The Body


The Body
2012
Oriol Paulo

Boudé par les distributeurs français, même pour une sortie en support physique ou VOD, il aura fallu attendre 2017 pour qu’enfin quelqu’un se penche dessus : Amazon. Tout premier film du réalisateur Oriol Paulo dont j’avais adoré L’Accusé, thriller incroyablement bien pensé et ingénieux, tant dans son écriture que sa mise en scène, il asseyait déjà sa plume – étant aussi scénariste dessus – et son sens particulièrement poussé du suspens.

Ayant succombé au charme d’une de ses élèves, un professeur va trouver en elle un échappatoire à sa femme, autoritaire, envahissante, et surtout vieillissante. Mais au delà de troquer une femme de 13 ans de plus que lui pour une jeunette 12 ans plus jeune (donc 25 ans de moins), il voulait le beurre et l’argent du beurre. En effet, sa cougar de femme se trouve être une riche présidente d’une agence pharmaceutique, et plutôt que de tout perdre avec un divorce, il va tout simplement empoisonner sa femme. Une affaire réglée ? Pas tellement, car le soir même de la mort de sa femme, son corps sera volé à la morgue, amenant la police à enquêter sur lui.

N’y allons pas par quatre chemins, le film est une classe de maître en termes d’écriture. Le principe est simple : on nous donne d’emblée l’information comme quoi le mari a tué sa femme, comment il a procédé et pourquoi, mais tout ne va pas se passer comme prévu. L’enquête semble patiner pour tout le monde, personne ne semble savoir qu’est-ce qu’il s’est passé, que ce soit le meurtrier, la police, le spectateur, on ne sait pas et on ne saura pas ce qu’il se passe avant la toute fin. Car si le film ouvre sans cesse des pistes, il joue surtout avec nous, en nous donnant des cartes biaisées, incomplètes, sorties de leur contexte. Les twists sont retors et pleuvent en continue, sans savoir d’où viendra la prochaine claque, jusqu’à la récompense finale tellement imaginative et percutante. Reste quelques maladresses, des acteurs pas toujours convaincants, une mise en scène montrant d’évidentes limites budgétaires, mais la puissance de l’écriture balaye tout sur son passage. Juste brillant.

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Escape from Pretoria


Escape from Pretoria
2020
Francis Annan

Faisant partie de la longue liste des pas assez gros films logiquement sacrifiés durant la période Covid, le film s’est vu enterré parmi les sorties VOD et streaming, et il est peu probable que dans un contexte plus favorable ce soit le genre de production rentable au cinéma. Pourtant, dans le genre film d’évasion, le long-métrage est loin de démériter.

Tiré d’une histoire vraie, le film retrace le parcours de deux militants anti-apartheid en Afrique du Sud dans les années 70 : Tim Jenkis (Daniel Radcliffe) et Stephen Lee (Daniel Webber). Condamnés à respectivement 12 et 8 ans de prison pour acte terroriste, ils vont être envoyés au centre pénitencier de Pretoria, une prison de haute sécurité dont personne n’a encore réussi à s’échapper. Convaincu de leur cause et ne pensant qu’à partir pour poursuivre le combat, ils vont tenter d’être les premiers à s’en évader.

L’aspect historique est très secondaire et très peu développé, presque un prétexte qu’on aura tôt fait d’oublier. Le vrai sujet est celui d’un plan, de la fameuse quête de l’évasion. Difficile de passer après le monument du genre, Les Évadés, ou même Evasion dans le genre plus divertissement bourrin. Mais mine de rien le film arrive sans mal à se faire une place, car outre la bonne intensité de jeu de Daniel Radcliffe, le film joue à merveille ses deux cartes maîtresses : l’idée du plan, basique mais très poussée, et surtout son suspense. Car si le plan est bon, il est incroyablement difficile à mettre en place et repose sur un sens du timing et de la préparation à faire transpirer à grosses gouttes. Et c’est là le plus gros point fort du film, son niveau de tension est absolu. A chaque essai, chaque mise en route du moindre élément pourrait s’avérer fatal à l’ensemble, le danger étant omniprésent et tout peut basculer en un instant. L’idée est marquante, et le suspens nous tient en haleine très vite dès que tout se met en place. Le contexte manque d’approfondissement, et on était clairement pas sur une prison de haute sécurité incroyable, mais c’est aussi ce côté « abordable » de l’évasion qui nous fait autant nous sentir impliqué. Efficace et prenant.

