Nicky Larson


Nicky Larson
2024
Yûichi Satô

Cinq ans après Nicky Larson et le parfum de Cupidon, une bonne surprise qui a su transposer avec succès le manga d’origine, les japonais arrivent en embuscade pour rappeler d’où vient le manga, et offrir peut-être une version encore plus aboutie. Soit ça, soit Netflix s’est dit que les japonais snobaient la version française et qu’en relocalisant chez eux ça serait le carton assuré.

Arpentant les rues de Tokyo pour sauver de la demoiselle en détresse, Nicky Larson va être ramené à la dure réalité de la vie quand son collègue et ami va être tué. Il va devoir partir sur les traces d’une mystérieuse organisation appelée « L’Union », qui aurait mit sur le marché une terrible drogue décuplant la force d’autrui, au prix de sa vie.

Alors oui, je suppose que cette version est plus « manga accurate », jouant beaucoup sur les clins d’œil et références, mais il faut aussi savoir faire ce qu’on appelle un travail d’adaptation. Pas mal de mimiques et autres « danse de la banane » marchent peut-être sur papier, mais même à la sauce japonaise, ça ne passe pas. Too much. Et en vrai, cocorico, force est de reconnaître que la transposition de l’humour du manga fonctionnait mieux dans la version française. De plus, le côté supers pouvoirs nous fait basculer dans du fantastique / science-fiction mal maîtrisé, n’allant pas très bien avec le ton général. Trop kitch, trop fou, et une histoire qui se veut trop sérieuse à la grand complot de l’ombre, ce qui n’est pas très pertinent à mettre dès le tout premier opus. Pas raté non plus, mais on est dans une transposition pas bien pertinente quand la version de chez nous proposait une vraie adaptation dans les faits plus aboutie.

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La Ligne verte


La Ligne verte
2000
Frank Darabont

Je me souviens, c’était la nuit du 31 décembre 2000 pour le nouvel an, un passage à la télé sur Canal+ où il fallait bien une occasion de devoir attendre minuit pour tenter un film d’une telle longueur : plus de trois heures, ce qui reste à tout âge une épreuve que de réussir à s’intéresser et à rester alerte aussi longtemps. Déjà le film avait une certaine aura, mais on était loin du statut archi culte, de monument éternel qu’il a aujourd’hui. Est-il toujours à la hauteur ?

L’histoire prend place en 1935, dans le bloc E de la prison de Cold Mountain, la fameuse ligne verte où attendent les condamnés à mort devant passer sur la chaise électrique. Paul Edgecomb (Tom Hanks) est habitué d’y recevoir les pires criminels qui soient, mais il est vrai que l’arrivée d’un certain John Coffey (Michael Clarke Duncan) fut marquante : un colosse aussi immense qu’imposant, condamné à mort pour le viol et meurtre de deux fillettes, comble de l’horreur. Et pourtant, cet homme semble non seulement loin du monstre dépeint, mais semble même être un envoyé du ciel là pour aider son prochain.

On peut dire que la carrière de Frank Darabont fut une anomalie : très tôt il a enchaîné ce qui sont considérés comme deux monuments du cinéma et figurant parmi les mieux notés de l’histoire, Les évadés et le film ici présent, mais la suite fut aussi aléatoire que catastrophique, enchaînant navets et bides. Il faut dire que les éléments marquants ne manque pas entre Mister Jingle, les miracles, les deux tarés (un de chaque côté des barreaux) et ce casting de fou furieux. On retrouvera en plus du tandem cité David Morse, Bonnie Hunt, James Cromwell, Gary Sinise et Sam Rockwell. Globalement l’histoire est pas mal, pas incroyable mais bien ficelée, et on se prend à cette ambiance étonnamment détendue et chaleureuse malgré le fait qu’on soit dans le couloir de la mort. Mais de là à parler d’immense chef d’œuvre ? Le rythme est assez catastrophique, ce qui est souvent le cas avec de telles durées, mais clairement on pourrait facilement enlever une grosse heure. Ensuite, l’épilogue / prologue est un peu raté, en faisant des caisses sur un vieil homme dont la longévité n’a rien de si exceptionnelle. Est-ce pour dire que c’est un narrateur non fiable qui voit des signes ou des miracles là où il n’y en a pas ? Voilà qui serait au moins aussi nuisible que la fin abjecte de cette merde de Big Fish que je ne conspuerais jamais assez tant le potentiel était immense et la fin un non moins immense gâchis. Un bon film donc, dont le casting ne cesse de prendre de la valeur avec les années, mais qui avec du recul, propose tout de même une histoire pas si incroyable et souffrant de longueurs aberrantes.

