Civil War
2024
Alex Garland
En voilà un film que j’attendais ! Très fan du travail d’Alex Garland, j’avais réussi l’exploit de me protéger de toute forme de spoil, hormis bien sûr le fait qu’il serait question d’un futur d’anticipation où les Etats-Unis sombreraient dans la guerre civile. Avec un pays de plus en plus fracturé, si de surcroît les démocrates « gagnent » encore les prochaines élections, ce n’est plus une question de savoir si une guerre civile est imminente, mais de à quel point ça arrivera vite. Eh bien des mauvaises surprises, j’en ai eu un paquet, mais à ce point là, c’est affolant.
On ne saura ni pourquoi ni comment, mais visiblement les Etats-Unis ont sombré dans une guerre civile, et malgré que l’armée du pays soit la plus forte du monde, le gouvernement perd indubitablement la bataille, et ce n’est plus qu’une question de jours avant que le président soit tué. On suivra alors un groupe de journalistes (incluant Kirsten Dunst et Cailee Spaeny) qui vont se mettre en tête de traverser le pays pour avoir peut-être la toute dernière interview du président, ou à défaut une superbe photo de son cadavre.
Si de base le métier de journaliste est globalement un tas d’ordures fouille merde, le film met en avant une spécialisation si ignoble qu’on a du mal à y croire : photographe de guerre. Le principe est simple : être aux premières lignes d’un conflit, prendre des photos d’échanges de feux, de maisons détruites, de cadavres jonchant le sol, et pourquoi pas si on a de la chance, capturer le moment exact où une personne est abattue. Le degré ultime du voyeurisme le plus malsain imaginable, et quand en plus la personne se prend d’une fascination morbide ignoble, on tient là un sacré combo. Pire encore, il y a la façon de faire, car à vouloir se placer aux premiers rangs, en plein cœur de l’action, ils obligent ceux ayant un reste d’âme de faire un minimum attention à eux, et de leur insouciante va découler des dommages collatéraux, des gens morts par leurs fautes, sans que cela ne les affecte le moins du monde. C’est bien simple, l’équipe que l’on suit est tellement une bande de raclures irrespectueuse et sans une once d’humanité qu’on n’aspire qu’à une chose : échanger les rôles et qu’on puisse à notre tour se délecter d’un spectacle de mort, les leurs. Il est rare qu’une histoire me provoque un tel sentiment de rejet si massif, mais que ce soit les protagonistes, leurs histoires, leurs buts, les enjeux du film, tout me donne envie de vomir, attisant une violence latente, une haine de l’autre. Mon dieu que le passage avec Jesse Plemons est d’une stupidité révoltante ! Alors certes, visuellement le film est parfaitement maîtrisé, le budget étant conséquent on ne sent aucune limite, et techniquement il n’y a pas grand chose à redire, mais le fond est atrocement vide, avec des thématiques nauséabondes, pour ne pas dire criminelles. Un rejet viscérale de bout en bout pour ma part, et je ne vois pas comment on pourrait apprécier ce film à moins d’être complètement abruti ou profondément malsain.