Jumanji
1996
Joe Johnston
Film mythique qui a bercé l’enfance de toute personne seine d’esprit née dans les années 80 à nos jours, Jumanji est pour beaucoup l’un des premiers choc cinématographique majeur dans son expérience personnelle, au même titre que Retour vers le futur ou L’Incroyable Voyage, alliant divertissement, concept fort et émotion. Quelques notes de piano accompagnées au violon et le cœur s’emballe, voyant défiler devant ses yeux des séquences mythiques à vous arracher des larmes, d’autant plus aujourd’hui en sachant que l’acteur de légende qui portait ce film n’est plus. Tant de douceur et de nostalgie, mais sont-ce là des facteurs obscurcissant notre jugement ? Pour mieux appréhender la suite spirituelle récemment sortie, il fallait tirer ça au clair et faire descendre ce souvenir de son piédestal.
Jeune garçon de bonne famille, Alan Parrish (Robin Williams) avait récupéré lors de l’été 1968 une relique bien étrange, comme l’appelant par le biais de tambours fantômes. Ce mystérieux artefact va s’avérer être un jeu de société empreint de magie, et lui et son amie Sarah (Bonnie Hunt) vont s’en rendre compte à leur dépend. Piqués au vif par leur curiosité, ils vont entamer une partie à l’issue tragique : Alan va se retrouver téléporté dans la jungle hostile dont s’alimente le jeu tandis que Sarah va être prit pour une folle. 26 ans plus tard, une nouvelle famille va finir par s’installer dans la maison jusqu’alors abandonnée des Parrish. Peter et Judy (Kirsten Dunst) vont à leur tour se lancer dans l’aventure, loin de se douter du danger qui les attend.
Le temps a passé et mon regard s’est affiné, découvrant meurtri des imperfections voir des erreurs qui m’indifféraient pendant tout ce temps. Oui, le film date un peu et en plus de deux décennies les effets spéciaux ont été ringardisés, même si les animatroniques étaient déjà bien vilains à l’époque. Mais finalement, après tout ce temps c’est surtout les jeux d’acteur et le scénario qui pèchent grandement. Concernant les acteurs, si certains sont excellents, notamment Alan adulte et la petite Judy qui est devenue cette figure incontournable qu’on connaît, la plupart sont complètement à côté de la plaque, soit en roue libre exacerbée soit en non jeu mortifère. Confronter un casting globalement médiocre face à des pointures rend le faussé encore plus palpable. Et c’est là le même problème pour l’histoire. Le concept du jeu maudit est fascinant et l’univers de la jungle semble assez riche, mais c’est à peu près tout. On ne verra pas une image de ladite jungle, le jeu n’a aucun sens, pas plus que ses joueurs. Si le but est de tuer les joueurs, vu ses pouvoirs le jeu ne devrait avoir aucun mal, mais si le but est d’endurcir les joueurs, le danger de mort reste d’un niveau aberrant. Pareillement pour les joueurs : s’il suffit de finir le jeu pour en dissiper tous les effets, pourquoi rester continuellement sur place à attendre que le déluge leur tombe dessus ? Ne serait-il pas possible de simplement bourrer les lancers de dés ? Après on ne peut que questionner la légitimité et la logique d’une telle histoire tant personne ne prend la mesure des enjeux et des risques, ou du moins n’a pas la présence d’esprit de s’y adapter. Face à la puissance de la musique et la portée tragique de certains passages, on sent aussi que tout le potentiel dramatique n’a pas été exploité tant la boule à la gorge ne demandait pas grand chose pour devenir un franc sanglot. Mon dieu ce passage dans la fabrique… Bref, les raisons qui ont fait de Jumanji un film si iconique sont toujours valides, mais avec le recul le film n’a pas su tirer tout le potentiel d’un tel sujet, donnant du crédit à un nouveau film se basant sur le même concept.