I Can Speak
2017
Hyun-seok Kim
Les vieux, quel fléau ! Alors qu’un promoteur immobilier tente de mettre en scène l’insalubrité des lieux pour dégager ses locataires et tout reconstruire, une vieille femme qui n’a que faire chier les autres à faire de sa journée va commencer à relever des irrégularités, mettant un gros stop au projet. Nouveau comme fonctionnaire dans un bureau des plaintes, un jeune homme va tenter d’amadouer la vieille femme en lui apprenant l’anglais, elle qui rêve de l’apprendre.
Partant sur des bases comiques de duo archi classique que tout oppose entre la vieille de la basse ville un peu bourrue et le jeune très sophistique et protocolaire, le film ne marche que peu souvent, avec des running gag lourds, et ce fil rouge pas bien passionnant qu’est le fait d’apprendre l’anglais. A quoi bon ? Et c’est là que le film commence vraiment, car passé la première heure d’installation laborieuse, le vrai sujet se dévoile peu à peu, avant de pleinement exploser : les « femmes de confort ».
Sujet peu médiatisé d’autant que jamais reconnu officiellement par le Japon, il s’agissait d’une pratique terrible ayant eu court pendant la guerre des deux Corées. Des femmes, voir de très jeunes filles à peine pubères, étaient enlevées, arrachées à leur foyer pour tout simplement servir d’esclaves sexuelles aux soldats japonais, pratiquant de surcroît la torture pour assouvir leurs plus bas instincts. Une histoire terrible qui sera abordée assez tardivement, mais qui relancera fort l’intérêt du film, amenant beaucoup d’émotions et de véritables enjeux à cet apprentissage de l’anglais. Tous les sujets finissent même par se nourrir les uns les autres, créant une cohérence d’ensemble au final assez bonne. On pardonne même aisément la première moitié un peu ennuyeuse face à la justesse de la seconde, mais on ne peut s’empêcher de trouver le rythme raté, et que le film n’aura pas su pleinement traiter son sujet en en faisant le pivot central, et pas simplement un changement de cap trop tardif. C’est presque rageant de devoir se contenter d’un bon film face à un drame humain si capital.