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The Suicide Squad


The Suicide Squad
2021
James Gunn

Pendant longtemps le débat MCU vs DCEU / Marvel Vs DC n’avait pas lieu d’être. Les films de Marvel étaient toujours solides, une formule qui marche, avec régulièrement des crossovers ultimes, amenant petit à petit à la récompense suprême de l’affrontement avec Thanos. Mais cela s’est construit sur la durée, avec un plan de développement de chaque protagoniste. De son côté, DC a voulu rattraper le temps, lançant dès son second film de leur nouvel univers partagé un affrontement au sommet : Batman Vs Superman. Un des tous meilleurs films de super-héros avec le recul, et surtout une version director’s cut changeant complètement la donne, rendant toute sa profondeur à un récit qui semblait précipité et incohérent dans sa version charcutée au cinéma. Un souci qui a clairement entaché nombre de productions estampillées DC. Prometteur sur le papier, Suicide Squad avait un bon potentiel et restait efficace sur ses scènes d’actions, mais là encore la version cinéma a été un massacre, et la director’s cut se fait toujours attendre. Le plus grand cas d’école reste néanmoins Justice League, un étron insipide dans sa version cinéma, puis qui eu droit à des scènes supplémentaires, une nouvelle post-production et une version ne reprenant pour ainsi dire pas une seule scène précédente, amenant une nouvelle fois un divertissement passable voir mauvais, à une director’s cut n’ayant plus rien à voir, et pouvant se targuer d’apporter un niveau d’écriture, de mise en scène et d’impact proches d’un The Dark Knight, c’est dire.

Marvel avait donc sorti sa carte ultime, la consécration de près de 20 films, pendant que DC avait enchaîné les erreurs et déceptions, foirant dans les grandes largeurs ses films les plus événementiels, mais le vent semblait tourner. La fameuse Snyder Cut était effectivement ce qu’on avait tous espéré, et l’idée de voir cet univers si prometteur renaître de ses cendres était gageur, alors que Marvel devait tout réinventer. Au final Marvel semble lasser, enchaînant bien trop les déceptions, et le DCEU est tout simplement mort. Shazam! et Birds of Prey ont eu des retours poussifs pour des scores anémiques, tandis que Wonder Woman 84, The Suicide Squad, Black Adams et Shazam! 2 ont tous été des échecs colossaux, affichant chacun plus de 100 M$ de déficit. Une catastrophe industrielle qui passera par la case reboot dès le mois de juin avec The Flash, censé justifier un tout nouvel univers étendu qui a plus ou mois commencé, mais qui renaîtra officiellement en 2025 avec un tout nouveau Superman Legacy. Pourquoi parler de tout ça ? Tout simplement parce que l’homme derrière le renouveau des adaptations de DC Comics sera James Gunn, lui qui a pourtant réalisé les bientôt trois opus des Gardiens de la Galaxie, clairement dans le bas du panier des Marvel, et surtout qui a rebooté Suicide Squad seulement cinq ans après pour un résultat financièrement catastrophique (150 M$ de pertes sur la sortie cinéma). Alors oui, c’était une époque post-covid difficile, mais malgré des qualités quasi inexistantes, sur la même période Fast & Furious 9 faisait six fois mieux, certes sans la sortie simultanée, mais Godzilla Vs Kong atteignait presque le triple dans des conditions identiques cinq mois plus tôt.

