Revelations


Revelations
2025
Sang-Ho Yeon

Lui qui avait signé à l’époque le plus gros succès de l’histoire de la Corée du Sud, le réalisateur du Dernier train pour Busan a depuis succombé aux sirènes de Netflix à qui il doit quatre de ses cinq derniers films, ainsi qu’une série. Seule exception ? La suite catastrophique de son grand succès, et visiblement, hormis légèrement sa série, il semblerait que sa carrière n’ait rien de très brillante.

Ils sont partout ! Dans les villes, dans nos campagnes, et même en Corée ! Même eux ont droit aux fameux témoins de Jehova. Lorsqu’un pasteur va apprendre la disparition de son fils, il va immédiatement penser au criminel poursuivant une petite fille la veille, allant jusqu’à le confronter et le jeter d’une falaise. Seulement voilà, son fils était en fait chez un ami, et le corps de celui qu’il pense avoir tué a à son tour disparu.

Entre traumatismes, délinquance, récidivisme, enquête et religion, le film brasse de nombreux sujets, mais n’en traite aucun convenablement. Si l’acteur du « monstre » est parfaitement choisi avec sa tronche de gros pervers, son passé ne sera pas expliqué outre mesure, et on ne montre jamais frontalement sa monstruosité : aucune torture montrée, et il semble même n’avoir au final aucun sang sur les mains. Côté enquête, sa ronronne nonchalamment, suivant son cours de façon prévisible, et le traitement sur la religion ne s’en sort pas tellement mieux, étant même limite incohérente. Entre confirmation puis rejet, le point de vue est inconsistant. Le potentiel était là, et en démarrant le film je partais confiant avec de telles bases, mais le bilan est très décevant. On pourrait même dire plus globalement que le film est complètement édulcoré, carrément tiède, restant continuellement à la surface des choses, sans jamais n’assumer aucune radicalité.

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Captain America : Brave New World


Captain America : Brave New World
2025
Julius Onah

Où en est la « super-héros fatigue » ? Eldorado ahurissant où presque chaque nouvel opus tapait la barre du milliard de dollars dans le monde, le MCU avait connu son firmament avec Endgame qui était devenu ni plus ni moins que le plus gros succès de tous les temps avec 2,7 milliards, avant de rendre ce record à Avatar avec ses ressorties. Depuis ? On avait d’abord imputé les échecs successifs au Covid, avant que Spider-Man No Way Home ne vienne montrer que le problème était tout autre : malgré quelques exceptions, la qualité était en chute libre. Pour ma part, après le pic de la Phase III trônant à presque 3,7 étoiles de moyenne, la Phase IV s’est effondrée à un passable 2,8, et à un film de sa fin, la Phase V affiche un abyssal 2,2 de moyenne, avec à côté de ça des séries dont la courbe d’intérêt suit à peu près les mêmes niveaux. En attendant de voir si les prochains projets sauront remonter la barre ou s’il faudra attendre le messie Doomsday, qui attendait vraiment un nouveau Captain America quand ce dernier a été remplacé par son faire-valoir ? Avec un très tiède 415 M$ dans le monde en fin de course (heureusement que le budget soit finalement de 180 M$ et non plus de 300 M$ comme les rumeurs de reshoots massifs laissaient craindre, sans quoi le bide aurait été historique), visiblement pas grand monde.

Les Etats-Unis ont un nouveau Captain America désormais : Sam Wilson (Anthony Mackie). Il sera chargé par le nouveau président Thaddeus Ross (Harrison Ford) de retrouver le voleur d’Adamantium, cette nouvelle substance découverte sur le corps du céleste.

Quelle immense perte de temps ! A la fois suite de la série Falcon et le soldat de l’hiver, mais sans le second, et suite de L’Incroyable Hulk, film oublié, quasi effacé du MCU et qui revient comme un cheveux sur la soupe presque 20 ans plus tard, sans Hulk d’ailleurs. Une hérésie de timing et de continuité… Et pour nous proposer quoi ? Une histoire de complot tellement vide et insipide que toute la campagne marketing s’est basée sur le Red Hulk de Ross, visible seulement cinq minutes à l’écran dans le dernier quart d’heure. Paye ta publicité mensongère ! Et soyons clair deux secondes : si Anthony Mackie est un bon side-kick rigolo, il n’a pas une seconde les épaules pour porter ni le costume de Captain America, ni le charisme pour être un premier rôle. C’est bien simple, sans le soldat de l’hiver, leur aventure sérielle m’aurait fait lâcher dès le premier épisode. C’est visuellement plat voir immonde (de tels fonds verts en 2025 ???), sans enjeux, décorrélé de toutes les autres aventures, les séquences d’action n’ont aucune originalité, et le scénario oscille entre le médiocre et l’incohérence patente. Entre des productions de plus en plus ratées et des projets sans intérêt, le MCU est tombé bien bas.

