Crash Landing on You
2019
Lee Jeong-hyo, Park Ji-eun
Si certains ont attendu l’effet de moutonnerie autour de la première saison de Squid Game pour s’intéresser à la culture sud-coréenne, ses œuvres culturelles sont il est vrai cantonnées au cinéma dans l’esprit des occidentaux, alors qu’un genre à part entière occupe chez eux une part primordiale : les K-Drama. Il va s’agir ici d’un bien spécifique, car propulsé comme le plus populaire du genre à sa sortie, faisant écho aux soaps des années 90-2000 avec l’amour au centre de tout, comme notamment Le Destin de Lisa. Mais la comparaison s’arrête là, ni les moyens ni les méthodes de consommation n’étant les mêmes de nos jours, proposant quel que chose de bien moins feuilletonnant avec 16 épisodes, bien qu’on pourrait parler de 16 films puisque la durée classique d’un épisode est d’environ 1h20, avec rarement moins et souvent plus, le dernier frôlant les deux heures.
Qui a-t-il de plus amour impossible qu’entre deux personnes des deux Corées ? Yoon Se-ri (Ye-jin Son), une riche entrepreneuse à la tête d’un empire du cosmétique et qui s’apprête également à reprendre la multinationale familiale, va avoir un accident de parapente, et prise dans une tempête, elle va atterrir dans l’endroit le plus dangereux au monde pour elle : la Corée du Nord. Et pourtant, ce sera la meilleure chose de sa vie, puisqu’elle y rencontrera Ri Jeong-hyeok (Hyun Bin), un capitaine de l’armée nord-coréenne, mais qui va décider de la protéger et de l’aider à retourner en toute sécurité chez elle.
Outre le fait de nous proposer une grande aventure en zone inconnue (et quelque peu fantasmée tant la Corée du Nord est un embargo tel qu’on ne sait que très peu de choses sur le pays, ses habitants et leur mode de vie), la série est vraiment d’une écriture remarquable. Déjà on notera une réelle bienveillance envers leurs camarades nordiques, louant leur style de vie certes rudimentaire, voir limité, mais se construisant autour d’une simplicité, d’une force de communauté et aux valeurs saines. Des dérives surviennent, indéniablement, mais c’est avant tout la cupidité qui est source de problèmes. Mais bien sûr, ce qui fait assurément la force de la série, c’est avant tout les personnages, tous géniaux à leurs façons, surtout au Nord. Les femmes du villages sont aussi drôles que touchantes, sournoises, vicieuses, effrayantes, mais au fond solidaires et fragiles. Impossible de tous les énumérer, mais le quatuor d’escouade (le BG, le jeune, la tronche improbable fan de K-drama et leur chef impayable) est une force comique de chaque instant, débordant de gentillesse, de malice, et capables de redonner instantanément le sourire. A l’inverse, la « balance » est une victime du système, montrant l’aliénation au travail, le sacrifice de soi, et son évolution est bouleversante, d’autant que son interprète arrive à lui donner une intensité folle. Et comment ne pas citer le vrai couple de la série, Dan et Gu ? Une quasi princesse snob, dévoilant toute la fragilité de son cœur face à un voyou décrié, escroc de bas étage qui en réalité est le plus noble et droit de tous ? C’est d’ailleurs là le principal défaut de la série, car au fond c’est assurément le couple principal le moins intéressant parmi tous ces personnages hauts en couleur. Lui fait un peu trop l’armoire à glace sans émotion, et elle joue aux pourries gâtées et en fait des caisses, papillonnant maladivement des yeux. Il faudra attendre la toute fin pour que les acteurs aillent un peu plus loin que ça, avec à la clé pas mal de frustrations. Néanmoins, il est beau de se dire que la réalité a dépassé la fiction et que trois ans après, les deux acteurs principaux se sont mariés. Une belle aventure qu’on aurait aimé voir se prolonger tant l’on aura prit plaisir à suivre leurs péripéties, et je garderais longtemps en mémoire ces intenses moments de vie.