Pokémon le film

Pokémon le film
2000
Kunihiko Yuyama, Michael Haigney

Sorti en 1998 au Japon, le film est arrivé au sommet de la gloire de la franchise. La première génération de jeux sur Gameboy (rouge, bleu, vert, jaune) s’était écoulée à plus de 46 millions d’exemplaires, alors que par la suite la seconde génération peina à atteindre la barre des 30, et les suivantes oscillèrent autours des 20 millions d’exemplaires avec selon les générations trois ou quatre jeux (seuls X et Y n’ont pas eu de suite ou de best off derrière). Côté cinéma, l’essoufflement fut encore plus violent, car si les deux premiers ont atteint les 160 M$ dans le monde, le troisième n’en fit même pas la moitié, et depuis le quatrième, à l’exception du 20ème Je te choisis (reboot célébrant les 20 ans de la franchise) qui a fait grosso modo 40 M$, les 17 autres films ont tous rapporté entre 15 et 30 M$ selon les cuvées, soit à peine de quoi amortir le budget. Il faut dire que très vite les films n’ont été que des tremplins pour présenter des pokémons légendaires des prochaines ou actuelles générations, soit des gros coups de pubs plus destinés à faire vendre des produits dérivés que le film en lui-même. Et vu comment je m’étais rué sur la VHS du film à l’époque pour avoir ma carte collector Mewtwo, c’est ce qu’on appelle du marketing efficace.

Avant de devenir une grosse blague où chaque génération possède une douzaine de pokémons légendaires dont moins du tiers sont disponibles dans le jeu (il fallait donc tricher ou se rendre dans un endroit spécial avec du matos spécial pour envoyer des données événements dans sa cartouche), il fut un temps où ils n’étaient qu’une poignée, même si tous les avoir était impossible. Dès le premier jeu, Mew était l’objet de toutes les rumeurs et personne n’arrivait à mettre la main dessus, tandis que dans la seconde génération Célébi n’était même pas trouvable dans les versions non japonaises. Ce premier film fait donc la part belle à Mew et Mewtwo, deux des cinq légendaires des 151 premiers pokémons (les trois autres étant les oiseaux mythiques). Fait caché dans la VF censurée, l’origine du film provient de la volonté d’un chercheur voulant ramener sa fille disparue à la vie grâce au clonage, et pour financer ses recherches il va faire équipe avec le terrifiant Giovanni, chef de la Team Rocket, à qui il va promettre Mewtwo, clone du plus puissants de tous les pokémons, Mew. Incapable de trouver un sens à sa vie, Mewtwo va se retourner contre ses créateurs et s’isoler sur une île perdue, celle sur laquelle il a été créé, et pour pallier à son ennui et se prouver à lui même sa supériorité, il va y convier les meilleurs dresseurs, dont Sasha.

Passons vite fait sur la censure, une excellente piste ne menant nulle part. Lors de son enfance dans la cuve, Mewtwo va communiquer par télépathie avec trois autres sujets en cuve : le clone de la fille disparue, ainsi qu’un salamèche, un carapuce et un bulbizarre. Seulement contrairement à lui, ses quatre camarades ne vont pas survivre aux phases de test, le plongeant dans une profonde tristesse. Or pour le calmer, les scientifiques vont lui effacer la mémoire et il ne sera plus jamais fait mention de ces événements, tout juste se dit-on qu’il a préalablement créé des clones de dracaufeu, tortank et florizard  inconsciemment en souvenir de ses amis disparus. C’est donc du pathos complètement vide, et on comprend pourquoi la France a coupé le passage puisque cela enlève aussi un soupçon d’attachement au scientifique en chef, nous mettant donc plus en phase avec Mewtwo, donnant donc plus de légitimité au « méchant » de l’histoire. Dans son ensemble le scénario est horriblement plat, le débat philosophique est creux, et les quelques visuels sympas ne rattrapent pas assez cette histoire expédiée en 80 minutes et dont les fils conducteurs ne reposent sur vraiment pas grand chose. Dire que j’en avais un excellent souvenir et que je croyais que le niveau était bien meilleur au début… Ah qu’elle était belle cette carte collector !

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