Le concept initial des comics était une ligue de méchant. Ca n’était pas respecté dans le premier film, ça le sera pas davantage dans cette suite / reboot. On rempile donc pour la même chose : des criminels / antisystème, avec pas ou peu de pouvoirs, qu’on va envoyer au casse-pipe face à un ennemi bien trop puissant que pourtant quelqu’un comme Superman aurait pu gérer en un instant… Rick Flag (Joel Kinnaman), capitaine Boomerang (Jai Courtney) et Harley Quinn (Margot Robbie) rempilent, tandis que Deadshot est remplacé par un certain Bloodsport (Idris Elba), un copié collé ayant lui aussi des soucis avec sa fille (Storm Reid), et de même que Peacemaker (John Cena), tous deux des tireurs d’élite sans pouvoirs. Et ce toujours sous les ordres de Amanda Waller (Viola Davis). Leur mission ? Empêcher que le Costa Rica relâche sur le monde une étoile de mer extraterrestre des plus dangereuses.

On pourrait résumer l’humour de James Gunn par puéril ou vulgaire. Des gags potaches, le plus souvent sous la ceinture, et de l’action gore, à base de gerbes de sang et violence outrancière. Et en même temps, c’est un peu ce qu’on attendrait d’un film sur des repris de justice sortant de prison pour une mission suicide. Donc ça me fait mal de le reconnaître, mais dans ce cas précis, le bonhomme est à sa place. Reste qu’encore une fois, il refait les mêmes erreurs que le premier film : mettre en avant des héros au grand cœur, quand on s’attend à des monstres sans pitié. L’histoire met du temps à se mettre en place, la première équipe refait le gag de la X-Force de Deadpool 2, donc rien de nouveau sous le soleil. Le film assure un minimum de divertissement, la plupart des blagues fonctionnent pas trop mal, mais ça reste de faux-méchants sans supers-pouvoirs affrontant un adversaire surpuissant, mais sans envergure dans un monde où quelqu’un comme Superman existe. On a donc un bilan mitigé pratiquement identique au Suicide Squad d’origine dont celui-ci a l’insolence de se considéré comme le « The », le vrai. Voilà qui n’est pas de nature à rassurer quant au DCU, le nouvel univers à venir…

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Yes, God, Yes


Yes, God, Yes
2020
Karen Maine

Pourquoi ? Tout est parti d’une scène vaguement excitante extraite du film, aperçue en scrollant sur Facebook, avec la promesse de retrouver les très séduisantes Natalia Dyer de Stranger Things et Alisha Boe de 13 Reasons why. Avec en prime en toile de fond le cadre de la religion, avec ce petit goût d’interdit qui émoustille. Une petite comédie légère et légèrement sulfureuse ? Rien n’est moins sûr.

On suit donc Natalia Dyer, campant une adolescente de 16 ans (encore un casting ado avec que des acteurs de plus de 20 ans… ) découvrant ce que sont les pulsions sexuelles et les désirs du corps, alors même qu’elle suit des cours dans un lycée catholique des plus conservateurs, où le sexe est semble-t-il destiné par Dieu pour ne concerner que la conception, donc proscrit en solo, entre personnes non hétéro, et même au sein d’un couple si celui n’est pas marié et n’a pas de volonté de fonder une famille, ou l’agrandir. Vade retro péché de chair !

On a rarement vu un film aussi peu dépasser son postulat de départ. La fille se sent excitée, point barre. Rien ne sera développé : son histoire sur internet n’ira nulle part et en restera aux prémisses, elle ne remettra rien en cause et ne cherchera jamais à se sortir de la religion ou d’en changer tous les hypocrites, son histoire avec le garçon de la retraite restera lettre morte, pareil pour son camarade de classe, absolument rien ne servira à quoi que ce soit, mise à part qu’elle continue comme si de rien n’était et rejoint la liste des hypocrites. On reste sans voix quand à seulement 1h13 de film le générique pointe le bout de son nez, l’histoire n’ayant pour ainsi dire rien raconté. Oubliez aussi le côté sulfureux ou provocateur, rien de passionnant. Sans dire que le film est une daube ou pénible à suivre, même si sur la forme on est sur du niveau d’un téléfilm, le film est juste d’une vacuité effarante.

