Les Fantômes de Goya

Les Fantômes de Goya
2007
Milos Forman

Si les films d’époque ponctuent notre paysage cinématographique, et que les batailles napoléoniennes ont largement inspiré les réalisateurs, le cas de l’Espagne durant ses derniers instants d’Inquisition fut déjà moins représentée. Son créateur y voyant là un parallèle évident avec le régime communiste dans lequel il a grandi (étant tchèque), le message est pour lui toujours d’actualité.

Espagne, fin du XVIII° siècle. Tout va à vol-eau et l’église, dans sa toute puissance, redouble d’effort quand à la répression des hérétiques. Et pour mener à bien cette mission, le frère Lorenzo (Javier Bardem) sera chargé de traquer les judaïques ou pire, les protestants. L’un de ses homme, installé à une taverne, repéra une femme refusant du porc. Alerte à la juive ! Immédiatement conduite aux autorités religieuses, la jeune femme (Natalie Portman) subira la « question ». Sorte de supplice d’écartèlement, cette pratique était sensée nous tester car si l’on dit la vérité, Dieu nous permet de supporter la douleur. Bien qu’innocente, elle sera enfermée sans autre forme de procès que son aveu « indiscutable ». Goya (Stellan Skarsgard), le célèbre peintre, proche des bourreaux et de la victime, assistera impuissant à ses évènements.

Restituant cette époque sombre avec sévérité, le réalisateur pointe du doigt les agissements et dérives extrémistes de cet église répressive, bien qu’il ne soit guère plus clément avec Napoléon et les anglais. Instructrice et justice, elle dirige le pays entier et ne tolère aucune protestation. Michael Lonsdale se pose en justicier suprême et si son cœur est vide, sa fois est sans limites, avec à la clef une grande performance. Autre main de Dieu, Javier Bardem impose immédiatement son charisme par son calme et son détachement surnaturel. Son personnage évoluera d’ailleurs de manière assez surprenante et comique tant il passe maître dans le retournement de veste. Et si Natalie Portman n’a pas l’occasion de tellement briller, le troisième homme du film est lui aussi talentueux. Centre gravitationnel du film, Stellan Skarsgard fait preuve d’une grande intensité qui porte encore plus le casting vers des sommets de performance. Mais si l’histoire passionne, il faut bien avouer que la morosité et l’atrocité des évènements refroidira un peu, surtout que le film perd en souffle dans sa seconde moitié. Le résultat n’en reste pas moins techniquement exceptionnel et non moins intéressant. On préférera se concentrer sur ses innombrables qualités que sur quelques imperfections imposées par le scénario et le contexte.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *