Elle
2016
Paul Verhoeven
Une adaptation française d’un roman français avec des acteurs et actrices français on ne peut plus classiques, jusque là rien d’anormal, mais quand on voit que le réalisateur néerlandais Paul Verhoeven se tient derrière la caméra à près de 80 ans après dix ans sans n’avoir rien réalisé, l’attraction du projet s’en décuple tout naturellement. Il faut dire qu’un roman un peu osé adapté par celui à qui l’on doit Basic Instinct et Showgirls, ça met l’eau à la bouche. D’ailleurs, à sa sortie le film n’a pas manqué de faire parler de lui entre une forte présence à Cannes et des critiques particulièrement enthousiastes. Avec la période des cérémonies close, on peut là aussi tirer un bilan très positif entre des nominations de partout à l’international et un sacre à domicile entre le César du meilleur film et celui de la meilleur actrice. Et pourtant…
Dans une banlieue pourtant tranquille de la bordure parisienne, une sexagénaire du nom de Michèle (Isabelle Huppert) va être agressée et violée chez elle. Un drame qu’elle ne relèvera pourtant pas, n’en parlant pas même à la police, se contentant de reprendre simplement sa vie normale. Mais voilà, entre un traumatisme d’enfance refaisant surface et un violeur visiblement très satisfait qui va reprendre contact avec elle, sans compter les tracas du quotidien, y trouver l’équilibre et la santé d’esprit ne sera pas aisé.
Il faut vraiment le savoir pour le croire. En sortant du film, difficile de sentir la patte d’un grand réalisateur d’Hollywood tant le film ressemble à bien d’autres productions françaises, que ce soit en terme de mise en scène ou d’histoire. Sous le couvert du vieux fantasme du viol, le film n’est qu’une succession de banalités et de gros clichés entre la grand-mère qui se paye un gigolo, l’ex-mari (Charles Berling) qui se ramène avec une petite jeune (Vimala Pons), le fils transit d’amour pour une folle hippie tyrannique (Alice Isaaz), la chef d’entreprise détestée par ses employés, la sale liaison avec le mari de la meilleure amie ou encore le classique fantasme sur le voisin (Laurent Lafitte), pourtant marié (avec Virginie Efira). Vu le casting assez dingue du film, bien que pas tous très convaincants, on s’intéresse sans mal au devenir de chacun, pour autant ça reste lassant de classicisme et de prévisibilité puisque même l’identité du violeur saute très rapidement aux yeux. Pour ce qui est de la perversion, le film reste très superficiel, la brutalité s’arrêtant dès la mise en four. Il faudra repasser donc pour espérer choquer un tant soit peu la ménagère qui a pourtant tendance à s’exciter pour un rien (50 Nuances de Grey). Un drame humain comme on en voit tant, certes assez bien fait mais en rien révolutionnaire ou ne serait-ce que spécialement osé.