Enola Holmes 2
2022
Harry Bradbeer
On ne va pas se mentir, le premier Enola Holmes était tout juste regardable d’un œil distrait, et l’idée d’une suite n’avait clairement pas de quoi emballer. Mais sait-on jamais, l’univers d’enquête de sir Conan Doyle est passionnant, l’actrice principale a fait quelques progrès depuis au niveau acting, et le personnage de Sherlock Holmes était si brillamment interprété par Henry Cavill que sa seule présence constitue un argument solide en soi. Et effectivement, le miracle n’était pas loin (sauf que… ).
Pour sa seconde enquête, Enola Holmes (Millie Bobby Brown) va partir à la recherche d’une certaine Sarah, fille travaillant dans une usine d’allumettes, et qui est portée disparue depuis quelques jours, source d’une immense inquiétude pour sa jeune sœur. Entre complot politique, romantique ou économique, Enola devra retrouver sa trace et comprendre pourquoi elle a disparu, volontairement ou non.
En voilà un film qui fait souffler le chaud et le froid, surtout le froid. Le début confirme les craintes sur le ton : on est bien sur de la suite pure et dure, avec toujours ce style enfantin et maladroit qui aime jouer avec le quatrième mur, mais juste comme une gimmick, sans que cela ne soit justifié par quoi que ce soit. Mais d’un autre côté, l’enquête a l’air plus poussée, le discours féministe est moins frontal et stupide, acceptant plus l’aide d’hommes quand ils sont compétents, en se rappelant que l’amour est la source même de la vie, et est donc un facteur primordial. Mieux, le déroulé a quelques fulgurances, montrant une construction assez intelligente par moments, et Sherlock est beaucoup plus présent, rivalisant avec le niveau de classe et de mentalisme de l’ultime diptyque Sherlock Holmes. Donc après un démarrage poussif et en gardant quelques réserves (notamment Helena Bonham Carter et David Thewlis qui en font des caisses), le potentiel est là, on se surprend à passer un bon moment, se grisant des références à Moriarty et rêvant d’un film centré sur le personnage d’Henry Cavill. Puis c’est le drame, coup sur coup. La révélation de qui est Moriarty, historiquement un homme britannique professeur dans une université de Londres, donc vu l’époque il va s’en dire forcément un homme blanc, nous tombe dessus comme un immense coup de hache en pleine tête. Et si cela ne suffisait pas, le tout dernier clou dans le cercueil de cet univers nous ait porté par la dernière scène, dévoilant le fameux iconique collègue de Sherlock : Watson. Comme pour Moriarty, il faut le voir pour le croire, sachant que le film est bien censé se dérouler dans le Londres de la fin XIXème début XXème siècle. Je ne pensais pas y croire, puis j’y ai pas mal cru, avant d’avoir juste envie de mourir et que le carnage s’arrête. L’exemple parfait des ravages du wokisme, le vrai. Paraît-il qu’un troisième opus est prévu pour 2025. Vu le tournant final, pitié non…