American Honey


American Honey
2017
Andrea Arnold

Prix du jury lors du festival de Cannes, le film avait pourtant l’air sympa, parlant de la jeunesse désabusée et de l’Amérique profonde, mais un prix à Cannes est souvent synonyme de film chiant ou raté. Avec une durée de 2h40, on pouvait espérer que le manque de budget et une longueur dissuasive étaient les seules tares du film, mais c’est en réalité le concept en lui-même qui était mauvais.

Jeune fille paumée de parents drogués et miséreux, Star (Sasha Lane) va un jour faire la rencontre de Jake (Shia LaBeouf), homme charismatique qui va lui proposer de tailler la route avec leur groupe, vendeurs de magasines itinérants. Entre une absence totale d’avenir professionnel, un foyer en ruine et un père un peu trop tactile, et en face la promesse d’une vie meilleure, où elle ne souffrira plus jamais ni de la solitude ni de la faim, le calcul sera vite fait, tout comme ses bagages.

Petite romance fluette, plein de rencontres et un road trip permettant de voir les paysages si diversifiés des Etats-Unis : le programme semblait alléchant, mais le spectateur lambda va vite déchanter. À moins d’être un baba-cool sous acide ou de n’avoir aucune mœurs, la bande de jeunes ne risque pas de gagner votre sympathie tant ils ne respectent rien ni personne. Ils passent leur temps à cracher sur tout et tout le monde, ressortant l’éternel couplet prolétaire des riches connards qui n’ont jamais rien fait pour mériter leur argent et qui forcément s’en servent de la pire des manières, alors même que de leur côté, si l’argent coule à flot et sert à l’amusement, ils ne rêvent que d’avoir leur petite maison de banlieue. Une hypocrisie lamentable doublée d’un comportement détestable, n’hésitant pas à mentir, voler et arnaquer. La vie elle-même est bafouée, le groupe allant jusqu’à kidnapper un chien et ne le rendra jamais. Très vite la seule réaction qui nous vient c’est « s’ils avaient un accident de voiture et qu’ils mourraient tous, la Terre s’en porterait tellement mieux ». Peste parmi les pestes, l’héroïne ne semble être qu’un faiseur de troubles, semant la discorde et faisant absolument n’importe quoi. Mais mon dieu que peuvent-ils bien lui trouver ? Bon après le dégoût pour les tatouages est une notion personnelle, mais quel caractère abjecte ! Un scénario indigeste et absurde qui est heureusement un peu contrebalancé par une réalisation très intimiste et réaliste, d’autant que l’image a été très travaillée. Pour se recentrer sur les personnages, le cadre 1,33 a été adopté, et pour renforcer le réalisme seules des lumières naturelles furent utilisées. En dehors de ça, seul le charismatique Jake trouvera grâce à nos yeux, mais lui aussi souffre d’une écriture illogique et maladroite. Vouloir parler de la misère c’est bien, mais encore faut-il avoir quelque chose à en dire.

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