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Ant-Man et la Guêpe : Quantumania


Ant-Man et la Guêpe : Quantumania
2023
Peyton Reed

On ne va pas se mentir, mise à part les premières séries Disney + (Wandavision, Loki, et dans une moindre mesure Hawkeye), la seule production vraiment excellente du MCU depuis l’apothéose Endgame, c’est pour ma part Les Eternels, mais qui en raison d’un style radicalement différent, a largement déplu. Il y avait le fan service de No Way Home, qui reste globalement l’un des meilleurs divertissements estampillé MCU des quatre dernières années, et cela ouvre des portes intéressantes pour la suite, mais l’engouement s’effondre inlassablement. Certes, si la Chine était toujours cet eldorado à blockbusters américains comme avant l’ère covid, Thor Love and Thunder aurait par exemple battu son prédécesseur assez largement, et beaucoup d’insuccès auraient été largement remboursés, notamment le cas ici présent. Mais on ne va pas se mentir, entre un calendrier de plus en plus chargé pour des scénarios toujours plus oubliables et des problèmes d’effets spéciaux de plus en plus criants, la lassitude gagne du terrain à un point inquiétant. Pourtant, lors d’un événement en été 2022, la hype avait reconquis les fans lassés en présentant enfin le plan global avec la menace ultime des prochaines phases : Kang le Conquérant (Jonathan Majors), aperçu justement dans Loki avec la version « Celui qui demeure ». Plus encore, la bande-annonce de ce premier film de la phase V avait donné des frissons à tous avec le fameux « did I kill you before ? », posant là un antagoniste au charisme absolu. Enfin des enjeux colossaux ? C’était le doux rêve qu’on nous promettait, amer mensonge.

Comme nous l’avait dit Janet (Michelle Pfeiffer) dans Ant-Man 2, il n’y a rien dans le monde quantique, le vide absolu. Vraiment ? Curieux, Hank Pym (Michael Douglas) et Cassie (Kathryn Newton) vont tout de même tenter d’en percer les secrets en sondant cet espace, ce qui attirera l’attention de celui qui règne sur ce monde : Kang, qui utilisera leur propre technologie pour les aspirer (incluant aussi Scott Lang (Paul Rudd) et Hope (Evangeline Lilly) qui se trouvaient là au bon moment) vers ce monde quantique.

Le film commence plutôt bien, en questionnant sur la légitimité d’un héros aussi faible que Ant-Man (d’où personnellement mon pronostique sur sa potentielle mort face à un ennemi aussi puissant que Kang), sur comment reconstruit-il sa vie après son absence de quatre ans et l’après Thanos. Et en lui-même le voyage vers l’intérieur a déjà fait l’objet de belles fresques d’aventure, et sur bien des aspects de design, on s’en sort nettement mieux que la catastrophe Strange World, qui fait donc pas mal relativiser. Mais les bons points s’arrêtent à peu près là. Si le film est dans l’absolu un divertissement correct, bien rythmé avec quelques séquences sympas (l’humour du Scott toujours glacier fonctionne par exemple), tellement de choix sont une hérésie à peine croyable. Déjà source de contradictions terribles entre Janet qui y passé un laps de temps normal et Scott pour qui les quatre ans ont été un claquement de doigts, le royaume quantique ne semblait pas poser de problème pour l’exploration à la fin de Ant-Man 2, mais soudainement Janet se rappelle que l’un des êtres les plus dangereux de tout le multivers s’y trouve. Aberrant… De même, si Jonathan Majors est excellent (ou l’a t-il été ? Voir les affaires de violence conjugales qui pourraient lui coûter sa carrière), la menace ne se fait pas trop sentir, même face à un héros aussi inintéressant et faible que Ant-Man. Et on ne parlera jamais assez de l’affront Modok, un carnage scénaristique (l’antagoniste étant censé être une menace d’envergure digne de Kang lui-même, réduit à un gag grotesque) et artistique (un des pires effets spéciaux de l’histoire du cinéma). Et petite mention sur ce phénomène devenu la norme, totalement insupportable et incohérent, où dès qu’un héros parle son costume ouvre la partie de son visage, comme si l’acting sous costume était impossible, alors même que dès Spider-Man il y a 21 ans, les acteurs – sans doute meilleurs – y arrivaient très bien. Exit les costumes qui font rêver, tout n’est plus que CGI, et on y croit plus. Alors oui, Les Gardiens de la Galaxie 3 pourrait être sympa – encore que -, mais difficile de croire que Blade ou The Marvels passionnent les foules, et si l’affaire Majors retarde voir fait partir la saison 2 de Loki en reshoot, il faudra peut-être attendre Deadpool 3 et ses promesses intenables pour faire repartir la machine, mais le MCU enchaîne tellement les déceptions qu’on aura bien du mal regagner toute la ferveur éteinte. Bref, on espérait une phase V démarrant sur les chapeaux de roue avec un Kang massacrant tout sur son passage, avec de lourdes pertes, mais au final on se retrouve avec un divertissement sans aucune répercutions, continuant de teaser ce qui ressemble de plus en plus à du vide.

