Conclave
2024
Edward Berger
Me rappelant avec nostalgie des jeux de pouvoir de l’église et tout spécialement du Vatican dans l’exceptionnel Assassin’s Creed II, l’idée de voir ce haut lieu du christianisme se transformer en partie d’échecs où se confronteront les pires ambitions était gageur, d’autant plus que le casting aguichait pas mal. Et cette attente se retrouve décuplée par l’aura qu’a désormais le film, véritable succès en salles avec 60 M$ dans le monde, dont plus d’un million d’entrées en France, et nommé dans pratiquement toutes les catégories aux prochains Oscars, dont meilleur film. Bigre que le chute est rude…
Tout le monde catholique est en émoi : le pape est mort. Après trois mois de deuil, le temps de désigner un successeur est arrivé, et le cardinal Lawrence (Ralph Fiennes) est missionné pour présider le fameux conclave qui permettra d’élire le prochain Saint Père. Les 108 cardinaux à travers le monde vont donc avoir la charge de se rassembler au Vatican et de voter jusqu’à se mettre d’accord à la large majorité (au moins 72/108), tâche loin d’être évidente tant les candidats (comptant parmi eux Stanley Tucci et John Lithgow) prêts à se battre sont légion.
Ah merde… Dans mon esprit, qui dit thriller dit tension, et qui dit tension dit rythme. Une qualité qui sera totalement absente du film, mettant à rude épreuve la faculté d’éveil du spectateur. Si quelques rebondissements sympathiques viendront régulièrement relancer l’intérêt de quelques complots et guerres d’égo, avec un côté « tous coupables du pêché d’envie » piquant, il faudra déjà attendre un bon tiers pour qu’un quelconque soubresaut ne vienne nous sortir de notre torpeur, et chaque élément s’avérera plutôt maigre, pour ne pas dire un complet pétard mouillé, dont la fin est à la limite du grotesque. Un revirement de dernière minute venant torpiller toute la construction narrative autour du personnage principal, donnant encore plus un côté futile à l’ensemble. Heureusement, les acteurs ont une prestance certaine et le cadre donne du cachet, sans quoi rien ne justifierait un pareil ennui, mais on est pas loin du calvaire pur et dur…