Le Crime de l’Orient-Express

Le Crime de l’Orient-Express
2017
Kenneth Branagh

Grand amateur de Shakespeare qu’il a adapté de nombreuses fois à l’écran, Kenneth Branagh est ce qu’on qualifierait de gentleman britannique amateur de classiques, et le voir se plonger dans du Agatha Christi avait de quoi hautement nous réjouir. Il était incontestablement l’homme de la situation, et avec l’un des casting les plus ahurissants de l’histoire pour camper les protagonistes du mythique train, le tableau semblait presque trop idyllique pour être vrai.

Légendaire détective connu dans le monde entier, Hercule Poirot (Kenneth Branagh) pensait pouvoir jouir de petites vacances après avoir résolu une enquête à Jérusalem, mais le sort va s’acharner et le travail tomber. Voulant retourner à Calais, il va prendre à Istanbul le célèbre train de l’Orient-Express, mais le voyage ne sera pas de tout repos. Alors qu’une avalanche va clouer le train sur place, un drame va survenir : Edward Ratchett (Johnny Depp), un trafiquant d’art, va être retrouvé mort dans sa cabine, poignardé de douze coups de couteau. D’après les circonstances, seuls les passagers du wagon (incluant Michelle Pfeiffer, Josh Gad, Daisy Ridley, Penélope Cruz, Willem Dafoe, Judi Dench) auraient pu commettre le crime. L’un d’eux est coupable, mais qui ?

Il y a de ça une bonne quinzaine d’années, j’avais étudié le roman d’origine en classe, gardant de cette expérience le souvenir d’une fin bancale et tirée par les cheveux. Excusez ma jeunesse de l’époque, j’étais alors loin de réaliser non seulement la complexité du récit mais aussi l’intérêt de sa morale bivalente. D’emblée on découvre un Hercule Poirot au charisme monstrueux, à la force de déduction implacable et à la classe aussi dingue que son égocentrisme et son arrogance sont justifiés. Il suffira d’une scène pour le placer dans les stratosphères de mes héros favoris : le protège moustache pour la nuit, l’accessoire ultime d’icônisation pour le faire entrer dans la légende, au même titre que le smoking de nuit de Barney dans How I Met Your Mother. Il ne cherche pas à paraître, il est. Et le plus fort, c’est que non seulement son enquête est d’une justesse ahurissante, mais en plus ce n’est pas lui qui vient éblouir le monde de son intelligence car la véritable leçon du film c’est lui qui va l’apprendre. Sans trop en dire sur le fond de l’histoire, le moins que l’on puisse dire c’est que chaque personnage est utile, l’écriture est extrêmement travaillée, les dialogues sont d’une précision irréprochable et l’atmosphère pesante nous fait retenir notre souffle jusqu’à la dernière seconde. Par la mise en scène et le procédé d’enquête qui nous dévoile petit à petit les éléments de l’intrigue, on en perçoit pas tout de suite l’ampleur de l’histoire, mais quand vient l’heure du bilan on reste sans voix. C’est brillant, puissant, captivant. Une suite toujours emmenée par Kenneth Branagh est déjà programmée et c’est une excellente nouvelle tant pour le cinéma que pour les œuvres d’origines, trouvant là une parure d’une rare noblesse.

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