Un Chien qui rapporte
1931
Jean Choux
Pendant que certains se régalent devant leurs programmes préférés, sur YouTube ou les services de streaming, d’autres errent devant leur poste de télévision, avides de découvertes et autres films oubliés. On parle de chien ? Il n’en fallait pas plus, le film est lancé, les jeux sont faits plus rien ne va plus.
Ah qu’il fatiguant d’être une femme seule ! Mais plus fatiguant encore, il y a la recherche d’un amant, eh puis il faut qu’il soit beau, jeune et riche voyons ! Et voilà qu’un beau jour, un vieux rondouillard va sonner chez Joyane Plaisir (Arletty) avec LA solution miracle : un chien. Et pas n’importe quel chien, un chien qui rapporte ! Mais qui rapporte quoi ? Des hommes pardi ! Une fois relâché, il a été dressé à sauter dans la voiture d’hommes, et c’est justement ce qu’elle souhaite.
Le scénario se limite à un chien qui ramène des prétendants à celle qui le loue. Une affaire florissante pour son propriétaire semble t-il, et qui fait aussi le bonheur des clients. Clientes en l’occurrence. Entre romance et comédie burlesque, le film est une véritable étrangeté, n’hésitant pas à oser des plans de caméra inversés, alambiqués, et même des accélérations. On trouve ça brouillon et maladroit avec le temps, mais ce fut très probablement fou et novateur pour l’époque. Eh puis c’est aussi le tout premier rôle principale pour Arletty, qui s’imposera comme la camionneuse « charmante », la femme qui n’est pas en sucre et qui a encore moins de tact et de sensibilité qu’un homme, sans compter son timbre de voix qui ferait passer le plus beau poème pour des jurons de taulards. Il faut passer outre le surjeu de l’époque, la musique qui ne retient que les premières notes de « petit bateau », mais par curiosité, pourquoi pas. Au nom du caractère historique de certains films d’antan, beaucoup de cinéphiles s’imposent bien pire.