Dragon Rouge


Dragon Rouge
2002
Brett Ratner

Tout le monde connaît ce personnage mythique de Hannibal Lecter, cet homme aussi raffiné que fou, ayant un penchant pour le meurtre et le cannibalisme. Comme pour la quadrilogie de romans de Thomas Harris, quatre films ont donc vu le jour, bien que Manhunter, adaptant le premier livre, fut passé totalement inaperçu en 1986 avec moins de 10 M$ dans le monde. C’est avec l’adaptation du second livre que le personnage obtint ses lettres de noblesse, tant aujourd’hui encore Le Silence des Agneaux est toujours considéré comme l’un des plus grands films de l’histoire. L’écrivain publia deux autres livres par la suite, en 1999 et 2006, avec à chaque fois une adaptation dans la foulée, bien que le dernier soit un préquel considéré comme à part. Ainsi, après Le Silence des Agneaux en 1991 puis Hannibal en 2001, récoltant à eux seuls plus de 625 M$ (275 M$ puis 350 M$ pour la suite dix ans plus tard), une nouvelle adaptation du premier roman vu le jour dans la foulée, de quoi offrir une certaine continuité artistique pour une trilogie où le dernier est en fait le premier, de quoi se perdre un peu niveau chronologie.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le film ne traite absolument pas des origines de Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), ce dernier étant capturé d’emblée par l’agent Will Graham (Edward Norton). On suivra une nouvelle enquête de ce dernier, sur les traces du Dragon Rouge (Ralph Fiennes), un autre psychopathe non moins névrosé. Malgré leur différent de l’époque et le fait qu’il ait failli le tuer, Graham ira chercher de l’aide auprès d’Hannibal Lecter.

Le début du film est aussi décevant que frustrant. Non seulement on ne verra jamais Hannibal à l’œuvre, mais en plus on nous vend une relation spéciale à la Holmes et Watson entre lui et Graham, complicité qui ne durera que quelques secondes avant que les choses s’emballent. Cela semble traité dans la série de 2012, mais étant annulée en cours de route, elle n’a pas de fin. Ensuite, on a tout de même un tueur en série d’envergure enfin arrêté, faisant la une des tous les journaux, avec on imagine un procès dantesque, mais on ne suivra jamais cet événement fondamental, passé sous silence pendant le générique. Et c’est là une frustration sans commune mesure tant cela aurait fait sans le moindre doute un film bien plus intéressant et original en ce concentrant sur ce seul passage éludé. A la place, on suivra une enquête certes prenante, mais un peu plus convenue, comme une entrée un peu longue en attendant de voir le vrai antagoniste à l’action, mais ça ne sera pas dans ce film, tout juste est-ce teasé en toute fin pour faire le lien avec la seconde adaptation.

Pour autant, le film a des arguments de poids. Déjà le casting est ahurissant : on retrouve en plus du trio de tête Ken Leung, Emily Watson, mais également les monstres sacrés Philip Seymour Hoffman et Harvey Keitel. Ensuite, l’ambiance poisseuse est très réussie, créant une vraie angoisse, un vrai malaise, avec une mise en scène efficace. En vérité, pour éviter la frustration de pendants de l’histoire qui auraient pu avoir un intérêt largement supérieur, il aurait mieux valu commencer directement avec la seconde enquête, mais au quel cas on aurait eu l’impression d’arriver en cours de route. Pire, après quelques recherche, le fameux quatrième livre / film sur « les origines », ne traite même pas du passé commun de Graham et Hannibal, mais le premier livre abordait ce passage bien plus. Il aurait donc mieux valu soit couper le livre en deux films, soit rajouter une bonne demi-heure d’introduction, mais en l’état le film, même sans prendre en compte le ratage de l’adaptation, sera forcément décevant pour tous sur ce point tant l’absence d’impact de l’arrestation n’a aucun sens. Ca aurait dû être le point de départ événementiel, mais il est évident que cela aurait pesé sur le seconde enquête, forcément fade en comparaison. Une impasse insoluble. Un thriller assez réussi au casting démentiel, mais dont l’ombre de la saga rend sa propre existence anecdotique.

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