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Mai


Mai
2024
Trân Thành

Voici apparemment le plus gros succès de tous les temps au Vietnam, et pourtant Netflix – du moins sa branche française – n’aide pas tellement à le voir : introuvable par une recherche depuis leur site ou application, il faut forcément passer par un lien externe (perso allociné) et auquel cas impossible ni de l’ajouter à votre liste, ni d’avoir accès à la fonction de « reprendre la vidéo », donc impossible de le voir sur une télé, et ne comptez pas sur des sous-titres français, mais au moins les anglophones comme moi pourront compter sur du sous-titrage anglais.

Quand le sors s’acharne… Après avoir élevé seule sa fille désormais adulte, Mai essayait de refaire sa vie à 37 ans, mais difficile d’aller au delà des barrières sociales et des préjugés quand tout le monde pense que les masseuses sont des prostituées, et qu’on travaille justement dans un spa. Les choses vont s’envenimer quand le pire déchet de l’humanité, sa saloperie d’ordure censé être son géniteur, va venir avec ses dettes de jeu avec la mafia au cul, alors même que sa vie sentimentale démarrait.

Après la pluie le beau temps ? Ah non, pas là non. Je pensais naïvement me trouver devant une romance classique, appliquant la recette à la lettre : rejet, attirance, problème puis solution qui ancre durablement cette belle idylle. Eh bien non, ici les problèmes vont s’accumuler dans des propensions horribles, où tout le monde en ressort soit mort soit avec une forte envie d’y passer. Exit donc tout développement de personnage, tout ce qui construction narrative n’a qu’un but : montrer la vacuité du monde. Dépasser sa peur de l’autre et s’ouvrir ? Les autres vont tout faire pour vous séparer, avec succès. Tenter de pardonner les abominations du passé ? Faiblesse, exploitons la ! Se battre pour mériter sa place ? Absurde, autant abandonner si ça marche. On se retrouve donc avec sur les trois quart un film sympathique, cochant toutes les cases de la bonne comédie romantique, avec des bases certes dramatiques, mais la dernière ligne droite est un saccage comme on en voit rarement, ramenant toutes les intrigues et sous intrigues soit dans le mur, soit au bord du précipice suivi d’un grand coup de pied au cul. Un bien triste sabordage, que certains ont visiblement apprécié, mais que j’ai vécu comme une trahison foncièrement ratée.

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L’Aube des furies


L’Aube des furies
2023
Veronica Ngo

Visiblement forte du succès de Furie, son interprète principale (Veronica Ngo) s’est vue offrir la possibilité par Netflix de prolonger l’expérience, passant même pour l’occasion derrière la caméra. Point de suite en revanche, on se concentrera cette fois sur le passé de celle qui faisait office de boss final.

L’histoire prend place 15 ans plus tôt, alors qu’une certaine Bi est recueillie par Tata, une mafieuse qui veut débarrasser Oh-Chi-Minh du trafic de femmes et d’enfants, pour qu’enfin les rues soient de nouveau sûres et que cette impunité du crime prenne fin. Pour ce faire, un groupe de femmes déterminées vont s’entraîner pour faire justice elles-mêmes.

Mon dieu non… Déjà passons sur deux idées absolument catastrophiques à la base même du projet : faire un préquel où l’héroïne du précédent film campe ici un rôle qui n’est pas le même, paye ton incohérence de casting, et surtout centrer le film autour du boss final du film original, sachant que cette dernière meure et qu’elle n’était qu’une simple figure d’oppression sans autre forme d’écriture. Comment donc s’intéresser à quelqu’un qu’on sait qu’elle a basculé dans l’autre camp et qui n’a aucun avenir ? Paye au passage ton incohérence de développement de personnage, qui jusqu’à la toute fin se pose comme seule vraie figure morale quand derrière ça va charcuter des enfants pour leurs organes. Et en vrai, tout le reste de l’écriture est au moins aussi problématique, avec les deux amants qui parlent d’avenir, donc bien évidemment au moins un va mourir, le camé qui au lieu de crever d’overdose se transforme en zombie survitaminé, ou encore le retournement absurde sur « en fait elle est méchante » sortant littéralement de nulle part juste pour faire un bain de sang, ce qui là encore, détruit tout l’intérêt du film. Si tout le monde fini six pieds sous terre, qu’est-ce qu’on s’en fout d’avoir suivi ces personnages ? Vraiment, le scénario est une tannée…

