Célèbre roman de Charlotte Brontë, Jane Eyre fait parti des grands classiques de la littérature romantique qui, au même titre que bien des romans de Tolstoï, aura inondé les pauvres jeunes filles naïves d’histoires mielleuses et théâtrales. Et pour cette 18° adaptation du roman (Rien que ça… Ils ont pas mieux à se mettre sous la dent les scénaristes ?), la romance dramatique shakespearienne se profile encore.
Héroïne de l’histoire, Jane Eyre (Mia Wasikowska) n’a pas eu une enfance facile. Orpheline très jeune, elle fut recueillie par sa tante, femme vile et austère qui ne montra pour elle que méprit et dédain. Envoyée dans une école religieuse très strict, son éducation fut elle aussi un calvaire. Réprimée et rejetée, sa seule amie mourut dès sa première année d’une pneumonie. Et quand enfin son apprentissage fut fini, elle dû ravaler ses rêves de grandeurs et de voyages, s’enterrant dans un lugubre château de campagne où elle deviendra la préceptrice d’une jeune fille, et n’ayant comme seule autre compagnie une vieille femme usée par la solitude (Judi Dench). Mais sa vie va prendre un tournant le jour de sa rencontre avec Edward Rochester (Michael Fassbender), le maître de la maison, faisant battre son cœur pour la première fois.
Le montage du film est un peu déroutant et nous déboussole longuement. Alors que Jane Eyre vient tout juste d’être recueillie par un bienfaiteur (Jamie Bell), et qu’elle accepte de travailler comme préceptrice pour de jeunes filles défavorisées, on se retrouve au domaine Rochester où elle prend une place de préceptrice dans un milieu bourgeois, après une petite interlude narrant son enfance. Ce n’est que vers la fin du film qu’on comprend qu’en réalité les premières minutes du film sont une vision futuriste se déroulant après son passage au château. Mise à part ça, la réalisation est très bonne et l’image a une vraie personnalité, retranscrivant bien le décalage de l’époque. Le parlé est aussi un peu plus riche, mais sans doute loin de la réalité, probablement pour une meilleure compréhension. Si les personnages sont assez caricaturaux, leurs interprétations sonnent suffisamment juste pour qu’on y adhère. L’histoire se suit bien, et malgré le côté platonique et ennuyeux de leur relation amoureuse, on reste là à attendre fébrilement l’évolution fougueuse. Malheureusement, le film n’arrivera pas à s’en tirer tellement mieux que les autres films du genre, manquant lui aussi terriblement de rythme, et nous laissant immanquablement sur une fin « d’amants maudits », s’enfonçant un peu plus dans les clichés. Aussi bien écrit et poétique que puisse être le livre, il est clair que son histoire ne se démarque pas assez et que son développement est prévisible. Le film aura peut être plus d’impact auprès des jeunes femmes frigides qui s’amuse à repousser les avances, ou bien les hommes romantique dépressifs, mais difficile d’y voir plus qu’une banale tragédie d’époque comme on en voit des centaines, aussi bien faite puisse t-elle être.