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Alibi.com 2


Alibi.com 2
2023
Philippe Lacheau

Considérée comme parmi les sauveurs du cinéma français, la bande à Fifi a non seulement réussi à chaque fois à rentabiliser leurs films, avant, pendant et après Covid, dans un paysage cinématographique où moins de 15% des œuvres atteignent ledit seuil de rentabilité. Mais plus encore, en concurrence directe (seconde semaine) avec le dernier mastodonte Astérix, le film a réussi un triple exploit : faire autant d’entrées avec un budget cinq fois moindre, faire mieux que le premier Alibi.com, et de fait devenir le plus gros succès de la bande avec plus de 4,2 millions d’entrées. Une belle consécration, mais probablement plus due à la sympathie pour la bande et le rejet massif pour l’énième navet estampillé gaulois moustachu que pour les réelles qualités du film.

Malgré la fin du précédent film, pas d’agence de rencontre en remplacement, juste rien. Grégory Van Huffel (Philippe Lacheau) erre sans but, mise à part son amour pour Flo (Élodie Fontan), qu’il souhaite épouser. Problème, cette dernière insiste pour que ses beaux-parents viennent, sans savoir que ces derniers (Arielle Dombasle et Gérard Jugnot) sont respectivement une actrice porno et un escroc. Exactement le genre de choses qui insupporteraient les parents de la future mariée (Didier Bourdon et Nathalie Baye). Seule solution ? Rouvrir Alibi.com et se trouver de faux parents.

Plus grand, plus fort, plus drôle ? Oui et non. C’est à la fois leur film qui m’a fait le plus rire et que j’ai trouvé le plus inégal. Beaucoup de passages très drôles, comme le costume à l’envers, voire déjà cultes comme abibi.com avec Gad Elmaleh, et d’autres qui vont juste trop loin dans le malaise ou la bêtise pour fonctionner. J’ai par exemple soupiré face à la tondeuse, mais surtout le gag de fin qui a failli tout saccager. Plus de rires que jamais, mais trop de passages déplaisants, trop vulgaires, gratuits ou débiles. Il aura manqué un garde fou, et beaucoup de potentiel non exploité. Tarek Boudali et Julien Arruti sont moins présents, moins drôles, le coup du retour de Medi Sadoun fait écho à ce qu’il y avait de moins bon dans le premier opus, et plus globalement le concept est moins utilisé et le scénario moins travaillé. Une énorme barre de rire, mais pas toujours aboutie ou inspirée.

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Maison de Retraite


Maison de Retraite
2022
Thomas Gilou

Gros succès surprise de l’an dernier, le film ne faisait pas trop rêver sur le papier : un acteur que tout le monde déteste qui était lamentable à ONDAR, un peu moins insupportable sur son one man show, mais dont la carrière d’acteur se limite plutôt à une succession de navets plus ou moins catastrophiques. Et de l’autre côté, des vieux, nous rappelant à tous que la vieillesse est un naufrage. Vache maigre ou vraie bonne surprise ?

Voyou parasite de la pire espèce, Milann (Kev Adams) va devoir faire face aux conséquences de ses actes. Après l’incident de trop, pour éviter la prison il va devoir accepter un poste d’aide-soignant dans une maison de retraite (dirigée par Antoine Duléry et comptant dans ses rangs Gérard Depardieu, Mylène Demongeot, Daniel Prévost et Jean-Luc Bideau). Un enfer pour lui qui a toujours détesté les vieux.