Y a t-il au moins quelque chose à sauver ? Eh bien oui, on garde l’énergie de Furie, avec toujours une belle générosité dans la violence et des chorégraphies réussies. Et c’est tout, avec pas mal de bémols. Il va falloir parler de quelque chose qui fâche presque autant que le scénario : les effets spéciaux. Rarement on sera descendu à un niveau si criard, une catastrophe comme on en voit normalement plus depuis des décennies. Toutes les giclées de sang sont numériques, et ni la couleur, ni la projection, ni l’intégration ne passent, c’est tout simplement les pires incrustations de faux sang que j’ai vu de ma vie. On pensera aussi au passage au port, avec des explosions et effets de flammes à peine au niveau de cinématiques Playstation première du nom il y a 30 ans. Et tout cela n’est rien face à LA séquence, celle vers les deux tiers : la course poursuite. S’il y avait un prix du plus gros foirage de FX de l’histoire, on serait vraiment très haut, pire que certains nanars des années 70-80. Il s’agit d’une course poursuite en moto, avec moult cascades, mais c’est à vomir ou hurler de rire selon les goûts : des doublures numériques hideuses, des motos allant peut-être à maxi 60 km/h pendant que le décor défile de façon frénétique à 300 km/h, créant un tel décalage que c’en est à peine croyable. Sans ça, on aurait juste un film d’action débile avec une fin ratée, mais y rajouter en plus une technique lamentable rend la séance vraiment pénible.

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Furie


Furie
2019
Le-Van Kiet

Remake non avoué de Taken, ce film vietnamien nous propose de suivre la furie vengeresse de Hai (Veronica Ngo), une mère ayant assisté à l’enlèvement de sa fille. Qui, où, pourquoi ? Une chose est sûre, ça va casser des bouches et rien ne saurait l’arrêter.

Concept simple, efficace et qui a déjà fait ses preuves. Changement de décors et de représentant parental, place maintenant à la mère. Et le film en joue d’ailleurs, représentant les femmes comme encore plus badass et dangereuses que les hommes, avec de surcroît une femme en guise de boss final. C’est fun, débridé, non sans rappeler au passage The Man from nowhere dans le genre puisqu’on retrouvera les thématiques du kidnapping et du trafic d’organes. En revanche, si le début dans la campagne avec la course poursuite moto/bateau a une vraie originalité, la suite se perd dans les rues plus classiques de la capitale Oh-Chi-Minh, et le train manque aussi de personnalité. Le tandem avec la police fonctionne pas mal, pour un ensemble dynamique qui ne nous laisse pas le temps de trop nous poser de questions ou de nous ennuyer.

J’étais donc curieux de voir ce que le cinéma vietnamien allait proposer, et au final l’influence américaine lisse pas mal toute forme d’originalité, bien qu’on conserve cette efficacité à laquelle on a été biberonné. Un peu court et le scénario aurait mérité un plus ample développement, mais ça n’a clairement pas à rougir face aux superproductions américaines.

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Equalizer 3


Equalizer 3
2023
Antoine Fuqua

En voilà une saga des plus stables ! Moins de 2M$ d’écart entre les trois volets, ayant tous rapporté 191 M$ à un million près, véritable anomalie tant une saga est par définition soit en pleine ascension, soit s’effondre. Pas spécialement fan des deux premiers opus, le concept du bon samaritain restait gageur, donc pourquoi pas.

Toujours prêt à tout pour son prochain, Robert McCall (Denzel Washington) va cette fois partir à Palerme, en Italie, suivant les traces de narcotrafiquants. Une agente du FBI (Dakota Fanning) va elle aussi y venir mener une investigation, ayant reçu un appel d’un mystérieux « citoyen concerné ».

Bigre que j’y ai cru fort ! Le film commence par une grosse scène qui défonce, puis on découvre une ville au charme fou avec des plans de dingue. C’est aussi de loin l’opus où le concept de bon samaritain est le plus abouti et où le rythme est le mieux maîtrisé. Plus encore, le héros ne tergiverse pas, et quand il passe à l’action ça défonce et il va au bout des choses. Quel est le problème alors ? J’en voulais plus, tellement plus. A mon sens il manque un climax de plus, une menace supplémentaire avec de grosses explosions et plus d’enjeux. De même, l’agente du FBI est une déception tant son utilité est limitée. Plus sympa que jamais avec de chouettes décors, mais espérons que les prochains volets iront encore plus loin.

