DUFF
2015
Ari Sandel
La période charnière des teen-movie où les American Pie foisonnaient semble désormais révolue, mais ça n’empêche quelques tentatives ici et là, même si presque aucune n’arrive jusqu’en France, celle-ci incluse. Avec 34 M$ aux Etats-Unis et 43 M$ dans le monde, ce film est assez largement passé inaperçu, mais contrairement à la plupart des derniers essais ça n’a pas été un four retentissant, ce qui est déjà beau et laissait espérer un quelconque renouveau ou une efficacité revigorante. En fait non, le film a juste eu la chance de sortir en pleine disette.
Savez-vous ce qu’est un ou une DUFF ? Eh bien dans le monde merveilleux du lycée américain où l’on aime par dessus tout mettre des étiquettes aux gens, à supposer qu’ils en aient réellement besoin tant on y croise des clichés ambulants en puissance, il s’agit d’un membre d’un groupe qui sert de faire-valoir, celui qui met les autres en valeur. D’où l’abréviation DUFF (Dodu Utile Fade et Facile). Jusqu’alors loin de se douter qu’elle en était une, la discrète Bianca (Mae Whitman) va découvrir à son détriment que ce statut peu flatteur lui colle à la peau. Bien décidée à y remédier, elle va demander l’aide du beau gosse footballeur (Robbie Amell) qui se trouve être un voisin et ami d’enfance.
Alors déjà qu’un lycée américain est une avalanche de stéréotypes, y rajouter des noms par dessus n’est pas une grande marque d’originalité. Une absence de concept qui fait mine de poser un prétexte légitime pour nous ressortir une histoire vieille comme le monde : la moche qui devient « belle » (ça reste une brune aux traits grossiers et aux yeux noirs dégueulasses), avec en prime les éternelles histoires de la pimbêche remise à sa place, du fantasme qui s’avère décevant ou encore du sempiternel coup du meilleur ami. Et forcément, comme il faut du ressort dramatique, pile quand ça va aller mieux une tuile va tomber, puis pile quand elle va se rendre compte qu’elle se trompait elle va arriver au mauvais endroit au mauvais moment, à tel point qu’on pourra prédire chaque retournement de situation avec une précision désespérante. Evidemment, dans l’ensemble c’est fonctionnel, sympathique et parfois un tantinet drôle, mais c’est surtout désarmant de paresse.