Le Placard

Le Placard
2001
Francis Veber

De temps à autre les français se ruent sur une comédie bien basique sans qu’un soupçon de piste ne se dégage. Il y a de ça plus de dix ans, plus de cinq millions de spectateurs se sont jetés sur ce film au pitch bien gras et au résultat qui n’avait pourtant pas convaincu grand monde. À moins qu’à «l’époque» rire sur l’homophobie était d’un niveau de provocation inédit, un peu comme Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? avec le même problème à l’arrivée : le film est exactement ce qu’il dénonce.

Grande tradition du réalisateur pour les têtes de turc qui se font victimiser au cinéma, le film met en avant un François Pignon (Daniel Auteuil) qui va apprendre par un concours de circonstances que son poste est plus que menacé : son renvoi est acté. Désespéré et voulant en finir entre son licenciement, son divorce et son fils qui le rejette, il sera secouru par un voisin qui lui soumettra une idée qui pourrait le sauver. En faisant son coming out, le virer reviendrait à un crime homophobe. Il va donc décider de sortir du placard.

Quand on touche à un sujet polémique, taper dedans en donnant dans le graveleux n’est pas tout à fait ce qu’on pourrait qualifier d’approche subversive. Ah c’est sûr qu’avec Thierry Lhermitte qui transforme un bourru de Gérard Depardieu en petit être sensible à grand coup d’endoctrinement, ça n’est pas gage de finesse. Bon, le principe est marrant deux minutes et le casting est dingue avec en prime Michèle Laroque et Jean Rochefort, mais difficile de faire l’impasse sur les innombrables problèmes. De un le film parle d’homosexualité sans qu’il y ait d’autre représentant que le voisin, dont on ne sait presque rien au final, de deux le film appuie trop sur les barrières psychologiques et ne parle que des à priori, et de trois l’écriture des personnages est médiocre. Le héros a une vie lambda, les autres ne sont pas développés voir oubliés en cours de route, oubliant ou se foutant de leurs enjeux personnels. Le sujet de base est sympathique et assez bien exploité avec quelques gags efficaces, mais c’est d’une telle paresse qu’on ne peut tout excuser.

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