Tout lâcher ?


Tout lâcher ?
2024
Josephine Bornebusch

C’est fou comment un même concept qu’on aurait tôt fait de qualifier « d’énième drame familial à la con » s’il avait été fait en France, genre sur-représenté de par chez nous, mais qui est visiblement vu comme exceptionnel dès qu’on quitte nos frontières. Voici donc comment un film qui aurait typiquement pu être du drame français chiant, de part son origine suédoise, est propulsé top 2 sur Netflix, défiant toute logique.

Trop c’est trop, et doublement. Le film va mettre en abîme une famille dysfonctionnelle où le mari et la femme vont craquer simultanément : lui n’en pouvant plus de sa vie de merde, et elle n’en pouvant plus de son bon à rien de mari qui la délaisse elle et les enfants depuis déjà bien trop longtemps. Il en voit iel plus jeune et souhaite divorcer, elle de son côté va l’obliger à s’impliquer au moins une dernière fois dans la vie de la famille en accompagnant leur fille à son concours de danse.

Lassitude du couple, l’un veut partir, l’autre veut tenter un dernier weekend : voilà qui rappelle fortement Nous les Leroy sorti plus tôt cette année, mais dans une version opposée. Cette fois le périple est dans une dynamique plus profonde, avec cette idée partagée de faire des efforts et lâcher prise, mais pour autant le résultat n’en est pas meilleur, au contraire. Exit l’humour efficace et la tendresse des personnages, on tombe dans du pathos plus frontal, moins fin, avec de surcroît des protagonistes au mieux mal écrits. Le mari est un connard absolu, infidèle et démissionnaire, donc son chemin de rédemption semble malhonnête ou vain. Pour ce qui est de la femme, le retournement se voit venir de loin, et on appuie pas assez sur son côté castratrice et ses mauvais penchants, donc les quelques informations sur ce sujet semblent dérisoires face au comportement premier de son mari, vraiment trop haïssable sur la première moitié. Quand l’émotion est censée arriver, on se retrouve donc un peu blasé, ou du moins ce fut mon cas, l’empathie ne pouvant plus prendre après un tel départ. Peut-être que certains ont été emportés, eux-mêmes prit dans une spirale d’un quotidien assassin, et y voyant là le reflet de leurs frustrations et désillusions, mais ce fut pour ma part un chemin de croix assez laborieux et ennuyeux.

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