Rocky
1977
John G. Avildsen
À peine un million de dollars de budget, une tête d’affiche totalement inconnue qui a obligé la production à le prendre, étant le scénariste à la base du projet, un démarrage modeste en salle, et pourtant la suite on la connaît. Le film fut un immense carton (près de 225 M$ dans le monde) qui a abouti à une saga d’actuellement sept films, Rocky est un personnage mythique du cinéma, et son interprète est désormais une légende. Plus encore, le film fut adoubé par trois Oscars, incluant ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur.
Les Etats-Unis, pays où tout semble possible, où chaque personne qui s’en donne les moyens peut atteindre les sommets. Petit truand sans le sou, Rocky Balboa (Sylvester Stallone) vivait jusqu’alors dans une misère totale, enchaînant les règlements musclés pour un mafieux et les combats de boxe minables dans les caves. Mais un beau jour, le champion du monde de boxe Apollo Creed, souhaitant se faire un bon gros coup de pub, va sélectionner un nom parmi les boxeurs de seconde zone, Rocky, lui « donnant sa chance » au cours d’un combat dans lequel son titre sera remit en jeu. Il pensait sa carrière finie, elle ne faisait que commencer.
Tout comme Stallone qui a tenté sa chance et réussi une percée phénoménale avec son rôle, le film est donc une ode à l’espoir, qui prouve que même quand on y croit plus, qu’on désespère, un rayon de soleil suffit pour nous relancer, que quand on trouve une noble motivation plus rien n’est impossible. Un message certes classique mais non moins personnel, et nombre de choix sont osés. Ça n’est pas tous les jours qu’on fait d’un loubard demeuré et grossier le héros d’un grand film. Tronche de travers, incapable d’aligner ou de prononcer correctement deux mots, tiques physiques multiples, dégaine négligée et hygiène déplorable : difficile de croire que c’est lui qui doit nous faire rêver. En plus, son coach est un vieillard, son meilleur ami un poivrot, et il est amoureux de la sœur quasi autiste de ce dernier. Pire, la partie entraînements / combats ne compte au total que pour le quart du film, alors pourquoi un tel engouement ? L’immersion. C’est justement parce qu’il est si fragile, si humain que Rocky en devient si attachant, et sa nomination pour l’Oscar du meilleur acteur ne sort pas de nulle part, on sent brillamment la flamme renaître dans ses yeux. Nombre de plans sont mythiques, à l’image de la course sur les marches, visuellement superbe, mais aussi techniquement innovante puisqu’étant l’un des tout premier plan de l’histoire du cinéma à être tourné en steadicam, système de caméra portée stable désormais incontournable, sans oublier la légendaire musique iconique qui accompagne la séquence. Le démarrage est poussif, le rythme assez lent, pas mal d’imperfections dans l’image, la narration ou le jeu, mais c’est là un superbe film authentique fait avec le cœur, et e combat final nous scotch sur notre chaise.