Le Petit Spirou
2017
Nicolas Bary
Rah mais non ! Excellente BD retraçant la jeunesse d’un personnage aussi insipide que Spirou, pseudo aventurier qui n’en a ni l’âme ni le charisme, Le Petit Spirou arrivait à rendre magique un héros qui n’en était pas un, tout le monde préférant son écureuil. (Bon je généralise un ressenti personnel, mais je vois mal comment on peux l’apprécier en tant que personne) Mélange d’humour noir et potache, la BD était d’une rare efficacité, comblant petits et grands en faisant à la fois des gags visuels et du bien salace irrévérencieux. Mais comme d’habitude avec les adaptations françaises, le massacre sera total.
Normalement axé autour des bêtises du futur groom et de son envie de jouer au docteur avec Suzette, le film nous fait croire qu’il prépare justement une fugue avec cette dernière pour échapper à son morne avenir piégé dans un ascenseur (d’ailleurs le film est totalement illogique avec lui-même puisqu’il parle du métier de groom d’antan tout en plaçant l’histoire dans une époque contemporaine). En réalité il n’en sera rien puisque sur 1h20 de film, il faudra attendre le dernier quart d’heure pour que les choses bougent un chouia, mais de façon anémique. En guise de scénario en mousse, il faudra donc se contenter de l’élaboration du plan, ponctué par les pitreries du grand-père (Pierre Richard), les sauts d’humeur du dépressif et repoussant prof Mégot (François Damiens) et les pathétiques séances de divination d’une quasi prostituée (Armelle).
Le film avait un potentiel indéniable : le matériau de base est solide, l’idée d’une fugue romantique avec Suzette était sympa et le casting correspond bien physiquement. Seulement voilà, l’humour ne tient pas une seconde la comparaison, oubliant totalement tout ce qui plaisait au public adulte pour en faire que des blagues du niveau pipi-caca. Pour ce qui est de la fugue, calamiteuse à se mettre en place, elle n’apportera plus rien tant elle arrive trop tard, les enjeux étant déjà tous résolus. Et puis tu parles d’une fugue… On est presque au niveau de « mon dieu il a fugué dans le jardin ! ». Quant au casting, on est en roue libre totale : les adultes cabotinent et les enfants bafouillent dans leur coin, peinant à sortir des sons audibles. En terme de réalisation et d’ambiance, on reste là aussi sur un encéphalogramme plat, créant même de grands moments de malaise avec notamment le pitoyable « combat » entre le papy et Mégot. Je regrette presque de ne pas l’avoir vu au moment de sa sortie tant il aurait mérité une place de choix dans mon top des pires films de l’année.