L’Amour en touriste


L’Amour en touriste
2023
Steven K. Tsuchida

Le cinéma vietnamien n’étant pas très développé, se rapatriant surtout sur le cinéma chinois, coréen ou américain, il donc très rare de voir autre chose qu’un énième film sur la guerre qui les a opposé aux USA de 1955 à 1975. Ayant moi-même fait du tourisme là bas et étant de surcroit marié avec une vietnamienne, le sujet ne pouvait que m’intéresser, l’occasion de revoir certains lieux qui avaient jalonné mon voyage.

On suivra une certaine Amanda (Rachael Leigh Cook), une américaine tout juste séparée de son conjoint, partant au Vietnam pour étudier l’éventualité du rachat d’une société de tourisme de Hô Chi Minh, dirigée par Sinh (Scott Ly), un homme passionné qui va bouleverser sa vie.

Il faut tout d’abord saluer la démarche que de mettre en avant un pays qui se limite quasi exclusivement à ses heures les plus sombres dans le paysage cinématographique, d’autant qu’on voit bien que tout a été filmé là où l’action est censée se dérouler. On reconnaît bien les endroits visités, et avec un point de départ à la capitale où je n’en ai vu que l’aéroport, je ne pensais pas que le suite allait m’amener sur les exacts mêmes sites touristiques, que ce soit Mỹ Sơn, Huế ou Da Nang, avec en prime quelques paysages du Nord qu’il me tarde de découvrir un jour. Seulement déjà deux points noirs sont à déplorer : le mensonge – par omission ou malhonnêteté – de la distance et la fréquentation. Dans le film, le voyage Hô Chi Minh – Da Nang semble être l’affaire de quelques heures, alors qu’en l’absence d’autoroute, le trajet prend en réalité une vingtaine d’heures, et dans le même ordre d’idée, il est préféré d’aller à Mỹ Sơn plutôt qu’aux Mains d’or pour cause de 3h de queue, alors même que c’est pratiquement le temps de route pour y aller depuis Da Nang. Pour ce qui est de la fréquentation, même hors saison les rues du quartier historique de Hội An sont constamment blindées, alors que dans le film les rues sont bien tranquilles, ce qui rajoute à l’effet carte postale un côté un peu mensonger.

Pour en revenir au film en lui-même, c’est assez pauvre : une banale romance archi classique et prévisible, rien de très passionnant. Que ce soit pour le scénario ou le côté touristique, tout est attendu, basique. On va dans les lieux les plus communs, connus, la mise en scène est tout juste passable, incapable de réellement mettre en valeur les paysages ou monuments, eh puis surtout le film est à l’image des voyages organisés : un grotesque marathon où l’on visite à la fois tout et rien. On passe rapidement d’un point A à un point B, avec plus de trajets que de temps sur place, ne montrant donc que le strict minimum, comme si on limitait Paris à la Tour Eiffel et que l’on faisait ça pour une dizaine de villes survolées. La culture culinaire n’est pratiquement pas évoquée, aucune pagode, rien sur l’histoire du pays, la faute à une introduction poussive et une romance à la fois expédiée et prenant trop de place. Expédiée pour son développement, mais étirée pour l’éveil des sentiments. Une romance ennuyeuse, mais qui aurait pu avoir plus de potentiel si le Sinh faisait moins métissé et plus local et que l’écriture soit moins classique, et le côté carte postal était gageur et reste dans les faits agréable, mais s’avère tout de même trop superficiel.

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