Le Retour du Héros
2018
Laurent Tirard
Genre qui se perd en France, les comédies d’époque en costumes ne font plus tellement recette, mais c’est un bilan des plus biaisés quand on voit la qualité des films qui en sont responsables, Philibert en tête. Trouver un financement devient apparemment de plus en plus compliqué malgré un casting oscarisé puisque le film a dû se contenter de seulement 8,5 millions d’euros, mais là encore le constat est biaisé par l’échec d’Un Homme à la hauteur, film du même réalisateur qui collaborait déjà avec l’acteur le plus prestigieux de France, et le résultat était assez laborieux.
Le film prend place en 1812, alors que les troupes russes ne cessent d’avancer. Capitaine dans l’armée de l’empereur, Neuville (Jean Dujardin) va être mobilisé et envoyé au front en Autriche alors même qu’il venait de demander en mariage sa dulcinée Pauline (Noémie Merlant), promettant de lui écrire chaque jour. Seulement les jours, les semaines, les mois passèrent et aucune nouvelle à l’horizon, plongeant Pauline dans un état dépressif suicidaire, se laissant mourir à petit feu. Pour sa sœur Elisabeth (Mélanie Laurent) il ne faisait aucun doute que le charmeur était lâchement parti voir ailleurs, mais consciente qu’il fallait agir elle va prendre la décision d’écrire à la place du capitaine Neuville, ranimant la flamme le temps du rétablissement, puis le faisant mourir héroïquement pour laisser la place à d’autres prétendants. Seulement quelques années plus tard, alors que Pauline avait refait sa vie et eu des enfants, Elisabeth va tomber sur Neuville au marché, affublé tel un clochard. Traître ayant fuit le champ de bataille, il va voir en le mensonge d’Elisabeth une occasion en or, se faisant passer pour le fameux héros de retour d’entre les morts.
L’idée du film est excellente : un escroc qui se fait passer pour un héros, porté aux nues par celle qui le méprisait le plus. Un décalage génial et personne n’aurait pu mieux nous amuser avec que Jean Dujardin, trouvant là un rôle sur-mesure où il y excelle. Sa classe est phénoménale, s’imposant comme un bonimenteur de génie, réinventant son histoire avec panache. Les dialogues sont savoureux, d’autant qu’il se trouve une partenaire brillante pour s’opposer à lui et c’est d’autant plus drôle qu’elle soit à l’origine de la situation. Les costumes et décors sont très réussis et l’ambiance nous emporte sans mal. Une belle comédie efficace pour se début d’année, mais il est dommage que tout soit cousu de fils blancs et que aucun rebondissement n’arrivera à nous surprendre, même s’il est vrai que l’écho était magnifique et que l’on est heureux d’y assister, qu’importe la prévisibilité. N’espérez pas y trouver un film novateur ni même original puisque le concept ne date pas d’hier, mais c’est suffisamment rare de trouver une comédie française simple et efficace qu’il serait dommage de passer à côté.
Critique aussi disponible en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=mHSuFMBM6as