Calvary
2014
John Michael McDonagh
Irlande, terre de communistes extrémistes religieux, abritant en plus un nombre d’alcooliques qui avoisine celui de la population, enfants compris. Un territoire d’autant plus inhospitalier pour les étrangers, fléau combattu avec la plus grande fermeté, sauf pour celui qui saura se montrer généreux. Bref, de francs camarades avec qui il fait bon vivre, et un film cynique sur cette civilisation atypique avait de quoi convaincre.
Dans une ville où seule l’église rassemble l’ensemble de ses habitants, le père James (Brendan Gleeson) y est donc l’homme le plus important, influant. Nombre de personnes comptent sur lui, et tout le monde le respecte. Pourtant, un beau matin, un homme est venu lui parler, lui avouant son passé trouble, sa quête de vengeance et ce qui pourrait l’apaiser : sa mort. L’idée d’abattre un homme d’église de valeur serait pour lui un séisme délicieux, et à la fin de la semaine il passera à l’acte, histoire de laisser le temps à sa victime de mettre de l’ordre dans sa vie.
Mon dieu quelle déception ! En admettant qu’on ne remette pas en cause le principe arbitraire premier, rien ne nous satisfera vraiment, que ce soit la remise en ordre ou l’ambiance du film. Dans un rythme des plus mollasson, on suivra le vieil homme prodiguer ses derniers conseils, tenter de résoudre les problèmes insondables d’une ville corrompue jusqu’à l’os, aux dérives aussi nombreuses que les habitants. Une liste exhaustive mais presque jamais intéressante, multipliant les personnages anecdotiques dont l’utilité est discutable. Mais le vrai problème vient de la forme du récit, très loin de la piquante et noire comédie, celle qui ose et qui profane tout. C’est juste gentillet, doucement provocateur, mais n’allant jamais jusqu’au bout des choses. Une ébauche, une veine tentative qui n’abouti finalement nulle part, ne tirant d’autres leçons que « monde de merde ». Un film vain et assez ennuyeux.