Une seconde chance


Une seconde chance
2015
Michael Hoffman

Sans aller jusqu’à dire que j’ai une dent contre Nicholas Sparks, il faut bien dire que la plupart des adaptations de ses romans ne sont pas des plus remarquables, ou alors pour de mauvaises raisons, de choix douteux ou d’écriture parfois problématique. Eh bien ici on tient probablement le meilleur cas d’école du film – et donc du livre ? – le plus mal écrit de toute l’histoire de l’humanité, le genre de ratage si lamentable qu’il en devient un objet d’étude fascinant.

Ils se sont aimés, le destin les a séparé, pour mieux les faire se retrouver ? Non. Dans leur jeunesse, Amanda (Liana Liberato puis Michelle Monaghan) et Dawson (Luke Bracey puis James Marsden) ont vécu un grand amour, mais après 21 ans sans se voir, à vivre des vies chacun de leur côté, leur ange gardien de l’époque va à nouveau les réunir. Mais il ne faut jamais oublier que le destin est une petite salope sadique…

Allons-y gaiement sur les spoils, car de toutes façons disons les choses comme elles sont : le film est une merde infame, et il faut détailler les tenants et aboutissants pour comprendre à quel point le plantage est ahurissant. Déjà le principe de la « seconde chance » est toujours un peu une erreur, car voir des gens qui s’aiment ayant vécu des demies vies en attendant d’enfin se retrouver, c’est tout de même sacrément frustrant. Mais bon, que le père d’adoption vienne une nouvelle fois en aide à sa brebis galeuse à titre posthume par testament, donnant l’occasion à deux personnes de se retrouver et de revoir les lieux où s’est épanoui leur amour d’antan, c’est mignon. Mais déjà vient un sacré problème : justifier leur séparation de l’époque. On se doutait que le père violent allait revenir pour poser problème, mais que ce dernier tue le meilleur ami, que le fils écope de huit ans de prison à cause de celui qui a détruit son enfance, c’est quand même sacrément dégueulasse quand tout le développement du personnage était de réussir à se reconstruire malgré une famille toxique, et que cette toxicité mette littéralement une barrière entre lui et son bonheur, et que ce con va laisser filer l’amour de sa vie pour lui éviter de perdre quelques années à l’attendre. Mais pauvre con, elle aura passer 21 ans au final à attendre ! Et ce n’était là que le début…

Vient alors la reprise de leur histoire au présent, et là encore, tout ce qui est développé part dans le vent, n’a aucun sens ou développe du pathos minable qui n’a eu aucune évolution psychologique. Ils se retrouvent, ils s’aiment à nouveau, et enfin ils vont pouvoir vivre pleinement leur amour. Vraiment ? NON. Alors que Amanda a le courage de revendiquer son amour de jeunesse plus actuel que jamais face à un mari démissionnaire, entamant donc une procédure de séparation / divorce, que Dawson est lui aussi prêt à affronter ses démons en avouant sa charité à la veuve de son meilleur ami et en sauvant leur fils des griffes du gang de son père, tout va déraper. Le fils qu’aura eu Amanda avec sa vie par défaut sans Dawson, va avoir un accident à cinq minutes de la fin, nécessitant une greffe de cœur, et c’est Dawson qui le lui donnera. PARDON ???!!! Eh oui petite pute de vie, alors que tout le film a servi à développer une romance, que tous les parcours émotionnels et psychologiques des personnages ont servi à se libérer de leurs problèmes pour être enfin ensemble, le héros va mourir, abattu de surcroît par nulle autre que son père, le même qui avait pour enjeu personnel que d’obtenir vengeance pour cette ordure qui l’aura pourri jusqu’à littéralement la mort, l’empêchant de connaître le bonheur avec son grand amour. Tout ça pour une greffe dont l’enjeu n’est survenu qu’une seule scène plus tôt, une poignée de secondes avant. C’est ce qu’on appelle flinguer tout ce qui a été développé, réduire à néant toute progression dramatique et enjeux / évolution des protagonistes. Un sabordage historique, d’un degré de bêtise qui laisse sans voix. Ou plutôt si, l’envie de hurler au scandale, à la fraude intellectuelle, à l’arnaque artistique de mes douloureuses valseuses qu’on aura salement broyé. Monde de merde ! Film de merde ! Auteur de merde ! Le nihilisme à son paroxysme : rien ne sert à rien dans la vie, toute forme de but est illusoire. Une pure perte de temps, si honteux qu’on aura du mal à y croire.

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