The Haunting of Hill House


The Haunting of Hill House
2018
Mike Flanagan

Comme l’a prouvé avec brio Stranger Things, on peut clairement faire une série horrifique, bien que l’exemple cité soit aussi bien d’autres choses. J’étais donc curieux de voir ce qu’une série intégralement centrée sur l’horreur pourrait donner, et c’est largement celle-ci qui revient majoritairement quand on parle de référence en la matière. Pourtant, rare sont les films à arriver à soit proposer quelque chose d’original, soit quelque chose d’efficace ces dernières années, et s’il y a bien un genre qui compte le plus de navets de toute l’histoire, c’est clairement celui de l’épouvante / horreur.

Quand le passé vous rattrape. Il y a une vingtaine d’années, la famille Crain s’était installé le temps d’un été à Hill House, un immense domaine, dans l’espoir de le rénover pour le revendre à bon prix. Seulement voilà, les visions d’horreur s’y seront enchaînées, jusqu’à la fameuse dernière nuit où le père aura fuit avec les cinq enfants, alors que la mère (Carla Gugino) s’y serait donné la mort. Aujourd’hui, Steve (Michiel Huisman) est devenu écrivain, obsédé par les histoire de fantôme, Shirley a ouvert une chambre funéraire, Theodora (incarnée par Mckenna Grace  dans sa jeunesse) utilise sa sensibilité pour aider les enfants en étant pédopsychiatre, mais pour les jumeaux, se construire une vie n’a pas été facile. Luke a sombré dans la drogue, et Nell est plus hantée que jamais par les démons du passé. Jusqu’au jour où…

Bigre qu’elle immense famille ! Il m’a fallu quatre épisodes pour commencer à comprendre qui était qui, et aussi comprendre la structure de la série, se concentrant pour ses cinq premiers épisode tour à tour sur chacun des enfants, allant de l’aîné au plus jeune, respectant même l’ordre de naissance des jumeaux. Et par souci d’intérêt croissant, les tenants et aboutissants de l’élément déclencheur se dessinent progressivement, avec de surcroit derrière tous les mystères du passé, distillés pour la seconde partie. C’est efficace, embrassant de fait parfaitement le format sériel, mais c’est aussi aléatoire, pour ne pas dire totalement déséquilibré. Sans parler de ratage complet, les deux aînés sont très largement insipides, Luke n’a pas grand chose à ronger mise à part son addiction, et à côté les deux jeunes sœurs ont des histoires personnelles incroyables, passionnantes, qui font graviter tous les points les plus passionnants. De même, voulant se garder les os les plus saillants pour la fin – hormis Nell, qui restera pour ma part le point culminant tant en termes d’écriture, de drame humain et même d’horreur -, la série cache volontairement pléthore d’informations, nous faisant un peu trop repasser quinze fois sur les mêmes événements, pour n’en comprendre les raisons qu’au climax. Certes, cela maintient le suspens, mais par exemple les épisodes 6 et 7 sont un ventre mou terrible, qu’on aurait aisément put regrouper en un seul épisode en coupant au moins la moitié. Alors oui, il fallait assurément garder le monologue de sortie de voiture de Theo en épisode 9, mais pas besoin de la sous intrigue qui allait avec. Pour en terminer sur la narration / écriture / personnages, on pourra aussi trouver le père en deçà, trop enfermé dans des secrets plus nuisibles qu’autre chose.

Parlons enfin du sujet qui pour beaucoup serait principal, mais qui en vrai n’importe pas tant que ça : la gestion de l’horreur. C’est déjà compliqué de maintenir un haut niveau de stresse / peur durant tout un long-métrage, alors sur une série de près de dix heures, ça serait peine perdue. Pour autant, une certaine tension persiste tout du long, avec régulièrement des moments inquiétants, voir terrifiants, et nombre de passages jouent habilement sur la tension de menaces potentielles. Les rares incursions réellement horrifiques sont réussies, la mise en scène étant intelligente, justifiant scénaristiquement une recrudescence surnaturelle la nuit, moment qui déclenche souvent nos plus grandes peurs. Point d’effets spéciaux, que des effets pratiques, rendant les effets en question plus tangibles, et donc potentiellement effrayants. Notons tout de même que la dernière ligne droite sauvera grandement les meubles, les deux derniers épisodes se lâchant enfin avec une grande générosité. Après, sachons raison garder, une histoire de maison hantée, on fera difficilement pire niveau cliché du genre. De même, l’intérêt très variable d’un personnage à un autre, d’un épisode à un autre, joue beaucoup dans la balance. Une belle écriture bien ficelée, un grand savoir-faire et de belles fulgurances, mais pas non plus la claque absolue qu’on m’avait fait espérer.

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