Dune : Deuxième Partie
2024
Denis Villeneuve
Après le Covid et surtout la sortie catastrophique sur HBO max, la saga Dune revient enfin après avoir dû faire face à encore d’autres soucis, cette fois la grève des scénaristes qui reporta la sortie de quelques mois. Et on peut constater toute l’étendue des dégâts de la sortie simultanée sur le service de streaming : si à l’international le film n’a que peu progressé, passant de 335 M$ à 429 M$, c’est surtout sur le sol américain que l’écart est aberrant, passant de 110 M$ pour le premier à plus de 282 M$ pour le second. S’il est évident que le bouche à oreille a permis en plus de deux ans de faire grandir la base de fans, et que cette suite a aussi bénéficié de retours encore plus enthousiastes, il semble à peu près clair qu’on ne serait pas passé de 435 à 712 M$, mais plutôt quelque chose dans les 550 – 600 M$ pour le premier. Il reste donc peut-être de l’espoir pour l’humanité si de grandes fresques contemplatives de science-fiction de quasiment trois heures peuvent se hisser parmi les plus gros succès de l’année.
Cette seconde partie reprend donc directement à la fin du premier, alors que Paul Atreide (Timothée Chalamet) lutte intérieurement pour savoir s’il doit n’être qu’un simple guerrier Fremen, ou s’il doit embrasser pleinement les plans des Bene Gesserit et devenir le messie qui fera basculer l’univers entier dans une guerre sainte. De leur côté, les matriarches s’assurent que le plan sera quoi qu’il advienne respecté, que ce soit des mains de Paul ou de celles de Feyd-Rautha (Austin Butler), neveu du baron Harkonnen (Stellan Skarsgard). Pour Jessica (Rebecca Ferguson), mère de Paul, il s’agira donc convaincre le peuple Fremen que son fils est l’élu de la prophétie pour assurer le pouvoir à sa lignée tout en respectant le plan millénaire établi par l’ordre.
Nous voici de retour sur la planète d’Arrakis, aussi appelée Dune, théâtre de la guerre de pouvoir de tout l’univers puisque seule planète sur laquelle l’on trouve l’épice, ressource la plus précieuse au monde (sorte de carburant ultime capable de faire voyager au delà de la vitesse de la lumière). Comme le premier film avait déjà posé les bases de l’univers, cette deuxième partie peut donc se concentrer sur les manigances politiques des différentes maisons, mais surtout la formation de Paul pour devenir Usul / Muad’Dib, et embrasser peu à peu sa propre cause. Les choses s’accélèrent, mais sans dénaturer le style contemplatif du premier film, laissant toujours une grande place aux réflexions des personnages, à leurs vies, les coutumes, les spécificités architecturales et culturelles de chaque maison. Encore une fois, la force des décors construits en dur, de ce travail sur le réel donne toujours cette sensation d’univers tangible, crédible, et ça fait sacrément plaisir. La musique de Hans Zimmer donne toujours autant de frissons, notamment les sonorités mystiques des Harkonnens, voir plus avec la toute dernière composition pour la fin avec ce côté chant religieux. Dans un monde si violent, quelques têtes sont tombées, mais côté casting le prestige est plus que jamais tonitruant : on retrouvera toujours en plus de ceux cités Josh Brolin, Javier Bardem, Dave Bautista, Zendaya et Charlotte Rampling, mais également quelques nouveaux non moins talentueux comme Christopher Walken, Florence Pugh, Anya Taylor-Joy ou encore Léa Seydoux. Si la première partie laissait ce goût d’inachevé, on sent ici que même si l’histoire n’est pas terminée, une étape importante a été franchie, faisant que même si une troisième partie est prévue pour décembre 2026, le diptyque forme déjà un tout. Pas de nouvelle révolution ou de montée en puissance si importante, mais cette seconde partie amène l’histoire encore plus loin et a su garder toutes les qualités du premier, ce qui est un sacré exploit.