’intérêt pour les plus impatients, et espérons que la suite sera à la hauteur de cette première saison. N’oublions jamais que la SF n’est pas un genre en soi, c’est avant tout un outil de narration pour nous faire réfléchir à notre humanité ou à notre société, et une telle intelligence d’exécution force le respect.

Publié dans Critiques, Série | Laisser un commentaire

Nos cœurs meurtris


Nos cœurs meurtris
2022
Elizabeth Allen Rosenbaum

Apparemment gros succès de l’été 2022 sur Netflix, je me rappelle après coup avoir effectivement beaucoup entendu la chanson principale du film à la radio, « Come back Home ». Un sursaut dans le parcours de la chanteuse / actrice, qui n’aura connu que peu de hauts dans une carrière assez discrète (moins d’une dizaine de chanson au delà des dix millions de vues sur YouTube, dont une seule à plus de 50, et pas un seul de ses films n’est sorti au cinéma), et dont c’est visiblement là son plus grand fait d’arme.

L’histoire est celle de Cassie (Sofia Carson), une jeune femme qui s’est récemment fait diagnostiquer un diabète de niveau 1, l’obligeant à prendre de grosses doses d’insuline, mais dont seulement une partie est remboursée, l’obligeant à vivre dans une grande précarité pour simplement survivre. Un soir, alors qu’elle se faisait draguer par des marines, l’un d’eux évoquera la couverture maladie complète dont bénéficie les femmes de militaires. Ayant contracté une grosse dette à cause d’anciens problèmes de drogue et étant lui aussi marines, Luke (Nicholas Galitzine) va avoir passer un marché avec elle pour arranger un mariage de principe, se partageant ainsi la prime familiale.

Oh la la, deux jeunes gens séduisants qui se marient pour de faux, on se demande bien ce qu’il va se passer… Oh la la, problèmes de drogue et mariage bidon puni potentiellement par la cours martiale, on se demande bien comment les choses pourraient mal tourner… Oubliez donc toute notion de surprise, le film est une comédie-dramatique-romantique ultra classique, glissant sur des rails qu’on connaît par cœur. Ca joue bien, c’est assez bien mis en scène, mais le vrai argument c’est évidemment la bande-son, du fait que l’actrice principale soit aussi une chanteuse, et qu’elle a écrit là objectivement ses meilleures chansons, qui sont vraiment excellentes d’ailleurs. Eh puis bon, c’est un peu le pacte tacite entre le spectateur et le genre même de la romcom : ça ne peut qu’être prévisible à souhait, et pas d’émotion sans élément perturbateur, car l’happy end ça se mérite. Le reprocher serait donc malhonnête tant la marge de manœuvre est inexistante. Si vous n’êtes donc pas trop blasés par ce genre de films et que vous savez dans quoi vous vous embarquez, c’est une plutôt belle surprise, mignon et efficace.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire