La La Land
2017
Damien Chazelle
Après l’excellent Whiplash, le jeune et talentueux réalisateur de 32 ans nous revient avec un genre un peu désuet ou n’appartenant plus qu’aux enfants, les comédies-musicales. On aurait donc eu du mal à imaginer pareil succès : actuellement plus de 250 M$ dans le monde et la barre des 400 M$ est tout à fait envisageable, une pluie de récompenses aux Golden Globes et un record de nominations aux Oscars où le film est ultra-favori. Entre ça et les critiques dithyrambiques, les attentes étaient donc intenables tant la moindre imperfection amènerait à la déception, et le film n’est pas parfait.
Se déroulant au fil des saisons, le film nous raconte les destins croisés de Sebastian (Ryan Gosling), musicien sans le sou qui rêve d’ouvrir un jour son bar à jazz et redonner toute sa noblesse à ce style de musique de plus en plus délaissé, et Mia (Emma Stone), serveuse dans un café qui rêve de devenir un jour une grande actrice mais qui se heurte à la dure réalité des castings infructueux. Deux passionnés qui aspirent à s’épanouir dans leur art et qui découvrir ensemble le plus pur d’entre eux : l’amour.
Le film démarre sur les chapeaux de roue avec un impressionnant plan-séquence chanté et dansé, nous régalant avec de superbes chorégraphies et une musique très entraînante à défaut de proposer des paroles profondes. On appréciera d’ailleurs que la VF n’y ait pas touché, permettant au spectateur francophone de profiter des performances originales des acteurs, même si leur compréhension sera biaisée par des sous-titre assez mauvais. En revanche, on s’étonnera au final du faible nombre de chansons, d’autant que certaines reviennent, puisque sur les deux heures du film à peine une vingtaine de minutes sont consacrées au chant et la plupart sont concentrées sur le premier et le dernier quart d’heure. De belles chansons et des musiques jazz tolérables, mais heureusement le film ne se limite pas à ça. Si le scénario est classique et qu’on regrette l’absence de rôles secondaires, tous ne faisant que de la figuration en dehors de nos deux artistes, de même que la fin est décevante par souci de réalisme, la narration est très intéressante, surtout pour la dernière scène. Le découpage en saison marche bien, l’alternance de point de vue déconcerte et fascine, la thématique des couleurs est bien exploitée, et plus que tout la réalisation est folle. Le réalisateur s’autorise une liberté de déplacement ahurissante, faisant virevolter sa caméra comme bon lui semble, lui transmettant la fougue et la vivacité de ses musiques. Le travail accompli sur le film est juste dingue, les performances incroyables et on comprend aisément ce que l’industrie a adoré dans ce film, mêlant technicité et hommage à un genre délaissé, mais pour autant difficile de crier au chef d’œuvre absolu et un Premier Contact serait tellement plus méritant.
Disponible en version alternative et vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=n_V7AVYXgyI