L’Emmerdeur
1973
Edouard Molinaro
En 2008 sortait un remake de ce « classique » du cinéma français, un film qui fut assez largement démonté tant par la presse que les spectateurs. Pourtant, je me souvient qu’à l’époque je l’avais particulièrement bien apprécié, mais il est vrai que c’était deux ans avant la création du site et les quelques 2195 critiques de films qui ont exercé mon sens critique et décuplé mes exigences. En toute logique, si ce qui était considéré comme une « pale copie » m’avait bien plu, l’original qui fut adulé allait forcément me convaincre d’autant plus.
Engagé comme tueur-à-gage pour éliminer un ministre encombrant, Ralf Milan (Lino Ventura) pensait avoir tout prévu : le transfert à Montpellier, l’heure et l’emplacement, l’hôtel qui surplombe le bon endroit et la chambre dont la fenêtre donne du bon côté. Il n’avait qu’à attendre tranquillement et faire feu au bon moment. Seulement dans la chambre voisine, un certain François Pignon (Jacques Brel) qui ne supporte plus de vivre suite au départ de sa femme va tenter de mettre fin à ses jours. Quand un membre du personnel va parler d’appeler la police pour s’occuper de lui, Ralf va paniquer pour sa mission et décider de prendre le pauvre homme en main, loin de se douter des emmerdes qui allaient pleuvoir.
L’opposition entre un tueur froid et un dépressif emmerdeur était gageure sur le papier, mais en réalité cela ne marche pas. Le seul emmerdeur de l’histoire, c’est le scénariste, nous pondant des réactions invraisemblables où les personnages décident d’eux-même de s’emmerder tout seul. Certes, le bougre est un peu envahissant et bavard, mais uniquement parce qu’on le laisse faire, voir qu’on l’y encourage. Certains pans entiers de l’histoire ne reposent sur rien, comme par exemple le coup de la piqûre (est-il le seul docteur au monde ?). En revanche, alors qu’il survient sur le tard, c’est à peu près le seul moment amusant du film avec le pilotage de rallye et le carnage à l’institue. Pour une comédie c’est alarmant et pourtant vrai : pratiquement aucun gag du film ne fait ne serait-ce que sourire, se vautrant longuement dans l’immobilisme et trouvant le moyen d’être quasi immédiatement redondant. Et alors qu’on pouvait espérer une légère embellie tardive, le film dérape complètement dans sa dernière ligne droite et nous pond une fin aussi stupide qu’indigeste. En fait l’emmerdeur, c’est le film.