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2017
Cédric Jimenez

Voilà typiquement le genre de film que j’esquive d’habitude. Parler de la Seconde Guerre Mondiale est toujours extrêmement compliqué dans la mesure où on ne doit ni ne peut avoir d’opinion sur le sujet. Aucun parti prit original possible, laissant une marge de manœuvre tout simplement inexistante. De temps à autre des films osent tenter une nouvelle approche comme Il est de retour, mais de mémoire c’est le seul exemple de film sur le sujet qui ne se contentait pas de réciter les livres d’histoire. Cette fois la promesse de raconter une histoire sous le point de vue SS semblait aguicheur, mais ça n’était qu’un subterfuge mensonger.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, sur les quatre H du titre, il n’y a pas de Heil Hilter. Il s’agit en réalité de « Himmlers Hirn heißt Heydrich », ce qui veut dire « Le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich ». Le film retrace donc l’ascension de Heydrich (Jason Clarke), ex soldat de l’armée allemande qui entra dans les services de renseignement de la Gestapo au début des années 30, gravissant petit à petit les échelons jusqu’à diriger le service et devenir le bras droit d’Hitler. Un sympathisant convaincu qui va devenir un moteur principal de son idéologie.

Le début du film est très bon, nous montrant un homme comme tant d’autres, qui par amour pour sa femme (Rosamund Pike) va s’engager dans la politique, s’y découvrant une vraie passion. On nous explique et on nous montre tout l’engouement qui a permis l’accession au pouvoir d’Hitler, de comment il a à lui seul sauvé le pays de la ruine et redonné toute sa splendeur à l’Allemagne, car tout monstre est un génie qui n’a pas su refréner sa folie. Bien sûr, il n’était pas question de rendre un futur responsable de génocide sympathique, et très vite les boucheries vont commencer, enchaînant les actes barbares pour montrer le mal lattant. Et puis patatras, changement d’axe et de personnages principaux avant la fin de la première moitié, nous laissant pour la majorité de l’histoire en compagnie de deux parachutistes (Jack O’Connell et Jack Reynor) pour un énième film de résistants, annihilant l’originalité première dans une avalanche de clichés entre les amours de guerre (avec Mia Wasikowska) et les actes héroïques où les allemands passent pour de vrais demeurés. Une seconde partie pénible, supportable uniquement en raison du casting prestigieux, comprenant étonnamment deux français, Céline Sallette et Gilles Lellouche. Si le début recelait un vrai potentiel, le résultat n’est pas là et tout le reste est à jeter. Un film qui ne fait ni honneur à l’histoire ni au cinéma.

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