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The Northman


The Northman
2022
Robert Eggers

La série Vikings s’est arrêtée dans la douleur en 2020 (au point de ne même pas en avoir écrit de critique à l’époque), qui après trois saisons incroyables, avait prit un tournant décevant en saison 4, a trébuché vers les bas fonds dans sa cinquième, puis peinant à retrouver de l’intérêt dans sa sixième et dernière saison poussive. Mais le public avait prouvé que la mythologie nordique pouvait déchaîner les foules, donc l’idée de voir un ambitieux projet au cinéma était gageur.

Le film prendra d’ailleurs place à la même époque, racontant l’histoire de Amleth (Alexander Skarsgard), fils du roi Aurvendil (Ethan Hawke), assassiné par son propre frère. Désormais, il n’est mu que part le désir de vengeance et sauver sa mère (Nicole Kidman), aidé pour cela de la sorcière Olga (Anya Taylor-Joy).

Sur le papier, le projet était excellent : on retrouve tout ce qui a fait le succès de la série, avec de surcroît un budget décuplé (70 M$, soit le budget d’une saison entière pour juste un film) et un réalisateur de renom dont le talent n’est plus à prouver. Mais non seulement on retrouvera aussi toutes les tares des dernières saisons, mais en plus le film sera narrativement une perpétuelle déception. Passons vite fait sur les incursions fantastiques, tout aussi futiles que dans la série, même Willem Dafoe ne saurait rendre moins pathétique tout ce qui entoure les animaux. Toute l’histoire et sa construction sont un ratage sans commune mesure. On parle d’une hargne sans borne, d’un règne court, mais l’héritier va oublier sa vengeance des décennies durant ! On parle alors de courroux spectaculaire, mais au contraire, la sentence sera clairsemée sur une longue durée. Et que dire du « monstre invincible » mis à mal par trois gardes lambdas sans être capable de simplement dégainer ? Ridicule… Et que dire aussi de cette ambition inexistante quand on nous fait frémir d’un roi Harald usurpateur et de la bataille épique qui pourrait en découler ? Rien, juste une toute petite histoire, avec de tous petits décors pour de tous petits enjeux. J’espérais quelque chose d’encore plus abouti que la série Vikings, pour au final avoir moins que n’importe quel épisode des quatre premières saisons, c’est dire.

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Wonder


Wonder
2017
Stephen Chbosky

Pas chez nous non. Immense succès à travers le monde avec 310 M$, le film avait conquis tout le monde. Tous ? Non, un irréductible pays n’en a pas voulu : la France. J’étais même persuadé que le film avait débarqué directement en streaming tellement sa sortie fut discrète, affichant à peine trois cent mille entrées, et je l’avais alors totalement oublié.

La vie n’est déjà pas tendre de base, mais qu’en est-il pour ceux qui partent en plus avec un très lourd handicap ? Souffrant de sévères difformités physiques, Auggie (Jacob Tremblay) suivait jusqu’alors les cours à la maison, mais ses parents (Owen Wilson et Julia Roberts) ont décidé qu’il était peut-être temps de se frotter au monde pour son entrée au collège.

Concept non sans rappeler Mask, le film nous appelle à la tolérance, à s’attacher à quelqu’un dont le premier réflexe face à lui est de détourner le regard, de ressentir dégoût et non empathie. Mais conscient qu’en réalité son « héros » est peu intéressant, juste un enfant surprotégé qui va en plus bénéficier d’un nouvel environnement à l’accueil improbablement chaleureux, dont le seul trait de caractère est d’être impertinent et fan de Star Wars, le réalisateur a eu une excellente idée : s’intéresser aussi aux autres. Quand un fils demande tant d’attention, comment se sent une fille délaissée ? Quid des camarades de classes à l’ouverture d’esprit imposé ? C’est dans cette multitude de portraits que le film arrive à nous embarquer, et on passe un bon moment. Reste ce sujet de la différence, peu ou mal traité, surtout comparé à Mask, expliquant mon enthousiasme limité.

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Papa, j’ai une maman pour toi


Papa, j’ai une maman pour toi
1996
Andy Tennant

Se consacrant désormais à leur société de mode qui les a rendu milliardaires avant leur majorité, les jumelles Olsen avaient fait dans leur jeunesse une incursion par le cinéma, bien que désormais ce soit surtout leur jeune sœur qui y a fait carrière. Et voici leur tout premier film, qui à défaut d’avoir tellement cartonné à l’époque (20 M$, soit l’équivalent actuel de 50 M$), aura su s’imposer comme un classique de la belle époque du cinéma familial à la Maman j’ai raté l’avion et autre A Nous quatre.

Le hasard est parfois des plus incongrus. Deux filles du même âge, n’ayant absolument rien à voir, et qui pourtant sont physiquement tellement ressemblantes que tout le monde pourrait s’y méprendre. Tout le monde ? Eh bien justement, le hasard va les faire être au même endroit au même moment, la colonie de vacances de l’une se trouvant en face du château de l’autre, l’occasion pour une princesse surprotégée de découvrir les joies simples, et pour orpheline de voir ce que c’est que d’avoir un père. Plus encore, le père en question s’apprête à se marier avec une parvenue insupportable, alors même que la responsable de l’orphelina est une célibataire parfaite sous tous rapports. Y aurait-il un coup à jouer ?

L’argent ne fait pas le bonheur, les sentiments sont plus fort que le simple désir primitif, ou encore la valeur de la famille et l’envie de s’entourer avant tout de ceux qu’on aime. Voilà les prémices d’une belle histoire sur des personnes qui n’ont rien mais qui s’en contentent, et d’autres qui croient tout avoir alors qu’il leur manque l’essentiel. Une pure comédie familiale pleine de bons sentiments, qui va exactement là où on l’attend, mais qui le fait si bien. Les jumelles sont très drôles, leurs péripéties sont efficaces et attendrissantes, et même si on sait très bien à quoi s’attendre, c’est exactement ce qu’on espérait. Pour ceux qui croyaient avoir fait le tour du genre, voici donc un digne représentant à ajouter à la liste.

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Marchands de Douleur


Marchands de Douleur
2023
David Yates

Après I Care a lot, Netflix reste dans de l’exploitation financière de la vulnérabilité d’autrui, troquant la vieillesse contre la douleur cancéreuse. Le p’tit truc en plus ? C’est tiré d’une histoire vraie, et découvrir les perfides complots pharmaceutiques oubliés ou peu médiatisés, c’est toujours intéressant pour comprendre toute l’étendue de la cupidité et perfidie humaine.

On en a pas à ce point conscience, mais le marché pharmaceutique est absolument colossal : une simple prescription d’un médecin pour un traitement anti-douleur dans le cas d’un cancer rapporte à l’entreprise la modique somme de 40.000 $ par mois de bénéfices. Même pas besoin de cent clients pour brasser plus d’un million de bénéfices par mois donc, une somme absolument dantesque quand on sait que le marché aux Etats-Unis représente plus de deux cent mille nouveaux patients tous les ans, soit un marché de près de cent milliards de dollars par an rien que sur le seul sol américain. Atout charme doté d’un sens aiguë du business, Liza Drake (Emily Blunt) va être engagée par un groupe pharmaceutique sur le déclin (incluant Chris Evans et Andy Garcia) pour pénétrer ce marché des plus juteux.

Le rêve américain dans toute sa splendeur : empire et décadence. On part de zéro, on arrive au sommet, en abusant de tout ce qui est possible en chemin, où l’argent et le pouvoir corrompent tout sur leur passage. Le film aurait aussi pu s’appeler en VO « Your Pain is our Gain » tant on parle littéralement de vautours qui se jettent sur de pauvres gens au plus mal, en l’occurrence des cancéreux, pour en faire leur beurre, même s’il est vrai que le marché existait déjà avant. La subtilité viendra du « toujours plus », ne pouvant jamais se satisfaire même des sommes les plus indécentes quand on peut toujours aller plus loin. Le slogan « pain is pain » est une consécration de folie cupide, allant au delà des recommandations légales (on parle du médicament très fort uniquement en cas de douleurs colossales à l’article de la mort) pour s’attaquer à tous les marchés avec le même produit sous prétexte que « une douleur est une douleur », mettant de facto sur la même échelle une migraine ou léger froissement musculaire avec dégénération complète du corps ou des organes. Le cynisme capitaliste dans toute sa splendeur. Les acteurs sont bons (on notera la présente de Catherine O’Hara), la mise en scène rythmée et efficace, et l’histoire est très prenante. Pas forcément le plus grand scandale de l’histoire ni le plus marquant ou passionnant, faute à l’accent surtout mis sur le fun et moins sur les vies brisées, mais on passe un bon moment.

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