Naruto The Last

Naruto The Last
2015
Tsuneo Kobayashi

Sans même parler de la manne financière colossale que représentait – et du coup représente toujours – Naruto, quand on couve une œuvre depuis tant d’années, il est difficile voir impossible de s’en défaire totalement. Sachant que la fin du manga papier datais de seulement deux semaines avant la sortie du film (au japon) et que le temps nécessaire à la production d’un film d’animation est de minimum un voir deux ans, et qu’ensuite le film Boruto a suivi à peine quelques mois après, on se doute que la fin du manga Naruto n’a jamais eu l’intention de signifier l’arrêt de l’univers, loin s’en faut. D’autant plus que si jusqu’à présent les différents films issus du manga qui sortaient chaque année n’avaient « aucune valeur » dans la mesure où ils n’étaient pas considérés comme appartenant au même univers, cette fois pour la toute première fois, l’histoire racontée était écrite pas l’auteur du manga en personne, l’incluant donc officiellement dans la continuité du manga. Reste un problème de taille : Naruto Shippuden. En effet, à force de faire n’importe quoi et de nous refourguer des épisodes fillers (Hors Série) de partout, l’anime a au final accumulé plus de deux ans et demi de retard sur le manga papier, et mise à part la dernière poignée d’épisodes sur la préparation du mariage, l’intégralité du film se passe après l’anime. Donc pour un film reprenant les doubleurs et les idées visuelles concrétisées par l’anime, se passer après des événements qui seront diffusés des années après est une hérésie. Mais soit…

Apparemment pas totalement fini, l’arc sur la princesse Kaguya vient trouver là un nouvel écho. Le frère du Rikudo Sennin s’était apparemment exilé sur la Lune pour surveiller la prison de sa mère, et pour son dernier descendant encore envie, Toneri, le coup d’éclat de Zetsu noir, fils de Kaguya, qui avait réussi à briser le sceau et ramener sa mère, est la preuve que la doctrine du Rikudo a ses limites. L’espèce humaine est faible, et pour être sûr que le problème ne se représentera plus jamais, Toneri va décider de ni plus ni moins que d’anéantir tout le monde en envoyant s’écraser la Lune sur Terre. Ayant besoin du pouvoir des Hyuga – possédant le Byakugan de Kaguya – pour son œuvre, il va alors kidnapper la sœur d’Hinata et tenter de s’en prendre à cette dernière. Accompagnée par Naruto, Sakura, Saï et Shikamaru, elle va partir pour une mission de sauvetage de sa sœur, et par là-même du monde entier.

Alors que Naruto a traversé tant d’épreuves aux côtés de Sakura qu’il a aimé pendant tant d’années, la romance avec Hinata, bien qu’amorcée depuis le tout début, n’a jamais vraiment convaincu. Le personnage n’a presque jamais eu d’importance dans l’histoire et elle aura été absente d’une très grande partie de Naruto Shippuden. Le sel de leur relation n’aura eu que deux moments forts : le moment de bravoure d’Hinata face à Pain puis un autre moindre durant la 4° Guerre. L’histoire de Toneri n’est en fait ici qu’une simple toile de fond, le vrai sujet du film étant en réalité la relation entre Naruto et Hinata. Et heureusement d’ailleurs, le méchant étant stéréotypé à souhait, son background quasi inexistant et la façon dont le tout se termine laisse perplexe, nous faisant croire qu’une autre forme final au boss allait apparaître au moment fatidique. Un prétexte extrêmement bancal donc, mais le reste est magistral. Retraçant via des flashbacks revisités tout ce que les deux ont vécu ensemble en parallèle de l’histoire, le film arrive à donner de la crédibilité à cette flamme et pourquoi ça ne pouvait être personne d’autre. La sincérité et la poésie qui s’en dégagent sont magnifiques, les musiques sont sublimes, et jamais le manga n’avait eu droit à un traitement visuel pareil. La qualité de l’animation est d’un niveau inédit, chaque image regorgeant de détails et de jeux de lumière, le tout dans une fluidité qui fait un bien fou. Le film a même l’intelligence et l’audace de rappeler les faits importants de l’intrigue du manga liés à cette nouvelle aventure, le tout dans un mélange magnifique entre du théâtre d’ombre et de l’encre se répandant dans l’eau. Dommage qu’en dehors des deux tourtereaux le scénario soit si faible et que Sasuke continue de se tapir dans l’ombre, sans compter le mariage simplement esquissé via un diaporama en générique de fin. Toujours pas de fin digne de ce nom pour le manga, mais le film apporte une réponse magnifique à un manque impardonnable et s’impose comme une romance touchante et réussie.

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