Shutter Island
2010
Martin Scorsese
Vu il y a presque dix ans maintenant lors de sa sortie en salle, le film n’était jusqu’alors pas passé par la critique, le site ayant été mis en ligne à la fin de son année de sortie. Deuxième plus gros succès de l’histoire du réalisateur Martin Scorsese (troisième en terme d’entrées), le film avait fait grand bruit à l’époque, mais pas de récompenses à la clef, la faute à des tensions entre la réalisateur et le studio, qui reporta le film pour l’écarter de la course aux Oscars.
Le film se déroule dans les années 50 alors que Edward Daniels (Leonardo DiCaprio), ex soldat durant la Seconde Guerre Mondiale devenu Marshall, va se voir attribuer une affaire de disparition : celle de Rachel Solando (Emily Mortimer), patiente très dangereuse de l’asile de Shutter Island. Il sera épaulé par un autre Marshall pour mener l’enquête, Chuck Aule (Mark Ruffalo).
Le film fait-il parti de ceux dont connaître la fin rend un second visionnage moins intéressant ? Assurément pas, les indices disséminés sont trop gros, et on aura tôt fait de comprendre de quoi il retourne, à quelques nuances près. C’est assurément le point le plus dommageable du film tant cela pèse sur les enjeux, car très vite on s’intéressera plus à comprendre les messages cachés qu’à réellement suivre l’enquête sur la conspiration. C’est d’autant plus regrettable que le film met en parallèle les horribles expériences menées par les nazis durant la guerre avec celles des autres pays, faisant comprendre que le mal ronge n’importe qui et n’importe où. Mais finalement l’histoire n’est pas si importante, le film étant surtout une ambiance, une atmosphère pesante avec un cadre cauchemardesque d’une île secrète abritant un asile expérimental intriguant, le tout durant une terrible tempête quasi apocalyptique. La photo est magnifique, les décors angoissants, et mieux encore, le casting est juste fou, avec en prime Ben Kingsley, Michelle Williams, Jackie Earle Haley et Max von Sydow. Plus encore, j’ai découvert que le thème incroyable – et le mot est faible – de Premier Contact avait été composé pour ce film, mais très loin de s’en servir à son plein potentiel, tout juste le distingue t-on en fond à deux petites reprises. Reste un dernier bon point sur le scénario : le film se distingue du livre dont il est l’adaptation en se refusant à la frustration d’une fin ouverte, tranchant avec une rare finesse et un jeu d’acteur bluffant. Le film est donc très bon, mais pour ma part le scénario est peu trop évident pour crier au génie ou s’enthousiasmer outre mesure.