Pas trop tôt


Pas trop tôt
2023
Alessandro Aronadio

Vous souvenez-vous de Click : Télécommandez votre vie ? Eh bien je dois être une des rares personnes à défendre le film, qui derrière une finesse inexistante et un humour lourd au possible, cachait une réelle vision de cinéma avec une émotion forte, où j’avais carrément lâché ma petite larme à la fin. Il faut en revanche avouer, même si un revisionnage serait pertinent, que le sujet aurait pu tellement mieux être traité. Voilà cela chose faite avec ce film italien, y mêlant un peu de Un Jour sans fin pour un résultat impressionnant.

Dante (Edoardo Leo) fête tout juste ses 40 ans, filant le parfait amour avec sa moitié, Alice (Barbara Ronchi). Maison et vie opulente, travail gratifiant et salaire imposant, et sa compagne qu’il chéri, là pour l’accueillir et l’aimer chaque jour. Son seul problème, c’est de ne pas avoir assez de temps pour en profiter. Il va donc faire le vœu d’avoir plus de temps, mais c’est exactement le contraire qui va se passer : à chaque réveil ou moment d’absence, une année entière va s’écouler, reprenant ses esprits quelques heures par an à son anniversaire, subissant un temps effréné sans aucun contrôle dessus.

Voilà qui est juste brillant, rappelant un peu le traitement de dissonance de l’excellent Mirage : rejetant d’abord cet écart de réalité avec les autres, ici des bonds temporels intempestifs, le héros va peu à peu apprendre à faire face à cette nouvelle réalité, pour en tirer des enseignements, tenter de comprendre le message de la vie, et faire face à l’adversité. On tient là une métaphore d’une rare justesse du temps qui passe, inexorable et implacable, des contradictions de chacun, et l’obligation de faire face à ses propres choix, mais aussi ceux des autres. En y mêlant une touche de fantastique, le film trouve là l’axe absolu pour une fresque de vie sur la perte d’insouciante, le passage d’homme ne vivant que pour lui, même sans s’en rendre compte, à celui d’un homme sage, humble, vivant pour et avec les autres. Le casting est absolument dantesque, on a rarement vu autant d’émotion passer en un regard, le côté chantant de l’italien renforce d’autant plus cette dissonance entre aspiration et réalité. Une immense justesse d’écriture, de mise en scène (mon dieu l’inventivité des transitions temporelles !) et de performance. Il manque juste un peu plus de surprises quant au déroulé de l’intrigue, voir de son final à l’inspiration trop marquée, ce qui l’aurait définitivement ancré au panthéon, mais la claque reste mémorable et on tient là assurément une œuvre aussi belle qu’intelligente. Il ne faut pas courir après le temps, mais apprendre à le contempler.

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