Plus jamais


Plus jamais
2002
Michael Apted

Il est amusant de constater que la dernière critique était Invisible Man, qui de toute évidence est un quasi remake de ce film, les coïncidences me semblent trop folles. Toute la structure narrative, tous les personnages ou presque, tout le cheminement : les deux mêmes films. Bien sûr, certains disent que toutes les histoires ont déjà été racontées et que seule change la façon de raconter, mais tout de même.

Là encore, on suivra une femme (Jennifer Lopez) s’étant laissé piégée par un pervers narcissique richissime, qui usera de tous les moyens à sa disposition pour la harceler et la ramener à ses côtés, car elle aussi se sera enfuie dans la nuit.

Hormis les faits que la menace ne soit pas invisible et que cette fois la femme en détresse prenne la fuite avec sa fille, les deux films sont pratiquement identiques. 18 ans plus tôt, le film parlait déjà ici de masculinité toxique, de la perversion de l’argent et plus globalement de femmes abusées, violentées et subissant de la manipulation psychologique. Et encore une fois, les similitudes dans la construction sont à peine croyable : la présence d’une jeune fille à protéger, un autre homme bienveillant pour nuancer le propos (not all men), et toute la recherche final de solution. De fait d’avoir vu le remake non assumé d’abord, il avait bénéficié de ma sympathie d’avantage, d’autant que son style horrifique était plus efficace. Le bilan sera pratiquement le même, avec une tension efficace et une menace étrangement semblable, car on ne sait jamais ce qu’il peut faire. Pas de petit ventre mou dans le second tiers, mais un rythme dans l’ensemble plus monotone, et malgré une ambition par moments plus grande, il en ressort parfois une esthétique vieillotte proche du téléfilm.

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Invisible Man


Invisible Man
2020
Leigh Whannell

Masculinité toxique, le film. Après s’être magistralement planté dès la première pierre de leur édifice de leur Darkverse avec La Momie, Universal a décidé de laisser sa chance à l’homme derrière les scénarios des sagas Saw et Insidious pour réutiliser le concept d’homme invisible, visiblement breveté puisque n’ayant rien à voir avec ce que l’on a pu en voir précédemment, mais étant tout de même considéré comme une adaptation de l’œuvre de H. G. Wells.

Victime d’un pervers narcissique contrôlant sa vie dans des propensions infinies, Cécilia (Elisabeth Moss) va réussir un soir à se libérer de lui, prenant la fuite et se cachant chez un ami de sa sœur, terrorisée à l’idée que cet homme ne cherche à la récupérer. Une paranoïa visiblement non légitime : son ex sera retrouvé mort chez lui, suicidé. Pour autant, les jours passant elle n’aura de cesse que de se sentir épiée, ne croyant pas un instant en sa mort.

Malgré une sortie calendaire catastrophique, à dix jours de la fermeture des salles lors de la première vague Covid, le film fut un franc succès, très chaleureusement accueilli par la critique. Il faut dire que le sujet de l’homme pervers, manipulateur, face à une pauvre femme abusée qui va tenter de s’en sortir, c’est typiquement dans l’air du temps. Pour autant, ça n’est pas gratuit, et un léger suspense pèsera sur la folie de l’héroïne, bien qu’on ne sera pas dupe vu le titre du film. On aurait tôt fait de croire le film prévisible, mais il n’en est rien, le long-métrage pouvant compter sur nombre de passages choquants, tant au niveau révélations que violence à l’écran. Le concept est bien exploité, et la mise en scène est excellente. L’utilisation de cette invisibilité, suggérée et par effets spéciaux, marche très très bien dans les deux cas, redoublant d’inventivité et d’inspiration. Le genre ne sera pas révolutionné et on a déjà vu plus efficace ou original, mais pour ce que le film propose, c’est très réussi.

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Le Téléphone de M. Harrigan


Le Téléphone de M. Harrigan
2022
John Lee Hancock

Sérieusement ? Voici sans doutes l’un des plus grands mensonges cinématographique que j’ai vu de ma vie, et c’est un postulat qui de fait créé une attente à laquelle le film ne répondra pas. Donc disons-le directement : non, ce n’est ni un film d’horreur ni un film fantastique, mais un film sur le passage à l’âge adulte et l’acceptation de la mort, tout ce qu’il y a de plus banal et profondément ancré dans le quotidien. De quoi partir sur de mauvaises bases.