Passons rapidement sur les évidences. Oui, Kev Adams est une fois de plus fidèle à sa réputation, et ne vous attendez pas à une once de surprise côté scénario. C’est du feel good movie par excellence, nous délivrant exactement ce qu’on est en mesure d’attendre : une leçon de vie, pleine de bons sentiments. Est-ce un mal pour autant ? Non, le film fait ce qu’on attend de lui, l’humour est assez bon, et le talent des seniors rattrape le coup. Du film de weekend pluvieux sous la couette quand on ne sait pas trop quoi regarder pour passer le temps, pas plus.

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Adieu Les Cons


Adieu Les Cons
2020
Albert Dupontel

Sacré meilleur film aux Césars il y a deux ans, je ne m’étais pas rendu en salles lors de ses dix jours de sortie, et ensuite les cinémas ont fermé leurs portes pendant pas moins de sept mois, et j’étais comme beaucoup passé à autre chose. C’est au détour d’un long trajet en avion, face à un très pauvre catalogue, que l’envie de laisser sa chance au film m’est venue. Eh bien rarement un film n’aura été aussi surcoté.

On suit l’histoire de Suze Trapet (Virginie Efira), une femme ne s’étant jamais remise de la perte de son fils quand elle avait 15 ans. Non pas qu’il est mort, mais face à la pression sociale et familiale, elle avait dû l’abandonner, et trente ans plus tard, atteinte d’un cancer incurable en stade avancé, l’envie de savoir ce qu’il est advenu de son petit bonhomme la rattrape. Elle profitera d’une tentative de suicide ratée d’un employé d’une agence d’archivage (Albert Dupontel) pour le kidnapper et l’obliger à l’aider.

Outre le postulat assez grotesque, une femme se barre tranquillement avec l’homme suspecté d’avoir déclenché une fusillade, le développement du film est particulièrement stupide. Non pas que l’idée de retrouver son fils ou d’enquêter dessus le soi, mais c’est la façon de faire qui est foncièrement ratée. Tout se résume en du « ta gueule c’est informatique » à base de piratage comme dans les années 80 où l’on pouvait tout faire avec un ordi. Le ridicule est absolu, de même que la façon dont tout le monde se retrouve sans cesse. Rarement vu un scénario aussi maladroit ou fainéant. Le pire viendra de la fin, alors qu’on est censé apporter une conclusion à toutes les enquêtes, la dernière quête, le film se refuse à apporter une fin satisfaisante en s’auto-sabordant avec un retournement sortant littéralement de nulle part. Bientôt la barre des 90 minutes ? Surtout pas, saccageons tout avant ! Et l’enquête ? Bah finalement non. Pourtant le film est superbement réalisé, le potentiel émotionnel est là avec la recherche de l’enfant perdu avant la mort imminente, mais le coche est à moitié raté, et pour l’humour on repassera, pas un sourire. Une idée sympathique, quoique classique, mais une narration grotesque quand elle n’est pas simplement mauvaise.

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Everything Everywhere All at Once


Everything Everywhere All at Once
2022
Daniel Scheinert, Daniel Kwan

OMG, incroyable, révolutionnaire ! De la merde oui… Enorme succès surprise du cinéma indépendant aux Etats-Unis, le film a eu tout le plus grand mal du monde à s’exporter, mais il semblait il y avoir un consensus pour dire que c’était une œuvre novatrice, originale et aboutie. Eh bien voyons à quel point tout ça est faux.

Mère désabusée dont le rêve américain s’est transformé en minable laverie qui lui accapare tout son temps, Evelyn (Michelle Yeoh) va voir sa vie basculer lors d’un rendez-vous chez une contrôleuse fiscale (Jamie Lee Curtis) : son mari va se voir être le vaisseau d’un autre lui d’une réalité alternative, là pour empêcher un cataclysme.

