Hannibal
2001
Ridley Scott
Il aura fallut attendre 1999 pour que Thomas Harris écrive une suite au Silence des Agneaux, et étant donné l’immense succès critique et commercial du film, son adaptation au cinéma entra très vite en production. Un projet qui avait de quoi attirer, puisque non seulement la saga se dote enfin d’un réalisateur de premier rang, que le légendaire Anthony Hopkins rempile, mais surtout, après deux livres aux adaptations frustrantes car mettant très en retrait l’iconique Hannibal Lecter, personnage de second voir troisième plan, voilà enfin un film centré autour de lui.
Dix années se sont écoulées depuis l’évasion du célèbre cannibale Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), qui coule désormais des jours paisibles à Florence, mais commençant à se lasser de sa tranquillité. Ainsi, il va remettre le feu aux poudres en envoyant une lettre à son ancienne collègue d’infortune Clarice Starling (Julianne Moore), espérant toujours le remettre derrière les barreaux. Mais elle ne sera pas la seule dans la course, un ancien ami d’Hannibal, Verger (Gary Oldman), le traque également, avide de vengeance, tandis qu’un inspecteur italien lui aussi à Florence va le traquer au péril de sa vie par appât du gain.
Pour moi il n’y a aucun débat possible : ce film est assurément le meilleur de la trilogie. Il est le mieux rythmé, et c’est enfin le premier non parasité par une enquête parallèle ennuyeuse au développement totalement vide. Et puis merde, Anthony Hopkins est tellement parfait dans son rôle de psychopathe de génie. A ceci près qu’il fera une erreur (ou pari osé ?) dans le dernier tiers, venant mettre quelques doutes sur le niveau de génie, mais globalement il est assez brillant. Voir enfin ce noble instruit, aussi élégant que raffiné, répandre sa sagesse malsaine, voilà qui est passablement jouissif. Le changement d’actrice pour Clarice est presque positif tant – malgré son Oscar – la première interprète était assez fade, et bien que moins centrale ici, elle redéfini la notion « d’atout charme », notamment avec sa robe noire affolante. J’aurais pu être un peu critique sur le personnage de Verger, mais sa folie est plutôt fascinante, et malgré le niveau de connerie ahurissante de la scène de flashback de l’automutilation, les images sont marquantes, imprimant durablement ce malaise de folie autodestructrice. Quelques scènes seront rudes, comme celle avec Ray Liotta, mais jamais gratuite, mettant en abîme un niveau d’aliénation inédit. L’idée d’avoir placé une grande partie du récit à Florence était également une excellente trouvaille, le haut lieu culturel étant parfait pour un tel érudit, et tout l’arc du jeu du chat et de la souris est très réussi. De loin le film le plus abouti, offrant enfin au personnage d’Hannibal toute l’attention qu’il méritait.