Merlusse
1935
Marcel Pagnol
À l’image de Jofroi, ce film est aussi un moyen-métrage écrit et réalisé par Marcel Pagnol expressément pour le cinéma, reprenant un thème qui lui est cher et qui fait parti intégrante de chacune de ses œuvre : les préjugés et l’absence de communication qui entraînent le malheur de tous.
Prenant place dans ce qui était à l’époque le seul lycée de Marseille, le film raconte la pénible veille de Noël des oubliés et des indésirables. Certains élèves y étaient placés en pensionnat et quelque uns n’ont pas eu la chance de retrouver leur famille pour les fêtes de fin d’année, devant même, comble de l’horreur, supporter « Merlusse » pour leur dernière soirée d’étude. Derrière ce surnom peu affectueux, une barbe pouilleuse et un cache-œil de borgne pourrait pourtant se cacher le plus brave d’entre nous.
En plus de nous proposer de retrouver l’espièglerie de la jeunesse de l’époque qui nous avait tant fait aimer l’écrivain avec ses autobiographies, le film met en exergue les préjugés de tous, que ce soit la naïveté des plus jeunes ou l’aigreur des plus vieux. Derrière la tragédie de l’isolement et de l’abandon, l’auteur arrive à en dégager de l’humour et de l’émotion par le biais d’une morale très belle et touchante. On tient presque là une version inversée de Scroodge, ce qui ne dénote pas forcément d’une grande originalité, mais qu’importe si le message passe.