Dans l’absolu, pourquoi pas, et même si le film se sert des réalités alternatives uniquement pour de l’humour douteux et raconter une histoire de famille, le potentiel était là, bien que limité. Car on ne va pas se mentir, un couple qui bat de l’aile à cause d’un travail trop envahissant, des aînés rétrogrades, une fille prête à s’émanciper, ce ne sont là que des thèmes ô combien classiques et peu inspirés. On pourrait argumenter sur le joli message, sur quelques sursauts poétiques, mais tout cela est noyé par du mauvais goût et de la maladresse gênante. Du guimauve pas maîtrisé, et à côté de ça il y aurait tellement à dire sur les catastrophes artistiques auxquelles on assiste. Les techniques de saut d’univers sont incohérentes, stupides voir abjectes comme avec le plug anal. Mais c’est presque moins pire que la bataille des bites de ketchup, et le summum de gêne sera sans l’ombre d’un doute l’univers des saucisses, d’un mauvais goût aberrant. Le film s’essaye à l’absurde, comme avec les cailloux, mais c’est juste tellement raté. Et le film se traîne, se traîne… Un concept cache-misère pour un style puéril. Et bigre, c’est long ! Une séance douloureuse, et j’ai bien du mal à comprendre l’engouement.

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Elvis


Elvis
2022
Baz Luhrmann

The King, probablement la plus grande vedette de l’histoire des Etats-Unis, l’équivalent américain de notre Johnny national. Une icône, un monument de la musique qui conserve malgré une carrière assez courte le record du plus grand nombre d’albums jamais vendus, même si effectivement, même mort un artiste continue de faire vendre. Une légende qui au final n’est pas si connue en France, surtout des jeunes générations, et même un plus ancien comme moi ne connaissait pour ainsi dire rien à la vie de l’homme, et de ce fait le film m’intéressait d’autant plus.

Probablement la chose qui a fait de lui la bête de scène, le chanteur, le musicien et l’homme derrière l’artiste, ce qui l’a le plus forgé a été l’extrême pauvreté de son enfance. Entre un père en prison pour impayés et une mère faisant ce qu’elle pouvait, il a grandi dans les quartiers noirs de Memphis. Dans une époque où la ségrégation faisait rage, seul blanc au milieu de d’afro-américains, il ne pouvait pourtant pas plus être à sa place, embrassant pleinement la culture soul, le gospel et les danses endiablées. Dans une Amérique puritaine des années 50, son déhanché érotique provoqua l’hystérie des jeunes demoiselles, mais attira surtout l’œil d’un homme : le colonel Tom Parker (Tom Hanks). Il verra en lui le bon filon, bien décidé à lui faire réaliser ses rêves, faire de lui le grand Elvis (Austin Butler), enfin dans la limite de son seul intérêt personnel.

Si de nos jours le notion d’idole, de méga star rendant leurs fans extatiques peut laisser perplexe, on ne peut qu’être passionner par un engouement si massif, une telle folie ambiante. Les mœurs évoluent, les goûts musicaux aussi, donc difficile de trouver les prestations sur scène choquantes ou de partager la ferveur outre mesure, mais que ce soit dans le style, les décors ou l’incroyable performance des acteurs, dont on ne s’étonnera pas de la nomination à l’Oscar suprême pour le fameux Elvis, on ressent pleinement l’ardeur de la passion. Il semblerait que les plus grands artistes soient les plus tourmentés, et le King n’en fait pas exception, bien qu’en réalité tout semble être sa faute, ou c’est du moins ce qui en ressort du film. De par son père absent, le colonel est devenu comme un père de substitution dont il n’a jamais su s’émanciper. Son mariage n’a pas tenu parce qu’il n’a pas su dire non aux filles qui se jetaient à ses pieds. Son argent s’est volatilisé car il n’a jamais su dire non aux parasites. On pourrait dire aussi qu’il n’a pas assez milité pour la cause noire, lui qui était noir de cœur. Au même titre que je m’étonne qu’il n’y ait pas de théorie sur le passé nazi du colonel, il aurait été logique qu’un amour mixte nous soit conté dans sa jeunesse, car on ne tombe pas seulement à moitié amoureux d’une culture. N’étant pas un connaisseur du tout, je ne saurais dire le degré de respect et d’exactitude historique et malgré les près de 160 minutes au compteur du film, le rythme est parfaitement géré tant l’histoire est dense, passionnante, et on se régale du spectacle.

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