Pixels
2015
Chris Columbus
Le marché du jeux-vidéo prend de plus en plus d’ampleur, avec aussi un important marché du retro-gaming, rendant hommage aux tout premiers jeux des années 80-90, donnant quelques idées aux producteurs de cinéma. Après le décevant Les Mondes de Ralph, pas terrible tant en terme de scénario que de direction artistique, les figures emblématiques des premières bornes d’arcade sont de retour pour une comédie déjantée signée Chris Columbus, à qui l’on doit nombre de films particulièrement populaires. Mais dans un été surchargé où les succès surprises sont nombreux et retentissants, pas sûr que le film trouve sa place, surtout en France où l’acteur principal n’a jamais atteint le demi-million d’entrées, un fait des plus inquiétants.
Comment justifier le fait que le monde soit attaqué par des pixels (enfin techniquement ce sont des voxels) à l’effigie de nos anciens jeux-vidéos ? Eh bien ici, on part du principe que, pour montrer toute l’étendue de notre culture, des films des championnats du monde de borne arcade de 1982 ont été envoyés dans l’espace à l’intention de potentielles races aliennes. Le problème, c’est que l’une d’elles les a trouvé, et l’a prit comme une déclaration de guerre, et va alors lancer une attaque contre la Terre en donnant vie aux jeux. Pour les contrer, le président des Etats-Unis (Kevin James), encore et toujours le seul pays concerné par une attaque d’ordre mondial, va envoyer au front les meilleurs joueurs au monde (étrange de ne pas y voir au moins un japonnais, chinois ou coréen, de loin les meilleurs joueurs au monde) : son ami Sam Brenner (Adam Sandler), l’exterminateur (Peter Dinklage) et le génie (Josh Gad).
Qu’il est difficile de dresser un bilan de ce film… D’un côté, on a des scènes d’actions super entraînante avec une représentation grandeur nature très réussie des jeux dont s’inspire le film, notamment Centipede, Donkey-Kong et Pac-Man, avec aussi des clin d’œil amusants à Space Invaders et Balistic, mais d’un autre on se paye un scénario franchement bidon, avec des gags bien gras, de grosses facilités, des acteurs mauvais (malgré la présence de Michelle Monaghan, Sean Bean, Brian Cox ou encore Ashley Benson) et un hommage au jeu-vidéo nuisible. Comme toujours, on se traîne les éternels clichés du genre, comme le fait que cet hobby concerne plus les jeunes et fait souvent preuve de violence « choquante », et les adultes qui y jouent sont des asociaux, pauvres, parfois encore chez leurs parents, mal fagotés, gros et avec une longue tignasse. Bref, le cliché ambulant du nerd, et ça saoule. De même, le côté « stage » de l’avancement n’est pas respecté, et on regrette que la mise en scène n’ait pas plus tenu compte du support d’adaptation. Visuellement le film est souvent grandiose, et on sent que le budget ne fut clairement pas un problème, mais la réalisation reste classique et le mariage artistique est un peu bâtard. De même, l’écriture du film est carrément un gros foutage de gueule, s’en battant royalement de la logique et de sa propre cohérence, s’arrangeant constamment pour faciliter au mieux l’avancement quitte à faire évoluer certains points totalement gratuitement. Du divertissement très bas de plafond donc, qui ne fera même pas tellement plaisir aux fans de jeux-vidéos, qui se retrouveront peut-être même insultés par le portrait dressé du joueur type, mais ça reste du blockbuster de qualité, qui contrebalance ses faiblesses d’écriture par des gags et du visuel, et les moins exigeants s’y retrouveront tout de même. Pas le film qu’on attendait, mais du bon divertissement fun et dynamique.