Déjà très présent à Cannes, le film connu une sortie discrète mais très solide pour les rares cinéma le diffusant. Les critiques de la presse furent plutôt bonnes et quelques mois plus tard le film se voyait nominé à pas moins de sept Césars et reparti avec celui des meilleurs costumes. Mais deux choses m’inquiétaient : des spectateurs mitigés et une histoire spéciale.
En effet, le film prend place en novembre 1899 dans l’Apollonide, une maison close parisienne. Tous les soirs, les filles de la maison se font belles, se nettoient, se parfument, et espèrent qu’au milieu de tout ces vieux en manque d’excitation et de chair fraîche, un prince charmant viendra les délivrer de leur sort en les soulageant des dettes qu’elles doivent à leur directrice d’établissement. Mais leur vie n’est que souffrance, maladie et résignation…
L’idée d’un film sur des prostituées au XX° siècle, c’est discutable, le faire l’est encore plus. Avec un tel sujet, on pouvais difficilement y couper, les scènes de nue sont légions et presque toutes en contiennent, rendant le film loin d’être tout public. Cohésion oblige, les actrices sont majoritairement mignonnes et sauf étroitesse d’esprit, la gène ne sera pas rédhibitoire. De plus, l’atmosphère du film étant très travaillé, un possible parallèle pornographique est exclu. Effectivement, outre des musiques pas vraiment d’époque et la présence de tatouages inopportuns, la recomposition historique est excellente entre les décors et les costumes colorés, froufrou et aguicheurs. L’univers est original, bien retransmit – mise en scène très bonne – et intéressant. Et grâce à ces actrices pas trop mauvaises, le film arrive à nous intéresser au destin de ses femmes déchues, et ce malgré un montage boiteux et passablement raté (agencement des scènes parfois hasardeux et réutilisation intempestives de mêmes passages). Malencontreusement, le rythme du film est incroyablement mou et le trop fort nombre de filles de joie nuit gravement à la visibilité. Les personnalités ne sont pas assez tranchées et on ne recensera ni histoires passées ni explications quand à leur avenir. Le plus flagrant étant le mystère total planant au dessus de Pauline. En résulte un côté pas fini assez frustrant. Pire encore, le film se permet bon nombre d’excentricités malsaines tels le coup de Joker ou celui du musée des monstres. Pour un si mauvais sujet, le film semblait s’en tirer remarquablement mais finalement il ne s’agit que d’un brouillon maladroit à l’esthétique parfaite mais aux dérives trop abusives. Seul un psychopathe s’y retrouverait…