3 Billboards, Les Panneaux de la vengeance

3 Billboards, Les Panneaux de la vengeance
2018
Martin McDonagh

Très sérieux candidat pour les prochains Oscars où il est nominé dans les principales catégories, le film a déjà obtenu de nombreux prix aux cours des précédents festivals, notamment celui du meilleur film dramatique aux Golden Globes. Quant à son casting, il est constamment encensé. Plus fort encore, le film a même réussi à transformer son succès critique en succès commercial, pouvant espérer engranger plus de 100 M$ dans le monde en fonction du nombre de prix qu’il recevra le 4 mars prochain. Attention à ne pas y placer trop d’espoir toute fois, d’autres candidats bien plus méritants concourent aussi pour la statuette suprême.

Quand un système est défectueux et qu’on ne peut soi-même pas le changer, peut-être que quelqu’un d’autre le pourra, mais encore faut-il que cette personne soit avertie du problème. À force de passer devant tous les jours, Mildred Hayes (Frances McDormand) va avoir l’idée de louer les panneaux publicitaires à l’entrée de sa ville pour dénoncer l’inaction des services de polices qui n’ont pas fait grand chose depuis le viol et le meurtre de sa fille, tout spécialement le shérif Willoughby (Woody Harrelson). Une action qui fera grand bruit et qui ramènera l’attention sur elle.

Si on s’y penche deux minutes dessus, le scénario n’a rien de spécialement recherché : il s’agit simplement d’un revenge-movie où une mère tente de faire bouger les choses tant la mort de sa fille ne semble pas intéresser la police locale. Et là vous vous dites, « oh mon dieu mais c’est l’un des leurs qui a fait le coup ! ». Et là je dis doucement apprenti détective en herbe, il ne faut jamais sous-estimer l’immobilisme administratif et encore moins l’incompétence de la police américaine, une référence en la matière. Et de toute façon ça n’est pas vraiment le propos du film. Plus qu’une enquête, le film est avant-tout un tableau qui dépeint la vie d’habitants perturbés de la petite ville reculée de Ebbing dans le Missouri. Et c’est là la vraie force du film, ses personnages. En plus de nous offrir des dialogues d’une rare saveur, pouvant te ponde une fable inspirante de cinq minutes pour en venir à la conclusion que ferme ta gueule et dégage, le film possède une écriture exceptionnelle qui se retrouve aussi dans ses personnages, tous très forts et atypiques. Enfin non, pas le nain qui est un simple nain osef, pauvre Peter Dinklage… Hormis lui, les autres sont donc passionnants (comptant parmi eux Lucas Hedges et Abbie Cornish) et l’héroïne et le demeuré policier incarné par Sam Rockwell sont tous les deux extrêmement bien parti pour décrocher une statuette, surtout lui. Mais il n’est pas le seul du casting à avoir décroché une nomination pour le meilleur acteur secondaire, Woody Harrelson s’y trouve lui aussi et pourrait créer la surprise tant sa performance est presque aussi bluffante. Un travail de fond plus que de forme et c’est très louable, mais pour prétendre marquer durablement le paysage cinématographique il faut plus qu’un traitement déstabilisant. L’enquête aurait mérité plus de soin et l’utilisation des fameux panneaux n’évoluera malheureusement pas. La plongée à Ebbing est forte et le casting incroyable, mais on est loin d’une claque à la Blade Runner 2049.

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