Inspirée par le film américain Into the Wild, l’histoire nous plonge au cœur du domaine viticole de la famille Marseul, à Saint Emilion, particulièrement réputé pour ses bourgognes. Menée d’une main de maître par Paul (Niels Arestrup), le père, l’affaire coule des jours heureux, bien que son associé et ami François (Patrick Chesnais) approche de la fin : un cancer du pancréas aura bientôt raison de lui. Martin (Lorànt Deutsch), brillamment ressorti d’une école œnologie, fin commerçant, bon gestionnaire et fraîchement marié à une beauté (Anne Marivin), espère bien reprendre le vignoble de son père Paul, mais en vain. Rejetant son enseignement et son nez d’œnologue, son père le juge en plus indigne de gérer les vignes, incapable de diriger quoique ce soit, minable en affaires, ignare en vigneron, médiocre en ouvrier, et même pas capable d’assurer une descendance. Pour lui, son fils n’est qu’un bon à rien qui ne mérite que sa haine. Désemparé et en colère, le pauvre tente de prouver sa valeur contre vents et marées. Mais quand le fils de François arriva, débarquant de vignobles californiens, ce fut une révélation pour Paul : il sera son fils.
Outre l’aspect viticole du film, l’histoire s’axe principalement autour de cet ordure de père qui essaye de faire passer le goût d’exister à son fils, montant crescendo dans l’horreur de ses propos. Bien structurée et entraînante, cette histoire repose surtout sur ses dialogues, particulièrement violents et acerbes. Humour noir et langage cru donnent le ton : si la dureté des conversations est telle qu’on en rit parfois de par leur envergure et leur impact, l’ambiance est clairement très orageuse. Une instabilité qui provoque un suspense pesant sur l’évolution possible de la situation, tant chaque personnage est capable de tout. Une puissance dramatique renforcée par la force des acteurs, surtout le père, qui arrive à porter son personnage au rang de connard ultime. Mise à part ça, il faut bien avouer que le méli-mélo dramatique familial est un grand classique, et que le domaine viticole ne soit pas non plus d’une extrême originalité. Mais au moins, le réalisateur est allé au bout de son idée, et l’a fait avec brio.