Godless


Godless
2017
Scott Frank

Alors que HBO avait son Western d’anthologie avec un an plus tôt la claque ahurissante de la première saison de Westworld, Netflix a voulu emboîter le pas et offrir à ses abonnés non pas une série, mais une mini-série, un one-shot de sept épisodes pour se replonger dans ce bon vieil univers impitoyable du far west. Et ce fut visiblement mission accomplie tant les retours furent dithyrambiques, d’autant que le casting laissait rêveur.

La Belle, une ville lieu de tous les malheurs. Alors que deux ans plus tôt la seule chose de valeur de la ville, leur mine, s’est écroulée, entraînant avec elle la mort de 83 hommes, soit la quasi totalité des hommes des environs, un nouveau cataclysme les menace : Frank Griffin (Jeff Daniels). Impitoyable hors la loi avec à sa botte une trentaine d’hommes, il sème le chaos sur son chemin, qui pourrait l’y mener puisque son rejeton de fils adoptif qui l’a trahi, Roy Goode (Jack O’Connel) a justement trouvé refuge dans le ranch de Alice Fletcher (Michelle Dockery), non loin de La Belle. Une ville d’autant plus fébrile car son shérif (Scoot McNairy) perd la vue et est parti sur les traces de Griffin, laissant la ville aux frêles mains de son adjoint (Thomas Brodie-Sangster) à peine pubère.

Alors oui, mais non. Décors magnifiques, casting incroyable, quelques bonnes idées, mais globalement un immense gâchis. On nous installe un contexte et des enjeux archi classiques, mais de façon plutôt classe avec un shérif en quête d’un sens à sa vie, ou à défaut une mort utile, un adjoint plein d’étoiles dans les yeux, espérant un monde plus ouvert, ou encore le criminel repenti qui tourne le dos aux siens, quitte à devoir les affronter pour sortir définitivement de leur joug. Même la veuve avec un pied dans le monde des indiens est excellente, donc les prémices sont vraiment prometteuses, avec aussi ce village dévasté qui n’est plus habité que par des veuves, des vieux ou des enfants. Le Frank Griffin est d’une classe magistrale, avec en prime son côté quasi divin, connaissant, d’après ses dires, le moment exact de sa mort.

Place maintenant à tout ce qui ne va pas : tout le développement, et particulièrement la fin. Déjà le rythme est affolant, plusieurs épisodes passant sans que rien n’ait bougé dans l’intrigue, et ça sera globalement le ressenti général : l’histoire aurait dû être un film de deux heures, pas une mini série de presque huit. Beaucoup trop de remplissage, de quêtes annexes qui ne servent à rien, ou encore de séquences de flashback trop démonstrative quand l’évocation des souvenirs ou des incidents était déjà suffisant en soi. Et quand vient la fin, le bilan est désastreux quand on se rend compte que la plupart des personnages n’ont servi à rien, que tout ce qu’on a développé autour d’eux n’aboutira à rien, et que moult personnages vont simplement mourir en réduisant à l’état de poussière leur parcours. Que d’amertume face à « je sais que je ne mourrais pas comme ça », pour qu’au final en fait tout ne soit que superstition infondée. Du set up non pay off, et pratiquement chaque histoire pourra être résumé ainsi. C’est ce qu’on appelle brasser du vent, et malgré un savoir-faire certain et de splendides paysages, j’ai vraiment eu l’impression de perdre mon temps, d’autant que quel que soit le domaine, la comparaison avec Westworld est juste catastrophique.

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