Rebel Moon – Partie 1 : Calice de sang


Rebel Moon – Partie 1 : Calice de sang
2024
Zack Snyder

S’il a bien un réalisateur des plus clivants, c’est incontestablement Zack Snyder. Si pour ma part sa filmographie est très variable, j’avais trouvé que ses œuvres super héroïque chez DC comptent parmi les meilleurs du genre, mais avec un gros « mais ». Si Justice League est un peu à part comme 80 % du film a été retourné après son départ pour cause de deuil, le réalisateur et scénariste a un sacré problème avec le montage de ses films : quand le studio lui demande de faire plus court, il garde toute la partie action, et ne fait que des coupes dans le scénario, qui en ressort inconsistant. Et si l’histoire est bancale, qu’on ne s’intéresse pas aux personnages, alors même l’action perd en saveur. Alors quand il a été annoncé que le bonhomme allait sortir son univers SF en deux versions, une plus « tout public » et plus courte, puis une director’s cut, et hors de question de voir deux fois le même film si le résultat n’est pas à la hauteur, j’ai donc logiquement attendu cette deuxième version. Une attente très courte d’ailleurs, les deux parties étant disponibles en director’s cut à peine huit et trois mois après les sorties initiales.

Introduction à l’univers, ce premier chapitre va donc poser les bases : un ordre mondial baptisé « Monde Mère » (dirigé par un roi incarné par Cary Elwes) impose sa tyrannie à travers les galaxies, et nulle ne peut résister à leur supériorité technologique et militaire. On suivra Kora (Sofia Boutella), ancienne soldate ayant fui l’ordre et ayant trouvé refuge sur une petite planète agricole. Seulement voilà, deux ans plus tard, le général Atticus Noble (Ed Skrein), ravageant monde après monde à la recherche de ceux à la tête de la rébellion, va venir inspecter la colonie, bien décider à absolument tout leur prendre. Un compte à rebours sera alors lancé pour sauver le village, partant à la recherche de possibles compagnons d’arme (incluant Michiel Huisman, Charlie Hunnam, Doona Bae, Ray Fisher et Djimon Hounsou).

Voilà un film qui souffle très fort autant le chaud que le froid. Les bases sont éculées au possible, avec un ordre très méchant à la Star Wars, et le côté « monter une équipe » est là encore classique au possible. Donc sur le fond, le film est une quasi purge. Quasi car la plupart des personnages sont assez bien traités, avec un passé intéressant, même si avec beaucoup de redondance : toujours la famille et planète massacrée par le Monde Mère. Et ça fonctionne car on a envie de voir la suite, d’explorer plus en détail et de découvrir les parts d’ombre, avec un peu d’appréhension tout de même. On se doute que Kora n’a pas fait les horreurs qu’on dit, et on sent que le peuple synthétique avec Anthony Hopkins a déjà entamé son retour, avec pourquoi pas un retournement en mode que la fermière est la petite fille. En vrai, aussi convenue que soit la trame principale, l’univers est assez intéressant en soi, avec un côté mystique très réussi qui ne demande qu’à transformer l’essai.

Place maintenant à la plastique, et bigre que le film est généreux et déborde d’idées créatives. Certes, quand on fait des dizaines de propositions forte, il est logique que beaucoup s’avère marquantes, mais en matière de design le film est incroyable. On pense à l’androïde, qui à mesure qu’il retrouve la fois, retourne à la nature, l’entité synthétique capable de courber l’espace/temps absolument terrifiante, et côté aliens il y a à boire et à manger. Le barman, le repompage des uruk-hai, le moche au bar ou encore la planète avec les poulpes bipèdes sont ratés, mais au contraire, toutes les autres espèces sont une grande réussite. Côté effets spéciaux, en prenant en compte que les deux parties n’ont un budget cumulé « que » de 166 M$ pour plus de six heures de film, ça force le respect. Quelques plans de vaisseaux font un peu trop lisse et l’espèce de chat/aigle géant n’est pas crédible une seconde, mais au contraire l’araignée de Jena Malone est impressionnante et globalement les FX sont très soignés. Niveau réalisation également le bilan est à nuancer puisque Zack Snyder sait indubitablement iconiser ses plans, faire des panoramiques sublimes et nombre de scènes sont d’une beauté à couper le souffle, mais certains plans sont bizarrement cadrés (un flou de bordures comme si c’était filmé à la go pro) et surtout l’un de ses gimmicks devient un fardeau : les ralentis. Ca peut faire classe, mais la plupart du temps ils sont utilisés avec un timing étrange, de telle sortie qu’ils interviennent parfois ni pour immortaliser une action, ni pour mettre en valeur un panorama spectaculaire. Cela permet de potentiellement reprendre son souffle ou ajouter de la lisibilité à l’action, mais dans les faits ça rallonge juste les séquences pour pas grand chose, voir ça alourdi le rythme. Un premier chapitre qui regorge d’inventivité, d’inspiration, dévoilant un univers plaisant et des personnages sympathiques, sans pour autant pleinement convaincre, faute à un scénario convenu. Du potentiel, à condition de ne pas céder à la facilité.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *