Heretic
2024
Scott Beck, Bryan Woods
Petit film indépendant du studio A24, le métrage aura réussi à s’imposer avec plus de 40 M$ au box-office, ce qui – pour du cinéma orienté horrifique – est plus qu’honorable. Le bouche à oreille que j’en avais eu était assez favorable, et sa tête d’affiche faisant parti de mes acteurs préférés, il ne m’en fallait pas plus. Et pour une fois, la surprise fut très bonne.
Deux jeunes mormones propageant « la bonne parole » comme on dit. Elles vont alors se rendre chez un certains monsieur Reed (Hugh Grant), qui avait expressément exprimé son intérêt quand à entendre les jeunes prêcher. A la bonne heure ! Non ? Oh que non.
Le concept du film est non seulement original, mais également pleinement maîtrisé. Il va s’agir, par le prisme d’une critique des religions, à la fois aveugle, de créer en réalité un escape game, reprenant le principe avec une immense maestria : une pléthore de mystère, des indices à chercher de partout, une ambiance pour chaque pièce, et en toile de fond un puzzle qui s’assemble petit à petit. Un labyrinthe tant physique que psychologique, qui nous tient scotché à l’écran tout du long entre la qualité de la mise en scène, le rythme, la finesse de l’écriture, et il faut le reconnaître malgré son standing déjà incroyable de base, Hugh Grant est phénoménal. C’est aussi son rôle, mais son talent et son charisme sont ici à leur paroxysme. Grandiose donc ? Doit-on crier au chef d’œuvre ? Pas complètement, sachons raison garder. Déjà l’histoire nous laisse pratiquement tout du long dans la confusion, ne dévoilant les fils du puzzle que tardivement, et certains ressorts comme les innombrables fusils de Tchekhov sont un poil ostentatoires. Reste également la fin, un peu trop classique, quand on l’aurait aimé plus radicale, voir inverse. Une très belle surprise, aux qualités flamboyantes, mais qui souffre de quelques limitations qui l’empêchent de prétendre aux plus hautes cimes.