On suivra le jeune Craig (Jaeden Martell), qui se verra proposer par un certain Mr Harrigan (Donald Sutherland) un drôle de petit boulot : lui faire la lecture, trois fois par semaine. Tout d’abord exutoire pour oublier la mort de sa mère, Craig y prendra rapidement goût, fasciné par un vieux gripsou reclus mystérieux, et passionné par les différents ouvrages dont il se fera le narrateur.

Que ce film est malhonnête, c’est incroyable. Classé par Netflix en « horreur / drame », le film n’a absolument aucun registre en commun avec le genre horrifique, que ce soit dans ses thématiques ou sa mise en scène. Pire, sur l’affiche on parle directement de la mort dudit Mr Harrigan, qui n’est clairement pas un postulat de départ, loin loin s’en faut puisque l’événement arrive à un peu plus d’une heure de film, alors même que ce dernier fait 1h39 quand arrive le générique de fin. Le film se vend donc sur des mystères, qui soit n’en sont pas, soit ne sont pas traités. Le fameux « téléphone » ne sera jamais expliqué, n’aura aucune source surnaturelle, juste du piratage ou des bugs. Pire, l’armoire interdite, source de tant de théories, sera révélée vers la fin avec un niveau de déception sans commune mesure : ras, rien à signaler. Juste ahurissant, circulez rien à voir. Ce qui est censé être le sujet même du film ne démarre que très tardivement, reposant exclusivement sur des coïncidences au final sans intérêt. Tellement vide que la toute fin essaye de raccrocher les wagons avec le message sur l’évolution technologique, d’un niveau d’écriture abyssal. Alors non, le film n’est pas mal fait en dehors de son écriture, les acteurs sont bons, la mise en scène solennelle et décalée, très Sundance dans l’ambiance. Mais tout ce savoir faire n’est au service d’absolument rien. Le rythme est effroyable, et le film brasse de l’air. Rarement un film n’aura eu à ce point rien à dire.

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Ah ! si j’étais riche


Ah ! si j’étais riche
2002
Michel Munz, Gérard Bitton

Dans notre monde capitaliste, s’il y a bien une chose qui fait rêver, c’est l’argent. Entre l’obsolescence programmée et la course aux performances, que ce soit la voiture, l’électroménager ou autres appareils électroniques, outre l’évident coût de l’habitation, ce qui sont nos accessoires du quotidien ont aussi un coût très élevé, voir de plus en plus élevé. Phénomène marginal qui ne passionnait pas tellement les foules dans le temps, de nos jours, face à des prix toujours plus élevés, toujours plus d’objets de convoitise, et une évolution de déclassement progressif où chaque nouvelle génération vit dans un logement moins spacieux que ses parents, le loto semble être, au delà du fantasme de richesse, la solution à tous les problèmes modernes. Envie de rouler électrique mais les véhicules sont hors de prix ? Soyez riches. Pas de temps pour les enfants ou vos loisirs ? Envie de voyager ?  D’avoir des animaux, une maison ? La richesse vous permet de tout simplement prendre le temps de vivre.

Endetté, galérant dans son boulot, se privant de tout et en instance de divorce avec sa femme (Valéria Bruni Tedeschi) qui ne supporte plus cette vie de souffrance, Aldo (Jean-Pierre Darroussin) va être l’heureux élu des dieux, gagnant 10 millions d’euros au loto. Que faire de tout cet argent ? Outre le pouvoir de prendre le temps de vivre, il va surtout s’en servir pour sauver ses amis du chômage et se venger de l’homme qui les a mis à la porte et qui se tape sa femme : Gérard (Richard Berry).

Bien sûr, quand on s’imagine gagner au loto, on pense directement à la méga villa au bord de l’eau avec port privé, cours de tennis et compagnie. Mais si l’argent a bien un pouvoir, au delà de l’oisiveté et le bling-bling, c’est de donner l’opportunité de résoudre tout ses problèmes. En l’occurrence, il s’en servira, après l’errance de ne pas trop savoir que faire (dîners luxueux, montre et costume sur mesure et autres expressions ostentatoires de richesse), pour aider ses amis et monter un projet professionnel, et éventuellement reconquérir sa femme. Car oui, il est facile d’aimer quelqu’un de riche, biaisant toute potentielle relation, donc autant miser sur une personne qui a su nous aimer avant. En cela, l’écriture du film est assez bonne, et à moins de fracasser le budget du film pour sortir de la grosse maison et du voyage, ce qui donnerait Les Tuche, c’était un bon compromis pour montrer comment ce miracle permet tellement d’opportunités, notamment pour se reprendre en main et reprendre le contrôle de sa vie. La science est catégorique : oui, l’argent fait le bonheur, dans la mesure où tous les besoins de base sont remplis et qu’un foyer ne se sent pas bridé dans ses envies. Le chiffre magique se situerait aux alentours des 7000€, donc 14K pour une famille, soit 168K par an. Autrement dit, la somme de 10M couvre justement les dépenses parfaites pour une famille sur toute une vie. C’est dire à quel point 99% des foyers doivent faire attention et gérer un budget freinant leur bonheur. Un film prévisible et facile, mais pertinent et efficace.

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Le Book club mortel


Le Book club mortel
2023
Carlos García Miranda

Quelque peu biaisé par des succès colossaux espagnols comme La Casa de Papel, série globalement très mauvaise qui touche tout juste à la médiocrité dans ses fulgurances, ou Elite, excellente sur ses trois premières saisons, puis dégringolant avec une rare violence jusqu’à des abysses invraisemblables avec la saison 6, Netflix a tendance à produire pas mal de contenu espagnol de piètre qualité. Et encore une fois, direction les méandres de la créativité.

On suit un groupe d’étudiants en littérature, aspirant à devenir des écrivains reconnus, bien que l’une d’entre eux ait déjà connu le succès six ans auparavant. Tous partagent la passion de la lecture, formant ensemble le « book club ». Quand l' »héroïne » va se retrouver agressée par un professeur vicelard, la groupe va décider de la venger en lui faisant peur, déguisés le soir en clowns. Seulement tout va déraper quand ledit professeur va accidentellement chuter d’un balcon, s’empalant plus bas sur une statue. Suite à cela, tout le groupe va subir une énorme pression de la part d’un bloggeur inconnu, postant sur une histoire fictive d’étudiants ayant conduit à la mort de leur professeur, et que l’inconnu en question compte tuer un par un.

Slasher ultra bateau sur des gens rattrapés par un crime passé, le film ponce les pires écueils sur la menace fantôme invincible et inévitable, sacrifiant continuellement la cohérence au profit du spectacle. La seule originalité du film consistera uniquement en combiner la peur des clowns et le cadre de l’université en Espagne. Ou si, la fin. Car si on peut éventuellement s’amuser à chercher le ou les bourreaux, se traduisant par une amer déception ici, combinant prévisible et absurde, la fin se permet l’originalité d’être d’une bêtise ahurissante. On peine à croire au générique de fin. C’est court et on ne se rend pas compte de la futilité de l’ensemble pendant une grande partie du visionnage, c’est tout le positif qu’on pourra en retenir.

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40 ans, toujours puceau


40 ans, toujours puceau
2005
Judd Apatow

Considéré outre-Atlantique comme un classique de la comédie américaine, le film a eu comme effet positif de donner un gros coup de boost à la carrière de Steve Carell, sans quoi nous n’aurions peut-être pas eu l’excellent Crazy Stupid Love, l’une des toutes meilleures comédie-romantique jamais parue. En revanche, cela a aussi eu pour effet dramatique de lancer la carrière du réalisateur Judd Apatow, dont les nombreux succès commerciaux ne reflètent pas du tout la piètre qualité de ses films. Et je dois bien dire que c’est exactement le genre de film qui m’ont progressivement rendu allergique à la comédie américaine, les prémices d’un style qui allait droit dans le mur.

Amis de la finesse, adieux. C’est bien connu, la valeur d’un homme se mesure à la quantité de conquêtes amassée, l’on ne peut pas être épanoui si on ne vidange pas popol dans une foufoune régulièrement. C’est ainsi qu’au cours d’une soirée, Andy (Steve Carell) sera démasqué : c’est une abomination de puceau ! Ses collègues (incluant Paul Rudd et Seth Rogen) vont alors le pousser à faire des rencontres dans l’objectif de tirer son coup au plus vite.

J’avais un souvenir assez naïf du film, me concentrant sur la partie romantique avec Catherine Keener, et bien sûr le côté motivation pour se sortir de sa zone de confort pour évoluer socialement. Car oui, la réussite d’une personne se limite pour beaucoup à fonder une famille et réussir professionnellement, tout autre accomplissement n’a aucune valeur. Depuis ma vision a bien évoluée, et si dans l’absolu la vie c’est mieux à deux, ça n’est pas forcément le cas, et il y a bien d’autres sources d’épanouissement, car le long terme c’est bien, mais si c’est pour subir au quotidien sans source de satisfaction récurrente, alors le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Le message du film n’est donc pas très probant, donnant un postulat peu reluisant. Reste alors à savoir ce que le film en fait. Eh bien pas grand chose. La romance est presque nocive, le couple ne semblant rien avoir en commun, la femme se pressant de bazarder la passion de son Jules par cupidité, qui semble subir tous les sacrifices. Il y aurait eu du potentiel avec son rôle de beau-père, notamment avec Kat Dennings (les deux autres enfants font de simples caméo, presque subliminal pour la plus grande), mais là encore, une seule scène traitera brièvement cet aspect. A l’image de la fin expédiée et loufoque, tout n’est donc qu’une vaste blague, et peu inspirée. Les moqueries sur le fait d’être gay étaient alors d’une lourdeur ennuyeuse, et serait aujourd’hui source de haine. De même, le personnage de Elizabeth Banks semble être présenté comme une choquante nymphomane, qu’on qualifierait maintenant de banale à souhait. Du graveleux jamais subversif, et qui fait de la peine près de vingt ans plus tard tant l’humour déjà pas terrible a de surcroît très mal vieilli. A peine quelques jours après avoir revu le toujours génial Crazy Stupid Love, la comparaison est abyssale.

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Fast & Furious X


Fast & Furious X
2023
Louis Leterrier

Et de onze… Dix films principaux, et un spin-off. Alors que tout le monde est à peu près d’accord pour dire que la saga aurait s’arrêter avec le septième, dont la formule commençait déjà à s’essouffler à force de pallier infranchissable dans la surenchère, la saga a voulu tirer sur la corde tant la machine à cash tournait à plein régime. Il faut dire que la franchise a tellement évoluée qu’elle ne se ressemble même plus, passant de film de malfrat / courses de rue, à du grand cinéma d’espionnage aux ambitions démesurées pour la bêtise et légèreté des débuts. Pour ma part, si j’ai aimé les huit premiers opus, la saga est devenue trop mainstream dès le quatrième volet, et encore plus à partir du cinq. Nous avons perdu la simplicité, le fun des courses, au profit de sous Mission Impossible lambda, gagnant en cascade et épique au sacrifice d’un scénario faiblard. Heureusement, le calvaire touche bientôt à sa fin, la saga devant s’achever par un spin-off en 2024, puis le XI en 2025, sauf décalage par rapport à la grève. Et quand on a déjà vu les neuf premiers et le spin-off, autant aller jusqu’au bout.

Conscient que Fast Five est pour beaucoup considéré comme le meilleur film de la saga (et objectivement, c’est vrai, se battant avec Furious 7 pour le titre, bien qu’au niveau plaisir de revisionnage, les trois premiers sont largement au dessus personnellement), c’est donc en se raccrochant à ce dernier que la saga est censée se terminer. Sorti de nulle part et ayant attendu toutes ces années pour une obscure raison, Dante Reyes (Jason Momoa) a décidé de se venger de la famille (Dominic Toretto (Vin Diesel), Roman (Tyrese Gibson), Letty (Michelle Rodriguez), Ramsey (Nathalie Emmanuel), Han (Sung Kang), Mia (Jordana Brewster) et Jakob (John Cena)) qui a volé et tué son père.

Après la catastrophe du neuvième opus, les dérives ahurissantes sur les salaires gonflant le budget à 340 M$ (Brie Larson aurait apparemment touché 10 M$ pour deux jours de tournage), le réalisateur et scénariste claquant la porte en plein tournage, un yes man appelé en renfort alors que l’acteur principal s’improvisait réalisateur, sur le papier le naufrage était annoncé. Et encore une fois, on nous sort d’un chapeau magique un antagoniste « là depuis longtemps alors qu’on ne le savait pas ». Une écriture incroyablement mauvaise, annonçant déjà la couleur. Partant de là, il n’y avait pas une marge terrible pour faire encore pire, et on remonte presque un peu la pente. Oui, l’histoire est encore complètement à chier, mais elle ne sera pas polluée par des flashbacks toutes les trois secondes comme le précédent, donc c’est déjà ça de gagné sur le rythme. On aura pas mal de scènes d’action sympa, notamment celle à Rome. On est content de revoir furtivement Deckard (Jason Statham), on s’en fout de sa mère (Helen Mirren), Cipher (Charlize Theron) pas mieux, et comme d’habitude on nous ressuscite du cul un personnage qu’on croyait mort,  Gal Gadot. Comment croire à la mort de qui que ce soit dans des conditions pareilles ? Le niveau d’écriture est d’ailleurs constamment gênant entre les gens qui n’étaient pas là mais qui savent quand même une information qu’ils ne devraient pas savoir, ou encore le traitement de Brian, héros des premiers volets et mort tragiquement en 2013, mais qui est censé être encore en vie dans les films. Or non seulement son absence est injustifiable, mais depuis sa mort les films font régulièrement des passages touchants clin d’œil, qui dans le cadre du film n’ont aucun sens. Si la question morale de réutiliser son image comme pour finir Furious 7 se pose, il a plusieurs fois était question de le faire revenir de la sorte depuis, et il faudrait réellement le faire pour le tout dernier volet, la saga le lui doit. Reste à savoir ce que proposera le spin-off avec le retour de Hobbs (Dwayne Johnson) teasé en fin de film ici, mais il est peu probable que la saga n’arrive à proposer une fin plus satisfaisante que ce qu’aurait été la fin si tout s’était arrêté avec Furious 7.

Une suite très mal écrite encore une fois, un méchant qui en fait des caisses, un raccrochage nostalgique arriviste, mais un bien meilleur rythme, des cascades plus « réalistes » malgré des incohérences de taille. On s’ennui donc, et les heures de gloires semblent bien loin, mais on limite les dommages pour un spectacle presque correct. La suite ne laisse que peu d’espoir quant à une fin à la hauteur, et il aurait tellement mieux valut que l’acteur investisse son temps et son argent sur la prochaine aventure de Riddick tant le potentiel est bien plus grand. Un projet constamment confirmé mais en attente depuis dix ans. Avec un score au box-office à peine supérieur à 720 M$ malgré un contexte infiniment meilleur que le Fast & Furious 9 sorti en plein Covid qui fit quelques millions de plus avec un budget tiers de moins, on devrait tout de même voir la fin de tout ça, mais voilà qui calmera les ardeurs du studio quant à un trop plein de spin-off ou suites. Il faut vraiment que tout ça s’arrête à force.

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Shazam! La Rage des Dieux


Shazam! La Rage des Dieux
2023
David F. Sandberg

Comment un tel projet a t-il pu voir le jour ? Alors que le premier Shazam était tout juste regardable, à la limite du supplice, et alors que son score était pas loin d’être lamentable, tant au niveau box-office que critiques, une suite a bel et bien vu le jour. Une vaste blague quant on sait que l’excellent et bien plus rentable Man of Steel n’a jamais eu de suite, et alors qu’on savait l’univers DCEU enterré depuis des mois, cette suite a débarqué dans l’indifférence et la souffrance. Le studio ne croyait tellement pas en son film que toute la campagne marketing s’est axée sur le combat avec le dragon (arrivant de le dernier acte) et la présence de Gal Gadot en Wonder Woman, à savoir l’avant-dernière scène du film. De fait, tout le monde en est ressorti déçu, et le démarrage timide a abouti à l’un des pires maintient de l’histoire, et le film fut bazardé en VOD après seulement deux semaines en salle, un massacre absolu aboutissant à un désastre financier colossal. 133 M$ de recettes (donc à peine 60 M$ après frais de distribution) pour 125 M$ de budget (donc probablement dans les 200 M$ après coûts marketing), donc une perte sèche d’environs 150 M$, le plaçant sans problèmes dans le top 10 des pires échecs commerciaux de l’histoire. Sachant à quel point cet univers m’indiffère, c’était donc dans l’objectif de sonder les abysses de la créativité que j’appréhendais ce film.

Retour en Grèce Antique… Comme pour le premier film, Billy (Asher Angel) alias Shazam (Zachary Levi) va se retrouver confronté à des dieux grecques, en l’occurrence des déesses : Kalypso (Lucy Liu), Hespera (Helen Mirren) et Anthea (Rachel Zegler).

Mise à part divers sujets traités avec une légèreté proche de l’anecdote comme le syndrome de l’imposteur, la famille de super-héros ou la peur de l’abandon (car les subventions pour une famille d’accueil s’arrêtent quand l’enfant devient adulte à 18 ans), il n’y a absolument rien à dire de plus sur le scénario, minimaliste au possible. Et comme prévu lors de ma critique du premier film, les ados / enfants sont quasiment tous adultes ici, donc le décalage de transformation n’a plus aucun intérêt, à supposer qu’il y en avait un. Pire, déjà ridicule avant, Zachary Levi devient insupportable tant il se comporte comme un gamin de huit ans alors qu’il devrait conserver sa mentalité adulte une fois transformer. Le voir régresser mentalement à chaque transformation, ça n’a aucun sens, c’est le seul à en souffrir, et disons les choses clairement, l’acteur est juste nul. En plus d’être un connard fini doublé d’un faux-cul de merde dans la vraie vie, il confond infantilisation et abrutissement, jouant les ados comme des attardés hyperactifs. Littéralement un autiste de huit ans, alter ego adulte d’une déjà adulte de 18 ans, dont l’interprète a atteint la vingtaine.

Pour autant, ce sous Percy Jackson – qui était déjà peu glorieux, montrant que transposer les mythes grecques aujourd’hui est décidément une mauvaise idée quand le budget ne suit pas (bien que même quand l’époque est la bonne et que le budget est énorme, Le Choc des Titans s’était quand même planté) – n’est pas non plus une catastrophe absolue. J’aurais même tendance à le trouver un peu moins éclaté au sol que le premier, que ce soit grâce à la moindre présence du héros au profit de Mr Tous pouvoirs dont son amourette est mignonne à défaut de ne pas avoir été écrite avec le cul, et surtout pour la menace du film. Assurément l’une des moins impressionnantes de l’histoire des films de super-héros, mais parmi ceux encore pire se trouvait le premier Shazam dont je n’ai gardé quasiment aucun souvenir en dehors de gargouilles mal modélisées et d’un combat risible entre deux tentes d’une fête foraine. Ici, je dirais même que les effets spéciaux sont presque bons, avec un dragon classique mais réussi. Globalement les enjeux sont inexistants, le héros raté, les méchants déjà oubliés, mais l’ensemble tient la route – sauf l’arrivée de Gal Gadot qui n’a aucun sens, typiquement le Deus Ex Machina sortant de nulle part pour aucune raison – et déçoit moins de par l’absence d’intérêt du projet. J’imagine mal des quelconques fans de cet univers ou du premier film, et mieux vaut passer son chemin, mais ça n’est assurément pas le pire film de super-héros jamais vu.

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Le Challenge


Le Challenge
2023
Gene Stupnitsky

Genre à peu près mort depuis des années, la comédie-romantique fait rarement des percées au box-office, et voici l’un des très rares rescapés. Certes bide total en France avec à peine plus de cent mille entrées, le film a cartonné aux Etats-Unis avec plus de 50M$, un score que maximum un ou deux films du genre atteignent par an. Il est vrai que si l’affiche est composée à moitié par un parfait inconnu, l’argument de vente était puissant avec une Jennifer Lawrence un peu en perte de vitesse, mais qui a assurément marqué le paysage cinématographique des quinze dernières années.

