Starship Troopers
1998
Paul Verhoeven
Après avoir marqué les esprits par deux fois avec Robocop et Total Recall, Paul Verhoeven était revenu à la science-fiction sept ans plus tard avec une ambitieuse adaptation de Robert Heinlein sur une immense guerre inter-galactique, budgétisée à un astronomique 105 M$ qu’il peina à amortir (récoltant un médiocre 121 M$), mais les années ont hissé son film au rang de classique du genre, à juste titre.
L’histoire se déroule au XXIV° siècle, alors que l’humanité, dans sa folie colonialiste planétaire, est tombée sur un os : une intelligence extraterrestre proche des insectes, au potentiel cognitif largement sous-évalué, leur causant bien des désagréments. La menace est bien réelle et il faut agir, vite et avec le maximum d’effectif possible. Pour se faire, une large campagne de mobilisation fait appel à la fibre citoyenne du peuple, leur cachant le véritable danger et leur faisant miroiter une dignité sociale infinie. On y suivra les aventures de quatre recrues : Johnny Rico (Casper Van Dien) et Dizzy à l’infanterie, Carmen (Denise Richards) à l’aviation spatiale, et Carl Jenkis (Neil Patrick Harris) à la recherche médicale et scientifique.
Sur le papier, le film est un bijoux sans commune mesure : la combinaison gagnante entre Edge of Tomorrow et La Stratégie Ender, même si les films sont sortis après et que la comparaison marque plus l’inspiration qu’à suscité ce film. Mais la réalité est un peu différente. L’histoire est à la fois excellente et mal gérée, travaillant énormément sur les raisons de cette guerre mais négligeant totalement l’historique de la rencontre extraterrestre, même si cela permet d’affronter un ennemi dont on ne sait rien, renforçant l’immersion de part la proximité avec le point de vu des héros. Un problème de fond délaissé pour la forme qu’on retrouve presque partout, notamment pour le casting, exclusivement basé sur le physique aux vus des prestations. Sauf que voilà : la forme n’est pas si bonne que ça. L’entraînement militaire, les assauts et les relations entre les personnages s’en sortent, mais graphiquement le film a presque deux décennies de retard. Pour un film sorti à la fin des années 90, avec un budget si massif, c’est carrément honteux de ne pas être capable de faire des flammes convenables, des détonations d’armes réalistes, sans parler des aliens passablement ratés au niveau des textures et de l’incrustation sur image. On pourrait aussi avoir à redire sur les erreurs logistiques propres à la température dans l’espace, ou sur le gore propre au réalisateur, grand amateur de démembrement, mais pourtant le film reste très bon. Malgré l’absence de talent des acteurs, leurs personnages sont attachants, on s’identifie sans mal, l’ambiance est excellente, l’humour ravageur et omniprésent, et au fond ça reste de la bonne grosse guerre d’envergure. Kitch et complètement dépassé, le film n’en reste pas moins distrayant et cohérent dans ce qu’il propose, c’est-à-dire une satyre sur l’armée carrément barrée. Par contre ne comptez pas sur moi pour les deux pseudos suites, même si le troisième reprend le personnage principal de celui-ci, étant considérés comme des étrons impardonnables.