Juré n°2
2024
Clint Eastwood
Si on passe le fait que le studio ait fait un bras d’honneur à l’une des plus grandes légendes du cinéma en refusant une sortie cinéma pour l’ultime film du nonagénaire Clint Eastwood, du moins pour les Etats-Unis, le bilan reste plus qu’honorable. Plus de 1,5 millions d’entrées en France et des retours très enthousiastes, mais est-ce vraiment mérité ou est-ce surtout une connivence pour un vieil homme qui n’avait plus rien à prouver ? L’indulgence à son égard m’épate en tous cas…
Imaginez, vous êtes convoqué en tant que juré dans un procès, et vous vous rendez compte que c’est en réalité vous le coupable ? C’est exactement ce qu’il va arriver à Justin Kemp (Nicholas Hoult), juré numéro 2 dans un procès pour meurtre, où une jeune femme a été tuée l’exact soir à l’exact endroit de la route où il a cru avoir renversé un cerf.
Encore un high concept qui prend l’eau. Si sur le papier l’idée de voir un procès où un décideur est en réalité le coupable, c’était gageur, mais dès les prémices le film se noie dans ses propres problèmes. Déjà la culpabilité est loin d’être établie, et auquel cas ce serait un accident, d’autant que l’homme en question va bientôt être papa (avec Zoey Deutch), et du début à la fin rien ne viendrait étayer le contraire ou de le dépeindre comme un manipulateur, ce qui aurait été bien plus piquant. On espère d’ailleurs tout du long des retournements, une résolution spectaculaire ou surprenante, mais du début à la fin le récit sera d’une platitude absolue, sans le moindre soubresaut dans une intrigue sans une once de mystère. Pour un film de procès, c’est un comble ! Alors certes, côté réalisation rien à redire, et le casting est solide (avec en prime J.K. Simmons, Kiefer Sutherland et Toni Collette), mais quand on va voir un thriller, c’est avant tout pour le scénario qu’on y va, un point central qui sera constamment décevant. Aucun faux semblant, twist ou élément perturbateur : la platitude la plus absolue. Aberrant de banalité, un concept inutilisé pour un ennui profond. Une bien amère déception.