La Favorite

La Favorite
2019
Yórgos Lánthimos

Grand favoris des derniers Oscars sorti un peu tard en France, le film avait tout pour me plaire : un casting alléchant, le genre d’époque que j’affectionne tout particulièrement, et un style un peu décalé avec le réalisateur du surprenant et génial The Lobster. Nominé dans quasiment toutes les catégories, le film n’a eu que la récompense pour son actrice « principale » (techniquement je trouve qu’Abigail est largement plus l’héroïne du film que la reine), mais il n’empêche que la curiosité était là.

Prenant quelques libertés avec l’histoire, le film nous place au début du XVIII° siècle alors que l’Angleterre et la France sont en guerre. Chez les britannique la situation est critique, le pays est genou, la famine fait rage et les taxes pour financer la guerre divisent un pays à l’agonie. Fille d’un noble ayant tout perdu et qui a fini par se tuer, Abigail (Emma Stone) va alors mendier un travail auprès de sa cousine Lady Sarah (Rachel Weisz), qui se trouve être la Favorite de la reine Anne (Olivia Colman). De nature battante, Abigail va tout faire pour retrouver sa noblesse d’antan en s’attirant les faveur de la reine.

Ne tournons pas autour du pot : je suis tombé de haut. Persuadé de voir à minima un très bon film, j’ai dû reconnaître quasi d’emblée que ce film n’a aucun sens sur strictement aucun point. Historiquement, le comportement des femmes est une aberration entre un grand libertinage et un pouvoir décisionnaire total. Les hommes sont des lavettes, les femmes des battantes qui décident de tout. Au XVIII° siècle, mais bien sûr… On passera aussi sur le langage achronique et les danses improbables, c’est à tel point que voir un personnage passer en regard caméra et sortir son téléphone portable serait moins choquant. D’un point de vue technique, le film est aussi un non sens total : on dirait que tout a été tourné à la go pro, avec de très grands angles en intérieur, ce qui donne à l’image des bords déformés. Le ratio extrêmement haut est aussi peu digeste, et on se croirait devant Barry Lyndon tellement tout est sous-exposé à outrance, avec un grésillement ignoble dans les sombres, comme si là aussi tout était éclairé à la bougie. Ça pourrait créer un décalage comique énorme pour peu que le film soit parodique ou fantastique, mais il est fatalement premier degré. On sourit de quelques tours machiavéliques, de joutes verbales inspirées, et effectivement les actrices sont talentueuses (incluant Nicholas Hoult, assurément la plus féminine du lot en terme de personnalité), mais ça ne marche pas. La bataille pour devenir la Favorite numéro une n’a pas vraiment lieu, l’histoire est fade au possible et le film est interminable, et pourtant non terminé. Durant la dernière partie, l’histoire est figée, rien ne se passe, on attend agacé que la situation évolue, mais non. Et soudain paf, écran de fin, sans sentiment d’accomplissement pour quiconque. Rien n’a servi à rien, tout semble dégradé. Du nihilisme abrutissant et ennuyeux au possible.

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