La Nuit du 12
2022
Dominik Moll
Quelque peu surmené à l’époque, je ne m’étais pas intéressé aux Césars l’an dernier, dont voici le très large vainqueur ayant raflé les prix les plus prestigieux : meilleur film, réalisation, adaptation, et deux prix pour ses acteurs principaux. Avec des retours presse dithyrambiques, même si le petit message de texte avant que le film ne commence m’a rappelé pourquoi j’étais passé à côté, promesse d’une grande frustration et lourd sentiment d’injustice.
« Chaque année, la police judiciaire ouvre plus de 800 enquêtes pour homicides. Près de 20% d’entre elles restent irrésolues. Ce film raconte l’une de ces enquêtes »
Ainsi, le film se concentre sur un crime survenu lors de la nuit du 12 octobre 2016, alors qu’une jeune fille de 21 ans rentrait chez elle, mais sera immolée par un inconnu sur le chemin et sera retrouvée calcinée le lendemain. La police judiciaire de Grenoble sera alors chargée de l’enquête.
Pour ma part le film est très inégal, et j’ai eu du mal à m’enthousiasmer outre mesure pour de nombreuses raisons. Certes, il était annoncé que l’enquête resterait irrésolue, mais on peut néanmoins avoir un principal suspect à la culpabilité évidente mais impossible à prouver, nous donnant ainsi la réponse tout en gardant ce principe de frustration. Ce ne sera pas le cas. De plus, le film est très inégal : Bouli Lanners est excellent en vieux briscard au bout du rouleau, et j’ai explosé de rire quand on a prononcé tous les deux en même temps mot pour mot « mais quel petit con » à la sorti d’un interrogatoire. Tout le début sur l’enquête est passionnant, multipliant les pistes, les interrogatoires, découvrant que derrière ses airs de princesse, la victime était en fait une sacrée chienne en chaleur, aux dizaines d’amants en simultané de tous âges et horizons, non sans me rappeler une certaine ex. Puis vient la seconde moitié… Le loup de mer s’est barré, l’enquête patine et je ne comprend absolument pas le prix d’interprétation pour Bastien Bouillon, totalement insipide, transparent, sans une once de charisme. Bref, on s’ennui ferme dans une seconde moitié prenant le parti prit de creuser le désespoir et la lassitude de la police, et de développer cette frustration de ne jamais savoir. C’est certes un parti prit, je suppose que le résultat est celui escompté, et le début m’a vraiment emballé, mais difficile de m’extasier.