 

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Le Ministère de la Sale Guerre


Le Ministère de la Sale Guerre
2024
Guy Ritchie

Malgré un casting qui fait rêver, un réalisateur anciennement de renom, une histoire vraie se déroulant à une période charnière et un budget avoisinant à priori les 100 M$, le film fut une gigantesque plantade : à peine 20 M$ aux Etats-Unis, ce qui poussa le distributeur à annuler la sortie dans la plupart des pays étrangers, y compris la France où le projet fut jeter dans le catalogue Prime Video. Et effectivement, sans valoir des tombereaux de merde, le film peine à s’imposer.

Nous sommes en pleine Seconde Guerre Mondiale, et l’Angleterre est au bord de la reddition face à une Allemagne invincible. Un dernier espoir ? Peut-être. Une escouade illégale et officieuse, va être lancé par l’ex capitaine Gus (Henry Cavill) et son équipe (incluant Alex Pettyfer, Eiza Gonzalez, Alan Ritchson et Henry Golding), visant à détruire une flotte de U-Boat des SS sur les côtés Africaine, ce qui permettrait de retrouver le contrôle de l’Atlantique.

Désamorçons le problème d’emblée, l’histoire est à la fois un mensonge marketing et un énième film sur la SGM qui n’aura que la patte de Guy Ritchie pour justifier un tant soit peu son existence. Cette soit disant escouade hors du commun fait de marginaux est en réalité une simple bande de gros bras bourrus, aux méthodes et aux enjeux tout ce qu’il y a de plus banal. Et à l’image de la promesse d’un Henry Cavill déjanté tirant la langue en massacrant du nazi, tout cela n’est que publicité mensongère tant il est en réalité un leader tout ce qu’il y a de plus posé, raisonnable, et pour peu qu’on ait cligné des yeux, certains auront raté la seule scène survendue de la langue. Que reste t-il alors ? Du Guy Ritchie dans le texte, dressant comme à son habitude une pléthore de personnages hauts en couleurs, représentant fièrement la noblesse et fougue britannique. Du bon divertissement malgré tout, quoique tout ce qui entoure le jeu de séduction de la femme alourdi le film plus qu’autre chose, et il manquera un final encore plus fou pour vraiment marquer.

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The Gentlemen


The Gentlemen
2020
Guy Ritchie

Si le nom de Guy Ritchie fait de moins en moins rêver et que ce dernier enchaîne les bides avec carrément ses trois derniers films privés de sortie en salle de par chez nous, il n’y a pas si longtemps il restait un maître dans le genre des films de truands avec notamment Snatch, son second long-métrage qui a fait exploser sa carrière. Beaucoup s’accordaient même pour dire que ce The Gentlemen marquait un nouveau sommet dans sa filmographie, bien que personnellement les gangsters ne soient pas souvent ma cam, d’où ma moitié de décennie de retard.

Qui serait assez fou pour provoquer et faire du chantage à la plus importante famille mafieuse d’Angleterre ? Fletcher (Hugh Grant), un journaliste sans scrupules, et surtout très cupide, prêt à jouer sa vie pour récupérer le pactole. Persuadé qu’il sait tout ce qu’il se trame et se disant en possession de toutes les preuves nécessaires, il va débarquer chez nulle autre que Ray (Charlie Hunnam), le bras droit du plus grand dealer de cannabis du pays, Michael Pearson (Matthew McConaughey).

Le concept du film est assez éculé, mais non moins sympathique : l’histoire dans l’histoire, avec un point de vue se heurtant parfois à l’interprétation, et donc potentiellement partiellement fausse. Le côté mafia et règlement de compte est un peu ennuyeux tant le thème a été vu et revu, surtout par son réalisateur, mais il trouve néanmoins des choses intéressantes à y dire, avec une approche un peu Western avec le vieux loup qui aspire à la tranquillité, et ce retrait va être à tort pris pour de la faiblesse, amenant le vieux loup à redevenir la bête féroce qu’il n’a en réalité jamais cessé d’être. On aura aussi un peu un message sur la jeunesse trop prompt à vouloir croquer le monde, perdant le respect des aînés, et même le traitement de la drogue est méritoire, voyant en l’herbe un moindre mal face aux drogues dites « dures » qui effectivement font beaucoup plus de mal et ne peuvent faire valoir aucune tolérance. Malgré la pléthore de personnages et le casting de fou furieux (on retrouvera en plus Michelle Dockery, Henry Golding, Jeremy Strong, Eddie Marsan ou encore Colin Farrell), on se réjouira de voir cet ensemble plutôt bien équilibré, avec une écriture soignée et moult rebondissements bien sentis. Le rythme est vraiment efficace, et côté humour le style british fait des merveilles. Pour autant, malgré quelques passages violents ou musclés, un point reste légèrement décevant : l’action, plutôt avare. Du très bon Guy Ritchie, surtout au niveau scénario, mais on aurait aimé plus d’action.

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Trouble


Trouble
2024
Jon Holmberg

Ce qui est assurément l’un des plus gros points forts de Netflix, c’est sa propension à savoir proposer non seulement une belle variété de genres, mais aussi de nationalités où le hasard des algorithmes permet parfois des bizarreries comme cette comédie suédoise qui truste les tops plus de six mois après sa sortie sur la plateforme. Visiblement, les gens ont faim de comédies légères.

Rah quand le sort s’acharne… Divorcé et faisant pâle figure face au beau-père de sa fille, honorable pilote de ligne très riche quand lui est un banal vendeur d’un magasin d’électroménager, Conny va voir sa vie basculer quand on lui demandera d’installer une télé et en faire les réglages chez un particulier. Comment cela peut-il si mal tourner ? Eh bien l’homme qui y habite va tout simplement s’y faire tuer par des dealers qui risquaient de voir leurs identités fuiter à cause d’informations compromettantes, et Conny va se voir accuser du meurtre. Un problème d’autant plus grand quand son avocat est incompétent et que des malfrats vont l’embarquer dans un plan d’évasion contre son gré.

Un bon gros délire, mais qui a ses limites. Si le début est très efficace, drôle et percutant, la suite sera plus mitigée, à la fois prévisible et trop invraisemblable. On comprend vite le style de malchance à la chaîne à laquelle on va assister, et on sent rapidement que les limites du bon sens n’ont pas lieu ici, rendant les dingueries moins folles mais non moins incohérentes. Il faudra aussi faire à des protagonistes pas bien malins, et à l’image du spectateur, trop enclins à accepter des situations loufoques. Le dosage n’est donc pas bien maîtrisé, et si on passe globalement un bon moment, les limitations de budget et les raccords scénaristiques hasardeux tendent à modérer nos ardeurs.

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Ad Vitam


Ad Vitam
2025
Rodolphe Lauga

Si on m’avait demandé mon avis, j’aurais dit non tout de suite, ayant de gros à priori sur tout ce qui est film parisien, de surcroît quand c’est encore du film policier, et d’autant plus vu l’acteur principal que je n’apprécie pas particulièrement. Mais quand la personne tenant la télécommande a encore en mémoire d’autres productions Netflix comme Balle Perdue et AKA, certes bons, surtout le second, les jeux sont faits…

Anciens membres du GIGN, Franck (Guillaume Canet) et sa femme vont se retrouver au cœur d’un complot alors que le premier tentait de faire exposer une affaire importante. Qui est impliqué ? Jusqu’à quel niveau ? Ne restera alors que Ben (Nassim Lyes), leur ami et ancien collègue, voulant lui aussi faire la lumière autour de tout ça.

Flics ripoux et complots, le film français à Paris numéro 12736, et ce sur seulement les dix dernières années. On souffle très très fort face à un thème / cadre si éculé que l’overdose est actée avant même que le film ne démarre. On repassera également sur l’originalité inexistante de la narration, montrant d’emblée que tout va déraper, avant de revenir dans le passé pour nous montrer le comment du pourquoi. C’est poussif, pas bien passionnant, et il faudra attendre le dernier quart pour qu’un semblant d’action intéressante se dévoile, réveillant le spectateur de sa torpeur pour la dernière ligne droite. C’est déjà ça, mais il est probable que pas grand monde n’aura tenu aussi longtemps.

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RRR


RRR
2022
S.S. Rajamouli

Si on voit régulièrement du cinéma indien percer à travers le monde, c’est somme tout très récent, et en voici l’étincelle. Véritable phénomène avec 166 M$ dans le monde, le film a carrément fini aux Oscars, et y gagné le prix de la meilleure musique, et le voilà désormais rejoignant le catalogue de Netflix, aussi difficile que soit de cliquer sur lecture face à un très très long-métrage dépassant la barre des trois heures.

