RRR


RRR
2022
S.S. Rajamouli

Si on voit régulièrement du cinéma indien percer à travers le monde, c’est somme tout très récent, et en voici l’étincelle. Véritable phénomène avec 166 M$ dans le monde, le film a carrément fini aux Oscars, et y gagné le prix de la meilleure musique, et le voilà désormais rejoignant le catalogue de Netflix, aussi difficile que soit de cliquer sur lecture face à un très très long-métrage dépassant la barre des trois heures.

Relecture très libre de la fin de l’air coloniale indienne, le film va mettre en avant deux hommes : Bheem et Ram, le premier étant le leader d’un mouvement de rébellion contre l’empire britannique (Ray Stevenson), et le second étant officier dans l’armée coloniale, arme du peuple contre le peuple. Deux opposés, mais qui vont lier une amitié aussi forte que déchirante.

Le cinéma indien est vraiment à part, sorte de version folle des gros films d’action de l’Hollywood des années 80 où les stop motion iconisent à outrance les séquences d’action, où les spectacles musicaux sont omniprésents, et où la testostérone exulte en masse dans des propensions très ambiguës. Il faut rentrer dans le délire, mais c’est totalement jouissif, d’autant que l’ensemble est très fluide et que les séquences musicales sont une partie intégrante du récit. Et si on sent l’ampleur de la production hautement ambitieuse, affichant un record pour l’époque avec 42,5 M$ de budget – ce qui n’empêche pas quelques ratés comme un animal à l’oubli de texture lors de la scène du grand lâché, et globalement les animaux ont plusieurs décennies de retard niveau modélisation – c’est surtout au niveau de l’histoire que le film impressionne. On sent tout le poids historique, les blessures laissées par le colonialisme, pour une intrigue vraiment palpitante. Eh puis surtout, quelle générosité dans la mise en scène, quelle folie visuelle ! Avec des musiques endiablées très puissantes, l’ambiance globale est dingue. Une technique par toujours au top, mais une envie patente d’offrir un spectacle dantesque, avec de surcroît un récit palpitant, ce qui est déjà énorme.

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