Bumblebee
2018
Travis Knight
On pensait la saga Transformers invincible, destinée à perdurer pour des décennies, au point que quand le très décrié 4ème opus a dépassé comme son prédécesseur le milliard dans le monde, une équipe de scénaristes a été formée pour étendre l’univers avec des suites mais aussi des spin-off. Alors que celui était déjà en route, l’impossible arriva : le cinquième opus, le plus cher de tous avec 217 M$ de budget brut, récolta à peine la moitié de son prédécesseur, entérinant des ambitions visiblement trop grandes. Pourtant, sans valoir l’affrontement au sommet de La face cachée de la Lune, The Last Knight proposait les visuels les plus intéressants de la franchise, et sa seconde moitié était plutôt excellente, laissant entrevoir un sixième volet dantesque, bien que de belles pistes plus intelligentes et profondes aient été abandonnées. Au milieu de cette grande fresque démesurée qui a malheureusement perdu son public en cours de route, ce spin-off avait des airs de tout pour le tout : soit le naufrage allait être consommé, soit une renaissance allait en naître.
Prenant place dans les années 80, le film nous propose donc de découvrir ce qu’il est advenu du robot jaune emblématique Bumblebee avant sa rencontre avec Sam dans le tout premier film de 2007. Échappant à la guerre sur Cybertron, il avait pour mission de partir en reconnaissance sur la Terre et y implanter une base pour les Autobots. Seulement les Decepticons, sortis victorieux de la guerre et traquant leurs ennemis ayant survécu, avaient réussi à retrouver sa trace, l’ont terrassé et laissé pour mort. L’histoire du film prend place quelques années plus tard alors que la jeune Charlie (Hailee Steinfeld) va trouver une vieille épave de coccinelle qu’elle va remettre sur pied, épave qui va s’avérer être nulle autre que Bumblebee.
Un jeune, une vieille voiture qui est en réalité Bumblebee, l’affrontement Autobots / Decepticons : si la formule semble familière c’est tout simplement parce que c’est celle du premier épisode de la saga, d’autant que dans les deux cas l’ado est marginal et le robot deviendra rapidement son meilleur ami. Les 20 ans qui séparent les deux histoires n’ont pas un impact si important en terme d’ambiance, donc très vite l’intérêt de ce nouveau film se pose. Ce qui change vraiment, c’est la façon de faire et l’équilibrage. En effet, le style démesuré et cartoon du premier film semble bien loin, l’humour est ici plus léger, moins présent, se recentrant sur du drame humain et prenant bien plus le temps de développer ses personnages et les relations de chacun. Là où le premier accordait une bonne moitié à l’action avec des affrontements opposant une bonne dizaine de transformers, ici moins du tiers du film y est consacré et seuls deux decepticons viendront pour mettre à mal le pauvre Bumblebee, pour qui le premier contact avec nos congénères ne sera pas tendre. Un film moins tape à l’œil, avec moins d’enjeux d’envergure mais plus d’enjeux humains et une mise en scène mieux maîtrisée. Certes moins spectaculaire mais plus propre et lisible. De même, la jeune Hailee est plus dans la retenue et sa prestation impressionne, arrivant malgré sa grande indépendance et force de caractère à faire preuve d’une grande sensibilité à fleur de peau la rendant complètement irrésistible. Sa connexion avec le robot marche très bien, l’ambiance 80 est discrète et le film ne mise pas tant dessus, les personnages sont bien écrits, la réalisation passe bien et les FX font le taf et offrent du grand spectacle sans avoir besoin de partir autant dans le grandiloquent. Bref, le film corrige à peu près tous les défauts de la saga et pose de solides bases sur lesquelles le studio devrait miser s’il veut retrouver les grâces du public puisque le film a obtenu les meilleurs critiques depuis ses débuts. Personnellement j’avais réussi à passer outre l’humour abrutissant des premiers pour me concentrer sur un spectacle dantesque prenant une envergure magistrale dans le troisième volet, et si dans le futur la qualité de réalisation de Bumblebee pouvait se conjuguer avec l’envergure des précédents, l’avenir de la saga pourrait être rayonnante.