Sorti en 2006, le premier Silent Hill est considéré comme l’une des meilleures adaptations de jeux-vidéo tant l’ambiance, l’histoire et l’esthétique sont restés à l’image de leur modèle. Et c’est normal : le développement du film avait été confié à des grands fans des jeux. Mais leur ambition n’eu pas la portée escomptée et les 97 millions de dollars de recettes du film ne suffisait clairement pas pour lancer une suite, d’autant qu’à l’image des jeux, le film n’a pas fait l’unanimité. La volonté de faire une suite était forte, mais les choses ont traîné six ans, avec de lourdes sanctions à la clef : nouvelle équipe et budget fortement amoindri (20 M$ contre 50 pour le premier). Et entre un titre blasant tellement on le voit partout et un apport inutile de la 3D, difficile d’être vraiment optimiste.
Toujours directement inspiré des volets 1 et 3 des jeux, cette histoire prend place des années après les précédents évènements. Apparemment, Rose (Radha Mitchell) et Sharon seraient retourné à Silent Hill, et un talisman aurait permis à Sharon de s’enfuir de ce monde. Et aujourd’hui, Sharon et son père (Sean Bean) vont de ville en ville, essayant d’échapper à la confrérie maléfique de Silent Hill, qui cherche à y rappeler Sharon, qui seule pourrait les libérer de la malédiction de Alessa. Un fardeau qui la pèse de jour comme de nuit où les spectres de Silent Hill la guettent…
Du début à la fin, un même sentiment nous tenaille : il manque un film. L’ellipse qui sépare les deux films est monstrueuse et on n’y comprend plus rien. D’où sort cette confrérie et ses symboles ? Qu’est-il advenu de Rose ? Comment Sharon s’est-elle échappée ? Pourquoi la situation à Silent Hill est-elle toujours aussi critique ? Si petit à petit le film apporte quelques réponses, on a du mal à comprendre ce choix de flou scénaristique. L’histoire est horriblement décousue, et on a presque l’impression que l’héritage du premier film est totalement secondaire : tous les acteurs principaux sont nouveaux, avec Carrie-Anne Moss en nouvelle marâtre. Et si seulement le film faisait preuve d’originalité, mais non : tout est cousu de fil blanc. Et avec un budget divisé par 2.5, l’aspect graphique convaincra beaucoup moins entre une réalisation saccadée, des décors plats, une image sombre et des effets spéciaux trop tape-à-l’œil. Heureusement, les codes esthétiques sont toujours respectés et le bestiaire n’a pas changé, et les apports sont intéressants. La peur et le frisson sont toujours là, aidés par la musique stressante, mais c’est un peu moins psychologique : il manque les alarmes, les oiseaux, le déchirement dimensionnel et ces petits bruits sourds qui rendait le premier film si puissant. L’univers et l’ambiance étant présentes, la majorité des qualités sont de retour, mais entre un scénario dispensable et des airs de série B, cette suite tant attendue déçoit et ne passionnera que les fans hardcore.