Vivant depuis toujours dans un coin devenu subitement une ville très touristique où les prix flambent, notamment une taxe d’habitation devenant ingérable, Maddie (Jennifer Lawrence) va se retrouver en difficultés financières pour garder la maison de sa mère. Elle va alors accepter une mission peu banale du haut de ses 32 ans : décoincer et dépuceler un ado de 19 ans, embourbé dans la bourgeoisie et quelques peu reclus sur lui-même alors que sa rentrée pour l’université approche où il ne pourra plus compter uniquement sur papa (Matthew Broderick) et maman.

Une femme dans la trentaine se rapprochant d’un ado par arrivisme, cela rappelle énormément 20 ans d’écart, et la comparaison fait mal. Malgré tout le charisme et la beauté de Jennifer Lawrence, la crevette effacée qui lui donne la réplique fait pâle figure à côté de l’un des meilleurs acteurs de sa génération pour la version française. La scène du piano ne suffira pas à le rendre réellement intéressant. L’histoire aussi sort un peu plus de nulle part et semble plus forcée. Le film force le trait, est assez frontal et graveleux dans son humour, et si globalement le rythme est bon, on sait que le potentiel n’est pas pleinement exploité. Tout est cousu de fils blancs, et bien qu’on suive le tout sans déplaisir, au contraire, le film est léger, amusant et efficace, mais sans grande originalité, et la comparaison n’est pas à son avantage tant 20 ans d’écart fait tout en mieux, sur absolument tous les points. Pourquoi pas pour divertir un soir, mais à part la scène de la plage, le film va vite sombrer dans l’oubli.

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Crazy kung-fu


Crazy kung-fu
2005
Stephen Chow

A deux un an après le succès de Shaolin Soccer qui avait réussi à légèrement dépasser les frontières d’Hong-Kong pour atteindre les 42 M$ pour un budget quatre fois inférieur, et restant à ce jour son plus gros succès en France, son réalisateur signait un retour tonitruant avec une comédie d’action ayant marqué son époque avec le fameux « gang des haches », dépassant le seuil symbolique des 100 M$, dont 17 M$ aux Etats-Unis (contre largement moins de un million pour son précédent film, ce qui représente une hausse spectaculaire, certes sorti avec deux ans de retard). Si depuis le réalisateur / acteur a encore marqué l’histoire, notamment avec The Mermaid qui fut le premier film de l’histoire à atteindre les cent millions d’entrées et 500 M$ sur le seul sol chinois, au niveau international c’est probablement son film le plus connu et reconnu. Comme quoi, on regardait pas mal de merdes quand on était petits…

L’histoire est aussi bordélique qu’improbable : le terrible gang des haches sème la terreur partout. Réellement partout ? Non, une troupe d’irréductibles gaulois paysans vont leur tenir tête grâce à des experts en kung-fu.

Bigre que le film a atrocement vieilli. Dès la scène d’ouverture, les incrustations sur fond vert avec multiplication numérique des figurants arraches les yeux, mais ça ne sera rien face aux ralentis, combats et effets spéciaux d’un autre âge. Difficile à croire que le film n’a même pas 20 ans tant on se croirait devant une série B des années 70, max 80. J’ai peut-être rit enfant devant la course de Bip bip et le Coyote, mais plus maintenant. Le film explose constamment le compteur de gêne, de bêtise et d’absurdité, sacrifiant aussi souvent que possible la cohérence. Certains diront que le film est incroyablement généreux, fou et débordant d’idées de cinéma. Et dans l’absolu ce genre d’histoire et de délire serait probablement bien passé en animation ou avec un budget très costaud, mais pas là, pas en live avec des acteurs rincés et un budget n’arrivant pas à grand chose. J’ai souffert tout du long, hermétique à l’humour, gêné par les effets spéciaux, exaspéré par le cabotinage outrancier. Et quand bien même, l’histoire n’a aucun sens, il semblerait que plus un personnage est laid, vieux et sans charisme, et plus il possède des pouvoirs divins. Le personnage « principal », qui ne le devient qu’à vingt minutes de la fin, possède une évolution de personnage absurde, passant immédiatement de connard fini à réincarnation de Bouddha en l’espace d’une minute sans aucune raison. Adulé pour son délire absolu ou sa nullité nanardesque, le film est devenu avec les années une purge qui a perdu toute sa saveur.

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