Pourris gâtés


Pourris gâtés
2021
Nicolas Cuche

On dit souvent que la société se capitalise de plus en plus, avec une télévision morte, le support physique en voie d’extinction, et que le streaming fait naître une ère de l’immédiat. Et pourtant, avant que Sous la Seine ne vienne le déloger de sa première place, ce bide en salle (à peine plus de quatre cent mille entrées) est resté plusieurs années durant le film en langue française le plus vu de tous les temps sur un service de streaming, en l’occurrence Netflix. Un engouement justifié ?

L’argent fait-il le bonheur ? En partie, mais attention à ne pas en oublier la valeur des choses. Veuf depuis quinze ans, Francis (Gerard Jugnot) va faire le douloureux constat qu’il a tout simplement pourri gâté ses enfants : Stella (Camille Lou) se pavane comme une princesse dans sa bulle (de champagne) ; Alexandre (Louka Meliava) se croit antisystème en fermant les yeux sur sa propre condition ; et Philippe (Artus) se prend pour un grand entrepreneur car papa finance toutes ses lubies. Pour les reconnecter à la réalité, il va mettre en scène sa ruine, les obligeant à se terrer dans une vieille maison délabrée et à travailler.

Le concept de confronter les milieux sociaux est vieux comme le monde, mais le potentiel comique pouvait être là, et le film s’en sort assez bien. Il prend le temps d’installer convenablement cette vie de débauche, en quoi elle est problématique, évitant donc de cramer instantanément sa carte. La suite est cousue de fils blancs, mais en plutôt fin il faut le dire. On constate très vite que si oui, les enfants sont déconnectés du réel, c’était avant tout un souci d’éducation, et donc la faute du père. Le principe de l’arroseur arrosé : il croyait donner une leçon à ses enfants, mais c’est lui qui en recevra une. Le développement de chaque protagoniste est suffisamment équilibré pour que chaque histoire soit intéressante à suivre, et il faut bien dire que le casting s’en sort avec les honneurs, notamment Camille Lou très touchante en princesse qui se croyait ange et dont on va couper les ailes, mais qui se montrera plus forte que ce qu’on pouvait penser. On notera aussi un humour souvent bon, comme par exemple le prétendant Argentin dont la cupidité sera au niveau de son absence de morale. Un film assez basique, à la formule éculée au possible, mais qui à défaut de la révolutionner, va réussir à rendre une version presque aboutie.

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