Relecture très libre de la fin de l’air coloniale indienne, le film va mettre en avant deux hommes : Bheem et Ram, le premier étant le leader d’un mouvement de rébellion contre l’empire britannique (Ray Stevenson), et le second étant officier dans l’armée coloniale, arme du peuple contre le peuple. Deux opposés, mais qui vont lier une amitié aussi forte que déchirante.

Le cinéma indien est vraiment à part, sorte de version folle des gros films d’action de l’Hollywood des années 80 où les stop motion iconisent à outrance les séquences d’action, où les spectacles musicaux sont omniprésents, et où la testostérone exulte en masse dans des propensions très ambiguës. Il faut rentrer dans le délire, mais c’est totalement jouissif, d’autant que l’ensemble est très fluide et que les séquences musicales sont une partie intégrante du récit. Et si on sent l’ampleur de la production hautement ambitieuse, affichant un record pour l’époque avec 42,5 M$ de budget – ce qui n’empêche pas quelques ratés comme un animal à l’oubli de texture lors de la scène du grand lâché, et globalement les animaux ont plusieurs décennies de retard niveau modélisation – c’est surtout au niveau de l’histoire que le film impressionne. On sent tout le poids historique, les blessures laissées par le colonialisme, pour une intrigue vraiment palpitante. Eh puis surtout, quelle générosité dans la mise en scène, quelle folie visuelle ! Avec des musiques endiablées très puissantes, l’ambiance globale est dingue. Une technique par toujours au top, mais une envie patente d’offrir un spectacle dantesque, avec de surcroît un récit palpitant, ce qui est déjà énorme.

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I Care A Lot


I Care A Lot
2021
J Blakeson

Protégez vos vieux !

Une doctoresse peu scrupuleuse, un directeur d’EPAHD corrompu, un juge stupide : voilà comment Marla Grayson (Rosamund Pike) a trouvé le filon de sa vie. On lui indique des vieux isolés, facilement manipulables et ayant surtout un bon patrimoine, et le tour est joué. Le médecin les déclare incapables de se débrouiller seuls, elle en avise le juge qui les place sous sa tutelle, et pendant qu’ils croupissent dans un EPAHD sous haute sécurité privé de tout contact extérieur, elle revend tous leurs biens et se rémunère grassement dessus. Le plan parfait ? Oui, jusqu’au jour où elle va placer la mauvaise personne : une certaine Jennifer (Dianne Wiest), normalement sans aucune famille, mais qui a en réalité un fils (Peter Dinklage) qui n’est autre qu’un dangereux chef mafieux.

Une arnaque bien rodée, une femme sans scrupule et un mafieux à ses trousses, voilà qui semblait alléchant. Et en vrai ça l’est beaucoup, le film étant très drôle, efficace et bien rythmé, avec de surcroît un message de fond sur le cynisme terrifiant de notre société. Tout n’est pas parfait, quelques réactions semblent peu crédibles, et l’écriture a ses limites. On pensera notamment à l’assistante incarnée par Eiza Gonzalez, vraiment limitée à la potiche de base. Mais en dehors de ça le film est très convaincant, jusqu’au terrible faux pas. La dernière partie est clairement improbable, mais admettons. Seulement voilà, tout ça pour ça : alors qu’un petit « My Secret ? I care. I care a lot » aurait été une fin brillante, clin d’œil que le film n’aura jamais l’intelligence de faire (à moins que le titre du film ait changé en cours de route ?), on bascule dans du travers à la Layer Cake, nous laissant sur une fin carrément minable. On aurait pu avoir tellement plus, mais il faudra se contenter d’un vague sympathique…

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La Tresse


La Tresse
2023
Laetitia Colombani

Grand succès littéraire paru en 2017, son autrice a très vite eu des propositions pour l’adapter au cinéma, et a même pu assurer elle-même sa réalisation, elle qui n’avait que deux films à son actif, aux retours mitigés et dont le dernier datait tout de même de quinze ans. Malgré une presse pas toujours tendre, le succès fut largement au rendez-vous, avec des spectateurs conquis et plus de 1,2 millions d’entrées.

Trois femmes, trois pays, trois cultures, trois vies qui basculent. On suivra en Inde Smita et sa fille, deux Intouchables (caste de parias) à la précarité extrême, qui vont laisser derrière elles le peu qu’elle avaient en quête d’une vie meilleure. Pendant ce temps, en Italie une jeune femme tente de construire sa vie alors que son père est à l’hôpital et que l’entreprise familiale est menacée de faillite. En parallèle, au Canada une mère qui donnait sa vie à son travail va voir tout lui échapper quand un cancer va se déclarer.

Il faut bien le dire, l’histoire m’a totalement embarqué d’emblée, montrant des personnages forts aux destins se situant à un croisement primordial où tout peut basculer. Chacune des cultures a une personnalité forte et éloignée des autres entre la précarité / insalubrité de l’Inde, mais avec pourtant des couleurs si chaudes, réconfortantes, et une spiritualité prononcée. L’Italie est un cocon de bien-être où la vie se veut démonstrative, bruyante, avec un cadre comme resté figé dans le temps, et le Canada se pose en reflet inverse, froid, très moderne à la technologie ultra développée. Des ambiances qui se complètent, et la réalisation / le montage sont toujours impeccables, nous emportant dans le flot de ces vies. On restera en revanche sur notre faim concernant la fin, très abrupte, pour ne pas dire totalement rushée, rattachant très timidement des histoires laissées en suspend, notamment la partie en Inde où le voyage ne va nulle part, là où les autres ont un semblant de conclusion, à minima partielle. Dommage, mais au moins le voyage aura été très beau et touchant.

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The Power of the Dog


The Power of the Dog
2021
Jane Campion

Bon, allons-y… N’ayant gardé que des mauvais souvenirs de La Leçon de piano, et ayant pleinement détesté le pédant et foncièrement raté Bright Star, l’essentiel de la carrière de Jane Campion m’était donc hermétique, et sur les douze nominations aux Oscars, le voir repartir avec « uniquement » celui de la meilleure réalisatrice fut un grand soulagement, me disant que je n’avais donc pas à faire mon devoir de cinéphile en m’obligeant à le voir. Puis les années ont passé, mes ressentiments ont été oubliés, et c’est ainsi que j’ai fait l’erreur de finalement lui laisser une chance.

Le film nous fait revivre l’époque Far West, nous plongeant en 1925 dans les états profonds de l’Amérique. On y suivra deux frères, Phil (Benedict Cumberbatch) et Georges (Jesse Plemons) Burkbanks, à la tête d’un immense domaine, principalement focalisé sur l’élevage. Alors que le premier a réussi de brillantes études et que le second a échoué à avoir un parcours scolaire ne serait-ce que correct, leur vies sont à l’exact opposé de ce que leur potentiel aurait pu laisser présager. Phil est un homme de terrain, aimant le dur labeur et trimant avec ses hommes, tandis que Georges préfère la mondanité et la tranquillité. Leur vie va se retrouver chamboulée quand Georges va s’éprendre d’une tavernière (Kirsten Dunst), traînant derrière elle un fils (Kodi Smit-McPhee) particulièrement maniéré.

Certaines thématiques sont intéressantes, notamment la confrontation entre la nature et la civilisation, symbolisée par les deux frères qui n’auront pas vraiment tord ou raison, ou du moins pas en même temps. L’aîné est d’abord montré comme un sauvage, sans manières, à la masculinité toxique, un vrai connard, tandis que son frère est un gentleman, bien éduqué, élégant et gentil. Puis peu à peu on voit que le comportement du premier vient surtout d’un rejet de l’hypocrisie, de tout ce qu’il juge inutile voir nuisible au monde, comme les femmes au foyer qui ne font rien, ou encore les hommes en costume qui font semblant d’avoir de l’importance alors que ce sont lui et ses hommes qui font un réel travail utile et qui répond à des besoins fondamentaux. Et pour son frère, sa gentillesse est montré progressivement comme une tare, l’aveuglant face à un monde de paillettes totalement vide et cynique. Un bijou d’écriture pour les personnages ? Non, loin s’en faut. Alors que le film traîne sur plus de deux heures, le développement des personnages est laborieux, très mal équilibré, et à la finalité lamentable. Tout ça pour ça ? On pensera à la cachette qui semble vouloir dessiner une piste, jamais explorée, on encore ce rôle de mentor trop tardif, et en dehors de ce duo, les autres sont tout simplement oubliés en chemin. Et puis des personnages ne suffisent pas à faire un film, l’absence totale d’intrigue est si aberrante, car rien ne viendra dynamiser ce récit en dehors des interactions limitées entre chacun. Un vide sidéral. Reste alors les musiques et les paysages, sympathiques mais qui ne tiennent pas deux secondes la comparaison avec Westworld. On a donc là quelques personnages intéressants, mais au développement décevant, et avec un vide ahurissant autour d’eux, pour un ennui patent.

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